Un stade démonté
Sans fondement …
Il y a parfois de curieuses coïncidences : une bibliothèque fermée alors que je devais y raconter quelques sornettes au cœur d'un salon du livre, un dimanche après-midi qui se libère et me voilà en route pour un match de rugby du club phare de notre département. Revenir à ses premières amours n'est pas sans conséquence pour celui qui passe son temps à noircir du papier.
Ma première surprise résida dans la belle chambrée comme on dit dans le lexique ovale. Il y a un public de fidèles, les anciens sont toujours présents tandis que le renouvellement générationnel n'est pas en reste. Je profite de la fin de la rencontre Espoir pour serrer quelques louches.
Rien à changer ou presque en apparence. La même ferveur, le regroupement autour de la buvette, les tribuns de tribunes toujours à la même place, les fervents de la main courante au plus près du jeu et du commentaire acerbe. Une plaque en mémoire de Gilou vient rappeler que la faucheuse a fait son œuvre.
Sur le pré, après une première mi-temps accrochée, les Espoirs se détachent largement et confirment leur classement. Dans la tribune, chacun y va de son commentaire sans acrimonie. La victoire a ce merveilleux mérite de calmer les ardeurs et les propos virulents.
Puis les équipes Unes de Beauvais et Orléans ouvrent le bal d'un match capital pour le maintien. Au début de la rencontre, la mêlée noir et jaune souffre le martyr avant que le jeu déployé épuise la lourde armada adverse. Le jeu est débridé, virevoltant. Les passes vissées se multiplient sans le moindre maçon sur le pré. Pourtant, un petit malaise vient titiller l'ancien technicien que je fus.
Le jeu semble totalement désordonné sans que les fondamentaux soient respectés. Le jeu a besoin de bases solides, d'un paquet conquérant capable de fixer la défense. L'éparpillement est la règle ce jour-là avec des risques qui me surprennent. La couverture profonde fait parfois défaut ce qui fait passer des sueurs froides dans les rangs des supporters.
Je ne comprends pas pourquoi un tel manque de structure quand soudain, je lève les yeux au ciel. C'est ainsi que pour moi, tout s'éclaire. Les entraîneurs locaux ont souhaité mettre le jeu au diapason de ce stade curieusement démonté. Un nom qui peut prêter à sourire s'il ne s'appuyait pas sur une réalité tangible.
La belle et prétentieuse tribune pyramidale, délire architectural d'un ancien maire plus soucieux de l'esthétique que du fonctionnel, n'a pas supporté le vent de galerne de notre Val. Si pour les équipes de Basket et de football de la ville, les espoirs de retour en élite se sont envolés, au Rugby, malgré l'ascension, c'est la toiture qui est descendue.
Une magnifique tribune sans couverture, voilà une incongruité à deux pas d'une Aréna gigantesque et délirante. Les fonds engloutis là ne peuvent couvrir les erreurs commises à côté. Il eut été plus simple de ne pas fermer les yeux sur les malfaçons en leur temps pour protéger des margoulins afin de réclamer réparation.
Hélas, le rugby n'entre pas dans les plans et les rêves d'un échevin qui ne donnera aucun coup de chapeau aux efforts des dirigeants pour redresser le club de Rugby. La tribune restera découverte, les spectateurs payants du Rugby valent moins que les invités du Basket. Il est plus facile de mettre la main au panier et d'endetter la Métropole pour des décennies que d'assurer le minimum de l'entretien d'un équipement municipal.
Tout ceci semble bien dérisoire dans le contexte économique, je vous le concède. Cependant, la systématisation de la pratique du deux poids deux mesures dans une gestion municipale atteste de la toute-puissance d'un baron local qui n'entend pas couvrir les erreurs de ses prédécesseurs. Les amateurs de Rugby n'ont qu'à supporter les aléas climatiques en se réjouissant de la bonne santé de leur club. Leur équipe a largement gagné sur le pré et mes allusions techniques du début n'étaient que des facéties introductives à la honte de cette tribune qui se dégrade gravement et qui prend l'eau de toutes parts, une parabole sans doute de la situation politique de la cité.
À contre-toit
Un très vieux souvenir
Les tribunes couvertes ...
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