A quelques jours du mondial, Andrew Jennings à dévoilé le 1 juin sur Arte les dessous de table et les scandales qui règnent dans le monde du foot en général, et à la FIFA en particulier.
Il faut aujourd’hui s’interroger sur ce mondial du football, inventé, rappelons-le par le français
Jules Rimet il y a 80 ans.
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Andrew Jennings, journaliste d’investigation, après avoir mené une patiente enquête de 4 ans, a balancé un pavé dans la mare lequel a éclaboussé les dirigeants de la FIFA.
L’affaire est d’importance.
Selon Jennings, la corruption se chiffre à 100 millions d’euros.
Le cout du Mondial africain se monte à
2,7 milliards d’euros, soit dix fois plus que la somme initialement prévue.
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Le documentaire proposé par
Arte (
Fifa : du foot et du fric) méritait le détour.
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Le principal accusé par Jennings est le président de la Fifa, le suisse Sepp Blatter.
En gros, le journaliste accuse ce dernier d’avoir truqué les élections internes de la FIFA et d’avoir détourné une partie de l’argent des billets de la Coupe du Monde de football.
Ce qui n’est pas anodin.
Il raconte : « un jour, un virement d’un million de francs suisses est arrivé au siège de la FIFA.
Erwin Schmid, le directeur financier, a soumis le problème à Blatter. Finalement, l’argent n’a pas été encaissé par la FIFA. En revanche, il est allé discrètement sur un compte particulier. J’ai une copie de ce bordereau ».
Ce n’est pas tout : Jennings affirme que TV Globo (chaine brésilienne) a versé 60 millions de dollars qui ne sont jamais arrivés sur les comptes de la FIFA.
Il affirme : «
Blatter savait qu’ISL (international sports and leisure, l’entreprise qui gère le sponsoring)
était en faillite et que l’argent était utilisé pour se remettre à flot, comme le milliard de dollars payé pour obtenir les droits de l’ATP Tour (tennis) en 1999. Malgré cela, Blatter n’est pas intervenu, il a fermé les yeux ».
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Jennings a fait un livre de son enquête (
Foul 2007 édition Harper Collins).
Blatter a essayé d’en empêcher la parution et n’a obtenu en fin de compte qu’une interdiction limitée à la Suisse.
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Pour ceux qui n’ont pas eu l’opportunité de regarder le documentaire d’
Arte, ils peuvent en découvrir des extraits sur ce
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D’autres questions sont posées pour le Mondial à venir.
Les citoyens d’Afrique du Sud vont-ils y gagner quelque chose ?
Rien n’est moins sûr.
Les prévisions étaient pourtant optimistes : elle devait drainer 21,3 milliards de rands dans l’économie sud africaine, et créer 159 000 emplois.
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La BAD (banque africaine de développement) table sur 4,5% de croissance en 2010, et compte beaucoup sur «
l’effet mondial de foot » lien
Pourtant le déficit de l’Afrique du Sud voisine les 7% du PIB pour l’exercice 2009/2010.
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Même si quelques commerçants ont pu livrer des repas aux travailleurs qui ont construit les infrastructures, ils n’ont rien à espérer du mondial lui-même.
Tout est sous contrôle.
Les sociétés désignées par la
FIFA ont l’exclusivité et les petites entreprises qui délivraient pour 1 dollar des repas de qualité aux travailleurs ne seront pas autorisées à proposer leurs services.
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Tout le reste est à l’avenant.
Les modestes chauffeurs de taxis, qui se sont lourdement endettés espérant être choisis pour véhiculer les supporters du monde entier ne savent pas s’ils auront le droit de se proposer.
Mais il n’y a pas que le mondial.
L’Europe est au cœur d’un vaste scandale de matchs truqués.
200 matchs de foot ont récemment été truqués pour manipuler des paris sportifs.
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Karl Dhont, commissaire à la corruption de l’organisme européen assure posséder un dossier portant sur une quarantaine de rencontres truquées, lequel dossier gênerait beaucoup la Belgique.
Ye, homme d’affaire chinois est soupçonné d’avoir truqué des rencontres du championnat belge depuis 2004.
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Le prix d’un match truqué est connu : 5000 € par joueur.
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Pourtant l’UEFA lors de son séminaire de décembre 2008 prétend avoir mis en place des systèmes de détection de fraudes liés aux paris.
Les Tchèques viennent d’être pris la main dans le sac au mois de mars dernier. Le «
sigma Olomouc » est accusé d’avoir remis aux joueurs des «
Bohemians » une enveloppe de
12 000 euros.
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Les anglais ne font pas mieux :
Un allemand (Knut auf dem Berge) à joué les enquêteurs dans le milieu du football professionnel anglais à coup de caméras cachées.
On y découvre les pots de vins, la corruption à coup de commissions diverses et un film de la
BBC en est ressorti : (les secrets sales du football) donnant une image glauque de ce sport et des trafics en tout genre qui y sont mêlés.
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Ce film a obligé Newcastle à licencier son co-trainer Kevin Bond, piégé par une caméra cachée qui s’était dit prêt à accepter un « dessous de table ».
Les jeux en ligne, autorisés récemment par le gouvernement, et dont l’un des bénéficiaire n’est autre que
Frédéric Lefebvre, actionnaire principal de l’entreprise de lobbying
Pic Conseil ne vont pas redorer le blason de ce sport. (
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Le Mondial qui s’annonce n’est donc pas très prometteur, et il faudra que les supporters ferment pudiquement les yeux sur tous ces dérapages s’ils veulent encore avoir un peu de plaisir à regarder les matchs.
Car comme disait mon vieil ami africain :
« Là ou les vautours planent, il y a une carcasse ».