VRAIMENT TOUS POURRIS !? (moi aussi ?!?...)
Cette formule lapidaire (tous pourris) est battue en brèche par ceux-là même qui sont directement concernés. C'est-à-dire les pourris dont il est question.
A chaque fois que quelqu’un est indigné, révolté par une injustice, et lance cette formule « tous pourris », immédiatement il se voit rétorquer que voilà une généralité bien facile à dire. Un amalgame. Un raccourci sans arguments.
Ce n’est pas faux. Mais ce n’est pas inexact non plus.
Je dirais, moi, la majorité peut être traitée de « pourris modérés », l’exception ne concernant qu’une infime minorité.
Je sens déjà poindre la contestation à cette assertion.
L’être humain est ainsi fait qu’il dérivera inéluctablement vers la facilité (facilités pratiques, sociales, financières, statutaires, etc.), seules quelques exceptions particulièrement vertueuses résisteront au chant des sirènes, aux pulsions, aux envies, aux pouvoirs.
C’est si facile d’accepter une faveur, une grâce, un privilège, et se dire « si ce n’est moi ce sera un autre ».
On développe ?...
Le pouvoir : tant qu’un individu n’a pas de pouvoir, il le conteste ou le critique (souvent à bon escient d’ailleurs) ; il pointe les abus et les injustices.
Mais donnez lui le pouvoir –même le plus petit soit-il – et vous verrez cet individu l’exercer et en profiter plus ou moins en oubliant ses critiques vertueuses d’avant. Excepté les vertueux évidemment.
L’argent : aaah l’argent… il en crée des envies, des jalousies, des critiques dirigées contre lui, des suspicions à l’endroit de ceux qui « en ont ». Dans certains cas toutes ces attaques sont justifiées lorsque la démesure est trop flagrante.
Mais donnez les moyens financiers à ceux qui ne les ont jamais eus et vous verrez les mêmes travers chez ces individus. Oubliées les critiques. Et c’est une attitude bassement humaine, tout le monde a envie de profiter sans compter. Excepté les vertueux évidemment.
La promotion professionnelle : les mêmes symptômes que le pouvoir. Que de rancœur envers ce chef de service qui ne boit plus le café avec son équipe, qui grenouille vers les cadres sup’ et la direction, qui demande plus de productivité à ses subordonnés en oubliant qu’il en fut un il n‘y a pas si longtemps.
Mais donnez une promotion à n’importe lequel de vos subordonnés et vous le verrez devenir pareil. Il aura franchi une marche, changé de statut social. Et peut-être se dira-t-il que d’autres marches peuvent être franchies. Alors…Excepté les vertueux évidemment.
Les avantages matériels : dénoncer tous ces avantages dont certains profitent injustement (logement, voiture de fonction, transports gratuits etc.) est un sport très répandu dans notre pays. A juste raison d’ailleurs, nous avons sur ce sujet des pratiques de république bananière.
Mais donnez ces avantages au premier péquin venu, vous croyez qu’il va les refuser ? Qu’il va se draper dans sa dignité et rejeter ces quelques avantages qui amélioreront sa vie ?... Risquer de se voir désapprouvé, blâmé par son entourage, sa famille, parce qu’il n’aura pas su profiter de l’opportunité !? Excepté les vertueux évidemment.
Un homme normalement constitué aura, durant sa vie :
- profité d’un avantage quelconque, d’un passe-droit, d’une promotion inespérée qui devait être, normalement, attribuée à son collègue
- bénéficié d’un « cadeau » financier adressé à lui seul et pas à ses camarades. Sera-t-il un salaud pour ça ? Quel est le degré pour être un pourri ?
Nous sommes tous concernés, nous, les hommes normaux.
Nous n’évoquerons pas les politiciens qui, eux, concourent dans une catégorie hors classement, hors normes. Ceux-là ont un autre ADN que le vulgum pecus. Excepté les vertueux évidemment. [Euh… je ne suis pas sûr là]
L’on peut donc affirmer avec certitude que : « tous pourris… ben non !... mais une large majorité… ben oui ! A divers degrés de pourrissement ».
P.S : et meeeerde, à la relecture je viens de m’apercevoir que je ne suis pas un vertueux.
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