Un couvre-chef pour notre nation !
Chaud du bonnet ...

Histoire de relever la tête …
Toujours soucieux d'apporter ma contribution au redressement d'un pays devenu frileux et sans ambition, j'ai le projet de sortir de l'oubli l'un des symboles qui fit jadis la gloire de notre industrie manufacturière. J'imagine d'ailleurs que cette initiative va convenir à notre ami Arnaud, chevalier de la tradition, chantre de la qualité française. Après la marinière, je le sais capable d'aller à la chambre des députés avec ce délicat couvre-chef vissé sur le crâne. Ce serait pour lui une manière discrète et élégante de signaler que c'est au niveau de la tête que le bât blesse …
Je devine votre perplexité. Mais où veut-il bien en venir ? J'ai l'ambition de réhabiliter le bonnet de nuit, la bonne vieille tuque de nos amis québecois, cet élégant petit bonnet de coton qu'on mettait jadis sur la tête quand on était chez soi. Que la chose fût désignée par l'étrange nom de « pétase » en une époque antique, ne devrait pas déplaire à ceux qui ont l'esprit cocardier.
Examinons lucidement les raisons qui incitent à penser que le bonnet de nuit a toutes les chances de refaire son apparition dans la panoplie de l'homme moderne. La crise en premier lieu va nous conduire à modifier radicalement nos habitudes domestiques. L'énergie devenant un bien précieux, la température moyenne de nos appartements va progressivement décroître . Il sera alors nécessaire de couvrir une tête d'autant plus fragile que le cheveu se fait de plus en plus ras.
Revenons à la glorieuse époque des perruques où les gentilshommes devaient avoir le crâne rasé pour assurer une bonne stabilité de la coiffe. Chez eux, la tête découverte, il leur fallait ce délicat bonnet pour ne pas risquer de prendre froid. La modernité pourrait envisager de glisser des écouteurs ou des téléphones intégrés dans des modèles que l'inventivité nationale saura à coup sûr proposer à notre appétit consumériste.
Le bonnet de nuit a de grands et glorieux jours devant lui. L'individu moderne vit en permanence, avec quelque chose de vissé sur le crâne. De la casquette à large visière, du capuchon au bob, du casque à la crête iroquoise, aller tête nue n'est plus envisageable pour nos contemporains. Paradoxalement, c'est dans le secret de l'alcôve qu'ils se retrouvent dépouillés de tout accessoire crânien. Il faut absolument remédier à cette incroyable négligence !
Je rêve d'un rebond spectaculaire pour l'industrie de la bonneterie. Pensez donc qu'il n'y a pas si longtemps encore,en 1835 précisément , il se fabriquait 960 000 bonnets de nuits . Vous pouvez aisément extrapoler le nombre d'emplois à la clef pour cette nouvelle filière, ressuscitée de ses cendres . Toujours remettre le travail sur le métier, voilà une devise qui pourrait mettre la puce à l'oreille à monsieur Montebourg. Hardi les gars, osez le bonnet de nuit !
On n'imagine pas les conséquences de cette modeste idée. Ce couvre-chef revenu à la mode, nous pourrions envisager une loi imposant aux hôtels, aux chambres d'hôtes, aux campings et même aux particuliers de fournir obligatoirement un joli bonnet de nuit à chaque personne usant de leurs services. Une taxe à la nuitée associée à une production française, symbole du génie national, voilà qui aurait fière allure.
De fils en aiguilles à tricoter, il serait possible d'étendre la bonne idée. Un bonnet d'intérieur dans toutes les salles de spectacles, les lieux publics, les restaurants et les moyens de transport. Rien ne doit freiner la fantaisie fiscale. Puisque les français veulent préserver leur bas de laine, contraignons- les à la dépense par le bonnet en coton. L'art du contre -pied en quelque sorte !
Libre à chacun d'orner alors sa contribution à la tête du client par un charmant pompon, une étoile lumineuse, quelques dentelles ou bien des fantaisies fluorescentes. Rien ne doit entraver l'imagination ! Concomitamment, l'obligation du port du bonnet de nuit pourrait déstabiliser les tenants du foulard ou de la calotte. La laïcité sortirait alors gagnante en imposant un couvre-chef unique.
Il est en train de se payer notre tête, pensez-vous. Loin de moi cette affreuse intention. !Je suis parfaitement sérieux et fervent défenseur de cette proposition. Le bonnet de nuit est la réponse à notre marasme actuel ; il favoriserait l'intégration de tous en même temps que le redressement national. Défendez avec moi cette initiative cotonneuse ! Travaillons tous du bonnet ! C'est ainsi que la France cessant enfin d'avoir la tête près du bonnet, se trouvera bien en place sous ce bel élément vestimentaire.
Bonneteriement vôtre.
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