Yann Moix « censuré » sur Facebook = chronique d’un buzz manqué
Yann Moix tente de faire parler de lui en maudissant le site communautaire Facebook qui l’aurait, dit-il, censuré.
Or, Facebook, avec ses 250 000 000 membres, a bien autre chose à faire que de s’attacher à son cas.
Revenons sur cette histoire pour démontrer la légèreté de l’emportement de Moix.
Dans un premier temps, celui-ci publie sur le site de Bernard Henri Levy "la Règle du jeu" un texte d’une violence inouïe contre le peuple et la nation Suisse.
La raison ?
Une défense aveugle du cinéaste Roman Polanski, impliqué dans des faits d’agression sexuelle sur mineur, avoués à l’époque, et pour lesquels, en toute logique, la Suisse a, courageusement, enfin collaboré avec les autorités américaines qui cherchaient à mettre la main sur ce délinquant depuis plus de vingt ans.
Les autres pays contactés avaient toujours, pour une raison obscure, refusé.
Se déclarant "Polanskiste" et souhaitant punir la Suisse d’avoir commis le crime de lèse majesté : livrer un délinquant sexuel notoire en fuite aux autorités compétentes, Yann Moix se fend d’une diatribe assimilant la Suisse à un pays collaborationniste.
On se demande dès lors qu’elle aurait été la réaction de Monsieur Moix si Polanski n’était pas juif, lorsque l’on lit :
"La Suisse, qui est fondamentalement antisémite et qui n’a pas sécrété un seul génie depuis Jean-Jacques Rousseau, a la haine des Juifs et des artistes. La Suisse n’est pas un pays neutre, c’est un pays nul."
En gros, Moix nous ressort pour justifier l’arrestation légitime d’un délinquant sexuel le vieux discours de l’antisémitisme, usé jusqu’à la corde.
Il ne s’arrête pas là, et non content de faire de la Suisse Gestapoland, il passe dans le même texte à l’insulte d’adolescent :
"La Suisse ne se donne même pas, comme le feraient des salopes ordinaires : la Suisse se prête au plus fort. (...) Elle prête sa soumission. C’est une pute."
Finalement, le site de Bernard Henri Levy retire ce texte rapidement pour le transformer en une annonce publicitaire indiquant la sortie prochaine de l’ouvrage de Moix, LA MEUTE.
"En réponse aux lecteurs et amis suisses de La Règle du jeu qui nous ont fait part de leur étonnement quant au retrait du texte de Yann Moix publié le 1er février 2010 et intitulé “J’aime Polanski et je hais la Suisse”, la Rédaction précise que ce retrait a été effectué à la demande de l’auteur. Nous vous invitons à lire la version longue de ce texte, très controversé, dans son livre La Meute, à paraître chez Grasset le 24 février prochain. La Rédaction."
Où comment faire de la publicité en salissant un peuple tout entier.
Bernard Henri Levy et Yann Moix nous avaient habitués à mieux.
Ce texte, relayé sur le site communautaire Facebook, donnera ensuite lieu à des signalements de la part d’internautes, jugeant le contenu diffamatoire.
A partir d’un certain nombre de signalements, le réseau Facebook détruit automatiquement pour une période variable le profil incriminé.
Et c’est ainsi que le profil Facebook de Yann Moix disparait, en toute logique.
Cela arrive régulièrement. Par exemple, si un posteur se lance dans une apologie d’Hitler sur un groupe, les membres de la communauté le signalent, et, lorsque les signalements se multiplient, le profil du posteur est banni automatiquement.
De là, Moix s’imagine que c’est Facebook en tant qu’entité qui a procédé unilatéralement à son élimination, et en profite pour rajouter une couche là dessus.
"Facebook "ne fait plus de la censure : Facebook pratique le délit de sale gueule."
Il se pose alors en victime. "Je suis le premier artiste français, le premier écrivain du monde a être excommunié d’une société virtuelle ouverte à tout le monde sauf un".
Même les néo-nazis ne connaissent pas ce traitement.
On se demande ce qui peut se passer dans la tête de Moix pour multiplier ainsi les références systématiques au nazisme.
Surtout qu’il n’est pas le "seul écrivain" ayant vu son profil disparaitre, et malgré ses gesticulations, il semble bien ignorer l’histoire de ce réseau social.
De nombreux politiques, écrivains, journalistes, anonymes, voient leur profil disparaitre tout les jours du réseau, sur la base de la mécanique du "signalement" indiqué plus haut.
Moix n’est en rien une victime symbolique.
Tout au plus un membre de la communauté banni pour avoir tenu des propos diffamatoires signalés par des internautes.
En réaction, des groupes se montent sur le réseau, réunissant des Suisses, notamment, et, plus largement, des francophones, pour se venger de la pitoyable prose de Moix.
Un exemple : "Yann Moix, la Suisse t’emmerde", 10 000 membres.
Le Polanskiste fanatique enrage de cette situation, ne comprenant pas que ces groupes insultants perdurent et que son profil est supprimé.
A chaque problème sa solution.
Pour qu’un groupe de 10.000 membres soit supprimé, il faut en pratique un millier de signalements d’internautes.
Or, sur Facebook, très peu de membres ont l’intention de sauver Yann Moix de la colère suisse.
Bien au contraire, la plupart jugent cette colère justifiée et s’amusent de tourner en dérision celui qui croyait faire un "bon coup".
Monsieur Moix, s’agitant comme il peut, tente réalise par un buzz manqué de la publicité pour son prochain ouvrage.
On pourrait conclure en disant : Bravo, BHL et Moix, pour votre sens inné de la pub.
Mais la ficelle est tellement grosse qu’ils se font ridiculiser par le Web 2.0.
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