Tailler un costard
l'Éducation Nationale.
Il a fallu compter sur la première dame pour lancer un ballon d'essai dans la cour agitée de l'école. La bonne dame, retraitée de la maison et surtout, porte-fringue de son cher époux, propose innocemment une réforme de grande taille, d'une ampleur considérable pour remédier aux inégalités toujours plus criantes d'un ministère en situation de faillite opérationnelle.
À rebours de l'habitude de la maison qui n'aime rien tant que l’innovation pédagogique, les méthodes expérimentales, l'usage intensif des nouvelles technologies, tout ce qui est ronflant, onéreux et parfaitement inefficace, elle s'est taillé un costard sur mesure pour créer la polémique. La brave rombière en goguette a créé l’événement, suggérant que l'uniforme puisse habiller la jeunesse.
La blouse ne suffit pas à l'appétit des costumiers, amis du pouvoir, qui rêvent de l'ouverture d'un marché juteux. Il y aura bien sûr, tous les modèles possibles pour continuer de distinguer l'enfant de rupin du fils de gueux, du brillant élève des milieux autorisés à réussir ou cancre condamné à l'échec scolaire par son adresse et ses origines. Il ne faut tout de même pas perdre de vue, le si pratique effet Pygmalion, qui pousse l'enseignant à reproduire inconsciemment les différences sociales à travers les résultats de ses élèves.
Que notre chère Brigitte se rassure, l'enveloppe seule ne sera pas suffisante pour cesser de se comparer ou de se mesurer en dehors des résultats scolaires qui sont de si peu d'importance désormais. Chaussures, téléphone portable, sac griffé demeureront des moyens de sortir du lot dans cette dictature de la norme économique que constitue désormais l'école.
L'uniforme n'est qu'un emplâtre sur une école en bois, qui a perdu totalement son rôle dans un système économique, qui fait de l'enfant le prescripteur d'achat et non un apprenant attentif. Comme dans le même temps, les amis politique de Brigitte ont tout fait pour rabaisser l'image des enseignants dans l'opinion publique, la pochette surprise ne changera rien au désastre des résultats.
Si cependant, cette mesure passe à grands coups de manipulation de l'opinion, il serait question d'imposer un renfort au niveau des coudes, particulièrement sollicités dans l'activité écolière. La première dame aimerait apporter sa touche personnelle en imposant des pièces jaunes cousues sur ces fameuses articulations qui servent désormais, sur leur face interne, de mouchoir grâce aux innovations sanitaires de son cher ancien élève.
On peut apprécier l'angle d'attaque de la grande réforme que ce ministère attendait depuis si longtemps. Les fripiers se frottent les mains, les pédagogues beaucoup moins. La guenille vient cacher la misère, elle a toujours su agir ainsi. Qu'importe si les élèves ne sachent plus lire, comptent difficilement et avec des calculettes, écrivent en français abrégé, l'essentiel est de porter beau
Nos écoliers ressembleront ainsi à nos élites, toujours soucieuses de leur apparence et si peu attentives à la fois à leur langue, leurs pratiques et la morale. À l'image de cette dame dont la façade et les revêtements sont une charge considérable pour le budget de la nation. Nous pouvons mesurer dans cet épisode désastreux, que la taille Patron est la seule règle qui soit dans cette monarchie que nous ferions bien mieux d'envoyer se rhabiller.
En attendant, j'aime à tailler un costard à cette dame sulfureuse, parasite de la nation et égérie de son élève. Avec elle, nous sommes fort loin du sort réservé à la malheureuse Gabrielle Russier et pourtant ...
À contre-fringue
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