Aiki Do : Une potion magique originelle et… originale
Qu’il y a-t-il de plus difficile que voir l'évidence ? La comprendre. Pourtant, il n'y a rien de plus simple que l'évidence. La voie proposée aux origines par l’Aikido est l'évidence même.
Devant les témoignages d'archives sur l'enseignement de son fondateur, Morihei Ueshiba, quel que soit celui qui les parcoure, l'impression qui s'impose est le naturel. Tout semble facile. La technique s'efface. La chute ne semble même pas en être une. Uniquement la seule réponse possible à l'événement.
Nous sommes loin, alors, du « spectacle » offert depuis par des élèves formatés par leurs enseignants pour mettre tout ce beau monde en valeur et, accessoirement, assurer la pérennité de la ressource. Un peu comme sur les affiches d'un cirque, auxquelles il ne manquerait que les cercles de feu propices au saut du tigre et aux cris de la foule.
Tout semble facile pour une raison simple, là encore. Mus par le « Do », pénétrés par la voie, les élèves directs de Morihei Ueshiba ne sont pas dans « l'imaginaire », le pré supposé de la technique.
Seul le sens premier de l'échange conduit le débat. La spontanéité. En aucun cas le moyen de briller au yeux d'autrui, du parterre.
Et pour cause, personne à l'époque n'enseigne réellement, il faut dire qu'apprendre demande tellement de temps. Tandis qu'à l'avenir il y aura bientôt plus de « professeurs » que d'élèves. Ce qui en dit long sur la qualité de la transmission...
Près du fondateur, le sens prédomine. Un sens qui, en permanence, fait s'interroger le disciple grâce à une question toute simple, là aussi : A quoi sert ce que je fais ?
En détaillant : Fais-je ceci, ou cela, pour plaire à untel ou à « ceux-ci » ou bien parce que cela est le moyen d'aborder le combat ou, mieux, le non-combat ? Ma compréhension mécanique est-elle éprouvée ou hasardeuse ? Dans l'équation que je me propose de résoudre, les paramètres sont-ils corrects et/ou énoncés dans l'ordre ?
ORIGINEL
Autant de questionnements incroyablement résolus par l'Aïkido originel. Tellement originel, d'ailleurs, qu'il ne s'appelle pas encore ainsi...
Face au fondateur, assez peu encombré par un foisonnement de propositions gestuelles - épuisant et déviant - l'étudiant doit, a contrario, saisir par ses propres moyens ce qui est curieusement devenu ensuite indigne, presque infamant : la spiritualité de la Voie.
Ce qui requiert, il est vrai, des prédispositions. Pour le vide, notamment. Pour l'Universalité, également. Et sa globalité aussi. Ce qui est providentiel quand on y songe...
Certes, l'étudiant est alors poussé, par la « force » des choses, à décrypter la parole du fondateur ancrée dans le mysticisme. A méditer. Quelle horreur !
En embrassant d'un seul coup l'art de vie que proposent les arts martiaux, Morihei Ueshiba répond à une très large série de questions. Sur l'Homme. Comme tous les grands penseurs qui ont participé à la construction de celui-ci.
La "Voie", nous le ressentons, permet de résoudre non seulement les problèmes rencontrés sur le tatami, ce qui serait réducteur, mais également l'énigme du rapport à l'autre et à nous même.
De nous affranchir des gesticulations de l'Ego.
Au plan « martial », plus besoin de nous perdre dans une quête aussi absurde que kaléidoscopique de « l'efficacité ». Plus besoin de nous interroger, sans objet, sur la hiérarchie des méthodes de « combats » : boxes, judo, luttes et on en passe.
Dans son grand chaudron universel, le fondateur a mêlé tous ces ingrédients, mixé les goûts et finalement concocté une potion magique qui guérit tous les maux. Il serait judicieux de (re) tomber dedans.
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