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Accueil du site > Culture & Loisirs > Sports > A propos de Paris-Nice : Jacques Anquetil

A propos de Paris-Nice : Jacques Anquetil

Jacques Anquetil a remporté cinq fois Paris-Nice.

Alors que Paris-Nice va aujourd’hui se terminer avec l’ascension d’une bonne partie du mont Ventoux, je ne puis m’empêcher de penser à Jacques Anquetil, cinq fois vainqueur de Paris-Nice. S’il n’était pas mort un triste jour de novembre 1987, Jacques Anquetil aurait cette année 74 ans. Oui, déjà 74 ans, mais comme pour tous ceux que la mort a fauchés trop tôt, il n’aura jamais vieilli. Ceux qui comme moi l’ont découvert tout jeune, j’avais moins de 10 ans quand il a commencé le cycle de ses exploits, ont toujours l’impression que ses premières victoires au Grand Prix des nations, l’équivalent aujourd’hui du Championnat du monde du contre-la-montre (en beaucoup plus difficile), datent d’hier. Je repense aussi à mon extraordinaire déception quand il fut battu en finale du Championnat du monde de poursuite par un Italien qui n’était bon que sur la piste (Messina). Je revois, enfin, la maîtrise avec laquelle il a remporté la première de ses cinq victoires dans le Tour de France. J’étais tout petit garçon, mais ce sont des souvenirs exceptionnels pour quelqu’un qui a toujours aimé passionnément le vélo.

Ensuite, il eut quelques difficultés à digérer tous ces succès acquis si jeune, et surtout il dut faire face à plusieurs adversaires de très grande classe qui étaient soit un très grand grimpeur (Charly Gaul), soit le meilleur rouleur en valeur absolue que le cyclisme ait produit (Roger Rivière). Mais le destin voulut qu’on n’assistât pas au duel que tout le monde attendait entre les deux surdoués de la jeune génération française qui remplaça Louison Bobet. Qui aurait gagné le plus entre Jacques Anquetil et Roger Rivière, si le coureur stéphanois n’avait pas chuté dans la descente du col du Perjuret en 1960, alors que selon toute vraisemblance il allait remporter le Tour de France cette année-là. Oui, quel était le meilleur des deux ? Nul ne le saura, et c’est bien dommage car le sport n’est jamais aussi beau que dans les grands duels qu’il suscite.

Pensons aux affrontements Coppi-Bartali dans le Giro, ou encore Coppi-Koblet toujours dans le Giro, mais aussi Anquetil-Poulidor dans le Tour de France, ou Merck-Ocana, ou encore Hinault-Fignon toujours dans le Tour de France. J’arrêterai là les comparaisons, car peu après on allait entrer dans l’ère de la spécialisation à outrance, avec des coureurs qui ne s’intéressaient qu’aux classiques et d’autres qui ne courraient qu’un ou deux grands tours. En tout cas, pour revenir à Jacques Anquetil et Roger Rivière, cet affrontement aurait eu lieu partout et sans doute même sur la piste tellement les deux hommes étaient doués dans l’exercice de la poursuite. N’oublions pas qu’ils furent l’un et l’autre plusieurs fois recordmen du monde de l’heure.

Pour terminer ce billet sur une note moins nostalgique, je voudrais simplement rappeler que Jacques Anquetil comme Roger Rivière avaient finalement beaucoup de points en commun, y compris le même caractère orgueilleux. Cela leur valut quelques déboires et quelques défaites qu’ils n’auraient jamais concédées ensemble, si leur rivalité naissante ne les avait conduits à préférer la défaite face à quelqu’un d’autre. En disant cela, je pense au Tour de France 1959 que le grimpeur espagnol Bahamontès a remporté grâce à l’aide objective de Jacques Anquetil et Roger Rivière. Pour chacun d’eux l’honneur était sauf, puisque ce n’était pas l’autre qui avait gagné. Me Jacques renouvellera l’opération à plusieurs reprises avec Raymond Poulidor, se privant même du titre de Champion du monde sur route en 1966.

Mais Jacques Anquetil comme Roger Rivière, le peu d’années qu’il courut, a réalisé de tels exploits que nous lui pardonnerons toutes ces petites vilenies. Il suffit simplement de se rappeler qu’en 1965, moins de 24 heures après avoir remporté le Dauphiné libéré, il s’imposa dans la plus dure et la plus longue des classiques, Bordeaux-Paris, après avoir rallié par avion spécial le lieu de départ, prévu à 2 heures du matin. Douze heures plus tard, après avoir failli abandonner au petit matin, il arrivait en grand vainqueur après plus de 600 km de course. Jacques Anquetil, c’était la classe à l’état pur, mais aussi une volonté hors du commun. Bref c’était un campionissimo comme disent les Italiens.

Michel Escatafal


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13 réactions à cet article    


  • morice morice 13 mars 2008 12:59

    Merci pour cet hommage à se monstre véritable, qui engloutissait des repas énormes après ou avant chaque exploit et n’hésitait pas non plus à boire plus que de raison parfois : son organisme absorbait tout, et tous les efforts ! Vous auriez peut être dû évoquer aussi sa vie privée, nettement moins glorieuse malheureusement.


    • escatafal escatafal 13 mars 2008 13:52

      C’est vrai que c’était ce que nous avons coutume d’appeler un bon vivant. Il suffit de se rappeler son méchoui andorran lors de la journée de repos qui a failli lui coûter le Tour de France 1964. Mais sa descente de l’Envalira valait bien qu’on oublie ses excès de la veille. escatafal


    • Yohan Yohan 13 mars 2008 14:40

      A cette époque, je jouais avec les petits vélos en plomb du tour de France, qu’on poussait à tour de rôle avec la main, qu’on remettait sur pied et qu’on repoussait encore jusqu’à l’arrivée et mon frangin faisait le speaker du Tour. De quoi, s’occuper des après midi entières pour pas cher : 

      http://cgi.befr.ebay.be/ws/eBayISAPI.dll?ViewItem&item=130205145201&ssPageName=MERCOSI_VI_ROSI_PR4_PCN_BIX&refitem=130199831262&itemcount=4&refwidgetloc=closed_view_item&refwidgettype=osi_widget&_trksid=p284.m185&_trkparms=algo%3DSI%26its%3DI%26itu%3DCR%252BUCI%26otn%3D4%26ps%3D41#ebayphotohosting

       


    • haddock 13 mars 2008 14:38

      Joli article .

       

      En tant qu ’ Alsacien , notre Dieu c ’était notre Roger .

       

      Roger Hassenforder qui a fait rire le monde entier avec ses extravagances .

       

      Il vit toujours et tient un restau à Kaysersberg .

       


      • escatafal escatafal 13 mars 2008 18:14

        C’est vrai que j’aurais pu parler du dopage qui existe depuis la fin du 19è siècle, mais à l’époque d’Anquetil les produits n’étaient peut-être pas aussi dangereux qu’aujourd’hui même s’ils contenaient, dit-on, de l’arsenic, de la morphine, sans oublier les amphétamines pour ne citer que ceux-là, et ce n’est pas rien. Anquetil a effectivement vu un de ses records de l’heure invalidé pour refus de contrôle. Pour autant c’était quand même un super crack. Un dernier mot enfin, je suis tout à fait pour une lutte sans répit contre le dopage, mais je crois qu’on stigmatise trop le dopage dans certains sports comme le cyclisme ou l’athlétisme par rapport à d’autres. Certes, il y a nombre de coureurs ou d’athlètes dopés, mais si on le sait c’est parce qu’on attrape des tricheurs grâce aux contrôles. Et des tricheurs je suis sûr qu’il y en a ailleurs, mais à part quelques seconds couteaux personne ne se fait prendre.


      • kall kall 13 mars 2008 14:41

        Un article sur Anquetil et rien sur le dopage ?


        • thirqual 13 mars 2008 15:57

          Sujet tabou dans le cyclisme. Par contre en judo, on se rappelera de la carrière anéantie de Bouras.


        • Yohan Yohan 13 mars 2008 17:14

          J’ai posé la question à un ancien du Tour que je connais, époque Bobet Poulidor qui en a encore sous la pédale. Il m’a répondu que ça roulait plutôt à l’époque aux vitamines et au Maxiton, beaucoup moins de saloperies de maintenant.


        • Fergus fergus 13 mars 2008 17:30

          J’abonde dans le sens de Kall : pourquoi pas un mot sur le dopage qui sévissait déjà très largement dans le peloton, notamment sous la forme d’enphétamines ? Sauf erreur de ma part, Anquetil s’est lui-même fait prendre à deux reprises. Et sa réputation était largement faite dans le milieu où il était considéré comme un type régulièrement "chargé".


        • Dalziel 14 mars 2008 00:42

          Oui, mais à l’époque, ça ne dérangeait ni les instances sportives ni les spectateurs, et les médiateux* ne s’étaient pas encore transformés en défenseur du mariage homosexuel et de la morale sportive !

          Moi, je préférais comme c’était avant... Quand un de nos favoris gagnait, on pouvait pavoiser sans craindre que des bureaucrates lui retirent sa victoire.

          * Lire par exemple "Doping, les surhommes du vélo" de Roger Bastide (Solar, 1970).


        • TSS 14 mars 2008 12:08

          je suis un inconditionnel de"jacquot" quoiqu’il est fait et pris comme substances(il en est mort)

          il disait lui même :"on ne fait pas dauphiné Bordeaux-Paris en marchant à l’eau claire"

          pour Morice :

          dans vie privée il y a privée !qu’il ait couché avec toute la famille n’est pas notre affaire !!!


          • Dalziel 14 mars 2008 13:52

            dans vie privée il y a privée !qu’il ait couché avec toute la famille n’est pas notre affaire !!!

            Parfaitement, et la honte et le mépris -le mien en tout cas - retombent sur les gens répugnants qui ont cru judicieux de rendre publics des faits qui ne regardaient que les personnes impliquées.

             


          • maxim maxim 14 mars 2008 12:59

            maitre Jacques.....le roi de contre la montre,le premier Français qui remporta 5 tours de France,2 Giros,1 Vuelta,5 Paris Nice,2 Critériums de dauphiné,2 quatre jours de Dunkerque,1 tour de Sardaigne,1 tour de Catalogne,1 tour du Pays bas.....9 grands prix des Nations ....Grand Wevelgem,Liège Bastogne Liège ,Bordeaux Paris 24 heures après son victorieux Dauphiné Libéré .....sans compter ses innombrables victoires internationales ,les critériums ,les grands prix etc .....tout ça de 1951 à 1968 ....

            n’oublions pas ses records de l’heure 46,159 kms dans l’heure en 1956 ,et 47,493 kms dans l’heure pour battre le recorde de Roger Rivière .....l

            le roi du contre la montre également ,68 victoires en tout ...double champion de France,médaillé de bronze aux JO d’Helsinki en 52 par équipe ...

            manque de pot il n’a jamais été champion du monde ,souvent à cause de sa rivalité avec Poulidor ,les deux cherchant à se contrer sans arrêt ......

            à part Poupou ,il a eu à affronter Bahamontès et Gaul ,2 supers grimpeurs ,Van looy ,routier sprinter d’élite ,Rivière ,dont la carrière a été rompue suite à un terrible accident ,Dédé Darrigade était son pote ,ainsi que Stablinski .......

            Anquetil aimait bien la bonne bouffe ,les nanas ,les plaisirs de la vie ,un mec hors du commun ,comme je les aime ,mais se préparait à fond pour les grands moments ,était mystique aussi ,et croyait aux prophéties ,superstitieux également ,bref un gars pas comme les autres mais pour être un si grand champion est on vraiment comme les autres ?

            pour la petite histoire Anquetil carburait au Champagne dans les étapes de Pyrénées .....

            mon regret ,pour mon certif ,j’ai eu le même vélo qu’Anquetil ,un Helyett en tubes Reynolds 5/10eme ,offert par le fils de ma famille d’accueil ,coureur amateur lui même ....

            je l’ai donné à un pote en revenant de l’armée,j’avais acheté ma premiere bagnole .....

             

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