Populiste !
La base chatouille le sommet !

L'insulte suprême
Au cœur des affaires, alors que nous entendons, effarés, les propos d'un ancien président de la République maniant sans cesse l'insulte et les grossièretés dans l'exercice de ses prérogatives, il ne serait pas convenable de dire le fond de sa pensée sur la clique qui se partage le pouvoir depuis cinquante années !
Sous prétexte que toute critique serait de nature à renforcer le Front National, élever la voix contre les tenants d'un système électoral qui a été justement mis en place pour garantir la domination, privilège d'une minorité, serait un crime de lèse-démocratie. Les affaires, les mensonges, le déni de démocratie du dernier référendum ne seraient donc que des épiphénomènes en regard d'une expression sincère du ras-le-bol.
Il est curieux de constater que ceux-là même qui font le pari que le vote pour le Front National va, une fois encore, les servir grâce à des triangulaires qu'ils espèrent de leurs vœux, sont pourtant les premiers à dénoncer le discours du désespoir et de l'exaspération. Tant que ce discours est porteur des affreuses pensées d'exclusion, ils peuvent tout à loisir s'indigner et se présenter comme les seuls remparts à la démocratie.
Pourtant, à chaque instant, ce sont leurs renoncements vis-à-vis des injonctions du marché, des banques et de Bruxelles qui renforcent le flot des exclus et des furieux. Mais qu'importe ! Ils demeurent les dépositaires du label démocrate face au monstre brun ! Le discours de la morale et de la défense face au péril fasciste est une farce. Ils fondent leur stratégie sur la crainte et le rejet de cette effroyable perspective qu'ils ont engendrée sciemment.
Prétendre donc que le vote n'est qu'une farce, puisque c'est l'argent mis à la disposition des grands partis grâce à des lois votées par ceux qui en sont les premiers bénéficiaires, serait donc faire le jeu de la démagogie et du mal. Qui a commis la première faute ? Qui a pipé les règles d'un jeu qui n'a pour seul objectif que d'établir et conforter une situation figée, uniquement profitable aux deux partis hégémoniques ?
Affirmer que ce système favorise une domination de classe, que la représentation dans ce pays n'est pas conforme à la réalité sociologique de la population, que seule la bourgeoisie est aux affaires et qu'elle s'accapare tous les postes en s'appropriant ce qui était l'apanage de la noblesse avant la Révolution, serait donc une faute qui ferait, elle aussi, le jeu du Front National !
Mais alors, que faut-il faire ? Se taire et continuer à croire que le vote a une quelconque chance de modifier la donne. Tout est joué avec l'approbation des médias, aux ordres de cette caste à deux visages. Nous vivons dans une dictature convenable, un système faussement ouvert à la pluralité. L'essentiel est de ne pas faire de vagues, de courber l'échine et d'agir comme on nous le demande.
Ce n'est plus possible, ce n'est plus acceptable ! Comment faire pour réveiller enfin les braves gens qui, faute de mieux, acceptent de donner leur confiance à ce mensonge permanent ? Nous savons que la classe moyenne est la seule à être ponctionnée par l'impôt. Les plus riches échappent de bien des manières à la juste participation fiscale ; les grosses entreprises ne sont plus concernées, elles non plus. Les artisans et les commerçants sont les autres vaches à lait du fisc. Mais dire cela, ce serait encore du populisme !
Vous avez raison, il est préférable de ne plus rien dire, de laisser faire ce petit jeu sympathique entre la « maison filou » et la « maison tout mou ». Ce n'est pas notre problème ; nous ne sommes pas conviés au partage et ne devons surtout pas exprimer notre refus de la farce car c'est renforcer le repoussoir qu'ils dressent comme dernier rempart à leurs magouilles et leurs tromperies.
Je vais rejoindre la troupe des abstentionnistes, des mauvais citoyens, des pauvres imbéciles qui n'y comprennent rien. Je refuse que les fossoyeurs de la démocratie : les si respectables représentants des partis de gouvernement me traitent de populiste ! Formule terrible qui dénie aux autres la capacité à tenir la moindre responsabilité !
Continuez sans moi votre cirque honteux. Votre prétention est aussi grande que votre incapacité à changer le réel, à avoir la plus petite influence sur nos vies, à infléchir des décisions prises bien loin de vos palais, bruissants uniquement de vos magouilles, combines et petites entorses à la morale. Je ne serai donc pas populiste et vous laisse laisser couler le navire France. Tout va bien, vous êtes indubitablement les meilleurs et il n'y a rien à reprocher à votre immense dévouement totalement désintéressé. Voilà, ai-je bien récité la leçon que vous souhaitez entendre ?
Indifféremment vôtre.
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