Des Enfoirés de luxe
« Je viens chanter bénévolement pour les Restos du Coeur, je ne vais tout de même pas en profiter pour me faire héberger dans un palace de milliardaires. »

Tel est le coup de gueule prononcé par Yannick Noah lors de la série de concerts que les Enfoirés avaient donné en janvier 2007, à Nantes. Il est le seul parmi les 36 artistes réunis à s’être insurgé contre les frais engagés par la production pour loger les stars à 100 kilomètres de là, dans un palace de milliardaire, l’Hermitage de la Baule. A la place de suivre ses camarades, Yannick Noah est resté dormir en toute simplicité à Nantes.
Quelques jours plus tard, Yannick Noah avait vraisemblablement parlé trop vite et rectifiait au micro d’une radio privée en expliquant qu’il ignorait que le palace avait fait des tarifs préférentiels à la troupe des Restos et que ce dernier était finalement moins onéreux que beaucoup d’autres hôtels.
Yannick Noah qui, il faut l’avouer, a eu la voix du sage et l’intelligence de remanier ses paroles pour éviter que l’œuvre humanitaire se transforme en polémique, à coup sûr, contre-productive pour les Restos du cœur.
Toutefois, je me suis amusé à faire un petit calcul. En s’acquittant d’un montant de 200 euros par chambre - notons que la production a bénéficié de tarifs spéciaux, mais que l’Hermitage reste un palace - pour loger les 36 artistes, on arrive à un total de 7 200 euros. Sur quatre jours, on arrive presque à 30 000 euros rien que pour les artistes. On peut aisément penser que les ingénieurs du son, les maquilleuses, les coiffeurs, les musiciens, sont à ajouter à ce montant.
Certes, que les intermittents du spectacle soient rémunérés et que leurs frais soient pris en charge par la production est compréhensible. Tout travail mérite salaire. Mais lorsque ce sont les artistes qui s’octroient près d’une semaine de vie luxueuse sans bourse déliée est dérangeant. Projeté sur le devant de la scène pour une cause honorable, ils bénéficient d’une publicité médiatique importante et totalement gratuite. Evidemment, on peut penser que sans leur présence, l’argent récolté pour les gens qui ont faim serait moindre. Incontestablement, consacrer du temps bénévolement pour une telle action est louable. Il serait d’ailleurs impensable que des gens déjà privilégiés soient récompensés financièrement.
- Pourquoi est-ce que la production materne à ce point des artistes ?
- L’argent dépensé pour leur offrir du luxe alors que des milliers de démunis mangeront sous une cantine pendant plusieurs semaines est-il justifié ?
- Est-ce que la Tournée des Enfoirés ne devient-elle pas un lieu où les directeurs de maison de disque posent les jalons des futurs contrats de saltimbanques ?
Autant de questions qu’on est en droit de se poser.
Ramener beaucoup d’argent pour ceux qui ont faim c’est bien. Ne pas en profiter c’est mieux...
Noah chante dans l’une de ses chansons :
"Si c’est assez bon pour toi,
C’est assez bon pour moi
Je n’ai pas besoin de plus que ce que tu as
Si c’est assez bon pour toi,
C’est bon pour moi
Et après qui vivra verra"
Force est de constater que lui au moins reste cohérent avec cette noble cause...
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