Ce n’est que du sport !
Les Français livrent un match à la vie à la mort contre la Serbie... Non, contre le sélectionneur du XI tricolore.
En Ossétie, des hommes continuent de subir la guerre (qu’importent les responsables, des êtres meurent, souffrent, survivent). Partout dans le monde, des guerres éclatent, perdurent et livrent derrière elles leurs horreurs, leur inhumanité.
Mais il est un combat ô combien futile face à ces guerres, c’est celui que livrent les médias au sélectionneur de l’équipe de France de football. Car il s’agit-là d’un acharnement rare dans l’histoire du sport français. En tout cas, je ne suis pas assez vieux pour avoir vécu telle abondance de jets de pierre. Aymé Jacquet avait été critiqué, mais, jamais, on n’avait ressenti une telle haine envers un seul homme.
Et jamais l’attente d’une tête coupée n’avait été aussi présente dans la tête des Français depuis le 31 janvier 1793 ! Le spectacle d’un individu au sommet abattu en plein vol doit faire fantasmer bon nombre d’hommes en manque de rêve, déçus de leur vie minable, bien loin du strass du football, des victoires en Coupe du monde et en championnat d’Europe, bien loin de l’aspect grisant de la compétition de haut niveau.
Car que reproche-t-on à Raymond Domenech ? Une défaite en Autriche ? D’autres ont échoué avant lui. Gérard Houillier était sélectionneur quand Kostadinov crucifia les Bleus d’une frappe sous la barre et les empêchait (comme l’avait fait un peu plus tôt les Israéliens) de disputer la phase finale de la Coupe du monde aux Etats-Unis. Ce même Gérard Houllier est, depuis, passé par Liverpool, a été champion de France avec l’Olympique lyonnais et est actuellement directeur technique national, reconnu de tous, même de Pierre Ménès, si ça se trouve. En tout cas, il l’est plus que Florent Malouda ! Se rappelle-t-on de la débâcle des Bleus à l’Euro 92 où, bien que favoris, après des qualifications convaincantes, ils se faisaient sortir dès le premier tour ? Le sélectionneur de l’époque : Michel Platini, l’icône intouchable et intouché, désormais à la tête de l’UEFA ! La Coupe du monde 1990 ? Pas d’équipe de France non plus ! Et l’on peut trouver d’autres loupés dans l’histoire du football français ! Mais jamais un tel flot injurieux à l’encontre du sélectionneur !
A croire même que le sélectionneur a rechaussé les crampons et qu’il est sur le terrain. Pire, tout chez lui devient une faute. Il ne sélectionne pas Philippe Mexès, c’est une honte. Il le sélectionne, le joueur de la Roma se troue et personne n’estime qu’il n’avait finalement pas tout faux. Il fait jouer Florent Malouda lors des deux premiers matchs de l’Euro, le milieu gauche est vivement critiqué. Il ne le fait donc pas jouer au dernier match contre l’Italie, c’est pire ! Pire, L’Equipe, journal de fins connaisseurs, va jusqu’à réclamer du changement et propose la réintégration de Malouda et d’Abidal (dont on se souvient de la piètre prestation contre l’Italie) ! Doit-on en mourir de rire ou s’en apitoyer ?
Ne croyez pas que je dédouane Raymond Domenech de ses responsabilités. Il en a une grande part dans le fiasco français, mais ne faudrait-il pas se rappeler qu’il ne s’agit que de sport et qu’il n’y aura pas plus de morts si la France ne se qualifie pas à la Coupe du monde (ce qui reste à confirmer, il n’y a eu qu’un seul match) ? Faut-il rappeler aux journalistes que le sensationnalisme ne produit pas de meilleurs articles, tout au plus de meilleures ventes. En tout point, il ne rend pas leur travail plus respectable, plus rentable. Faut-il cela pour sauver la presse écrite française ?
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