Voeux apocryphes de Nicolas Sarkozy pour 2011
Mes chers compatriotes,
Vous pensez que l'année qui s’achève n'a pas été bonne. En ayant voté pour moi en 2007 c’est à chacun d’entre vous que revient ce grand mérite. Ce soir je veux une fois de plus rendre hommage à ceux qui m'ont porté au pouvoir sans avoir lu mon programme et qui se sont contentés de mes promesses de campagne.
Grâce à votre naïveté, et à votre crédulité, jamais dans notre histoire récente les banques, les actionnaires, les multinationales délocalisatrices, la rente et la spéculation ne sont aussi bien portés. Jamais les riches n'ont été aussi riches, jamais ils n'ont été aussi nombreux. Si la France se classe au 3e rang mondial au nombre de millionnaires c'est bien à vous que nous le devons.
Evidemment, mes chers pauvres cons, vous pouvez avoir le sentiment confus que la crise économique vous a imposé de nouvelles peines, de nouvelles souffrances. Je pense en particulier à ces quatre millions de personnes qui sont maintenant au chômage, à ceux, de plus en plus nombreux, qui sombrent dans la pauvreté. Cependant, pour les nantis et les possédants, notre pays a été moins éprouvé que beaucoup d’autres. Nous le devons à la mise à sac de notre modèle social, et au bouclier fiscal, qui ont amorti le choc pour les plus riches d'entre nous. Nous le devons aussi aux mesures énergiques qui ont été prises, telle la réforme des retraites, pour rassurer et soutenir l’activité des marchés financiers. Mes chers compatriotes, moins d'hôpitaux, moins d'écoles, moins de policiers, c'est moins d'impôts pour les plus fortunés.
Ensemble nous avons évité le pire à Liliane Bettencourt, généreuse donatrice de l'UMP. Ensemble nous avons rendu l'espoir à Jacques Servier, fabriquant du Médiator, dont je fus l'avocat. Ensemble tout est devenu possible.
Beaucoup de réformes ont donc été accomplies. Je sais qu’elles ont pu provoquer des mécontentements chez certains esprits rétrogrades attachés à un confort indécent. Cent-cinquante tribunaux fermés, autant de casernes, d'écoles et de cliniques rayées de la carte, ce n'est pas rien. Mais qui peut croire que dans ce monde qui spécule l’immobilisme soit une alternative ? Il nous reste encore bien du travail. Je le conduirai avec l'esprit de justice qui me caractérise. En 2011, il va nous falloir : augmenter encore vos charges pour réduire les impôts des multimillionnaires, réduire plus encore les dépenses courantes de l'Etat pour permettre la pérennité du bouclier fiscal, réformer notre modèle social trop lourd, trop compliqué, trop onéreux. En 2011, nous réformerons notre Justice pour qu’elle protège davantage les banquiers, les évadés fiscaux, les élus de l'UMP, et qu’elle soit plus impitoyable encore pour les automobilistes et les voleurs de vélos. En 2011, la loi Hadopi sera mise en œuvre, les profits de nos industriels de la culture seront protégés. Internet sera sous contrôle et deviendra ce qu'il aurait dû être dès sa création : un vaste Minitel offrant une large gamme de services commerciaux.
Mes chers compatriotes, vous en conviendrez, les efforts que nous faisons depuis trois ans et demi portent aujourd'hui leurs fruits. Les idées que l'argent défend s’imposent à notre pays : moins d'Etat, moins de régulation, moins de liberté, moins d'égalité, moins de fraternité, davantage de défiscalisation. Ces idées nous imposent un devoir d’exemplarité.
Respectons les possédants, faisons l’effort de les comprendre, évitons les mouvements sociaux qui blessent. Soyons capables de courber l'échine sans nous désunir. Une France aux ordres, quadrillée, sécurisée, vidéo-surveillée, regardant à la télévision les riches comme la promesse d’un accomplissement, voilà le vœu que je forme pour notre pays.
Mes chers compatriotes, Pauvres cons,
Vive moi, vive l'argent.
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