@ Papyborn
L’ennui, c’est qu’on entend beaucoup ce genre de blague. Tellement que ça en devient presque une vérité pour les gens, jubilatoire pour ceux qui rêvent de flinguer le service public en France (mais qui sont bien contents qu’on organise des tas de choses gratuites en bossant comme des nègres pour ne surtout pas gâcher l’impôt).
Concernant la stabilité de l’emploi : en quatre mois (depuis mars), j’en suis à mon cinquième contrat et je m’apprête à prendre mon sixième poste en tant que remplaçant dans le public. Ça fait rêver, pas vrai ? Et donc pour chaque poste où je suis resté au maximum un mois, au minimum une demi-matinée (!), je passe en moyenne une ou deux semaines à me former (prise d’un max de notes + le travail en journée, reprise des notes sur mon temps libre pour en faire un outil de travail performant et devenir autonome), puis une semaine ou deux de répit (c’est-à-dire sans y repasser week-ends et soirées) avant de tout reprendre à zéro, le tout pour un salaire à peu près égal au SMIC et sachant que j’ai un bac +3.
Concernant les gens qui commencent tard et finissent tôt : l’autre jour, je me suis fait reprendre parce que j’avais fermé seulement deux minutes après l’heure. Il est vrai que d’habitude, je fais au minimum un quart d’heures de rab... dommage qu’il n’y ait pas de pointeuse pour justifier de ces heures que, bien sûr, je ne récupèrerai jamais.
Il faut dire aussi (à la décharge de nos chefs) qu’en ce moment, le service public doit faire toujours mieux (contrôles qualité et traçabilité ++) avec moins de moyens... parce que les gens qui bénéficient de nos services, et qui ne se privent pas de venir réclamer leur dû (prestations sociales pour lesquelles ils paient l’impôt), détestent ces « charges » qui pèsent sur le travail et amputent leurs salaires. Du coup nous, fonctionnaires (titulaires ou pas, dans tous les cas très « flexibles »), nous passons sans cesse d’un poste à l’autre et jonglons avec les procédures pour tenter, dans tous les cas, d’offrir une solution aux citoyens que l’on sert et qui, pourtant, ne nous le rendent pas toujours de manière très respectueuse.
Bref tout ça pour dire que je suis fier de servir le public en me pliant en quatre, sans espoir ni obsession de devenir riche un jour, sans même jouir d’un semblant de stabilité (contrairement aux idées reçues), avec juste le plaisir de contribuer au fonctionnement d’infrastructures bénéficiant à tous et pas seulement à ceux qui ont les moyens d’en profiter (mais qui pourtant ne se privent pas d’en profiter). Le mépris et l’arrogance font partie de mon quotidien, mais heureusement certains citoyens résistent et comprennent encore que cet héritage de nos ancêtres, certes un peu poussiéreux, c’est juste le ciment de notre République.
Tapez-nous dessus mais en connaissance de cause. Nous conduisons vos bus, nous gardons vos enfants. Nous entretenons vos piscines, vos stades et vos parcs. Nous garantissons votre sécurité et vous défendons contre ceux qui voudraient vous abuser, de la petite enfance jusqu’au grand âge. Critiquez mais de grâce, pensez à dire aussi ce que nous faisons pour vous.
Cordialement, avec beaucoup de respect pour la profession que vous exerciez.