Ce ne sont pas toujours les meilleurs qui gagnent à la fin
Vingt-quatre ans que l’Italie attendait ça. .. « ça ». Toutes les victoires ne sont pas belles. Plus on attend, plus on s’attend à ce que la victoire soit franche. Incontestable.
Au-delà de la loterie des tirs au but. Materazzi est un très grand joueur. Un immense joueur. Cracher une insulte, et sans doute des plus infâmes, dans le dos de l’adversaire en sachant celui-ci intègre, voilà une manœuvre qui n’entrera pas dans l’histoire, à l’instar de l’ultime geste du capitaine de l’équipe de France. Et pourtant ! Dans la blacklist du foot, je veux le courageux, le noble, l’irréprochable Materazzi ! Drôle de façon de provoquer la chance. Le vrai "méchant" s’en tirera sans une sanction et se saisira de la coupe ivre de bonheur. Aucun remords, et aucun Clint Eastwood en vue pour démasquer le fourbe.
Que Zidane se fasse ensuite justice sous les caméras du monde entier et mérite un carton rouge, c’est une évidence, et ça le serait encore davantage si depuis le début de ce Mondial on incluait la caméra dans l’arbitrage - car rappelons-le, se servir de la caméra pour arbitrer un match ne fait toujours pas partie du règlement de la FIFA. On ne peut pas faire deux poids deux mesures : soit on se sert de la caméra depuis le coup d’envoi, soit on ne s’en sert pas, mais on ne décide pas de faire une exception pour la finale !
Sur ce changement d’option, il y a justement discussion. C’est le quatrième arbitre qui « voit » la faute sur la caméra et prévient l’arbitre ; la FIFA nie. Le quatrième arbitre aurait vu la faute de ses yeux sans la caméra.
A ce moment-là, sans doute, le match bascule. La France domine toujours une Italie exsangue. Même après le carton rouge, mais psychologiquement la partie a viré.
Avec la caméra, le pénalty sur simulation de Totti qui a envoyé l’Italie en quart et renvoyé l’Australie à la maison n’aurait pas eu lieu d’être. La fameuse tête de Vieira dans un autre match aurait compté. Le pénalty accordé à la France en première mi-temps contre l’Italie aurait été annulé, mais le second bien réel pour lequel Malouda n’obtint rien, pas même un carton, aurait, lui, été accordé.
L’Italie commença donc sa finale fort. Un peu trop fort. Une pluie de gestes brutaux. En deuxième mi-temps, le lièvre s’était fatigué et la tortue France dominait le lièvre. Ça sentait bon le civet. Archi-dominés en prolongations au point de ne jouer plus aucun ballon que ceux menaçant leurs 22 m, et de ne pas réussir à se ressaisir après la sortie de Zidane et leur supériorité numérique. Ironie du sort, les Italiens s’imposent grâce au pénalty manqué de leur compère à la Juventus de Turin, David Trézéguet, alias Trézégoal ; la « Juve », jadis club auréolé de gloire, aujourd’hui devant les tribunaux pour matchs truqués. Bref, la gloire du football. C’est d’ailleurs un anonyme de la FIFA qui vint remettre la coupe à des Italiens expressifs. Normal. Une bien pâle victoire pour le foot. Pas de quoi pavoiser. Juste un répit avant que les joueurs italiens ne répondent de leur complicité devant la Justice. Et une revanche à venir dans les éliminatoires de l’Euro, où la France retrouvera l’Italie.
Le foot n’oubliera pas Zidane et ne restera pas sur cette dernière image si regrettable : la réponse par la violence physique à la provocation verbale d’un joueur lâche qui joua à le dégonder en l’insultant dans son dos. La Fifa a déjà célébré Zidane en le consacrant, lui, plutôt que l’un de nos tristes Italiens victorieux, meilleur joueur de ce Mondial ! Tout un symbole. Un symbole de l’attente déçue des amoureux du foot face à cette victoire injuste. Une manière de récompenser un perdant qui est plus convaincant que les vainqueurs du jour. Zidane ne nous a pas tous envoyés à la retraite sur ce geste, Zidane nous aura avant tout permis d’accéder en finale. Rien que pour le merveilleux France-Brésil en quart, il mérite d’être acclamé comme le dieu vainqueur qu’il n’a pas été. Ce sont ses gestes de beau jeu que l’on retiendra.
Forza Italia ? Forza Zidane !
Mais ne vous y trompez pas, j’adore l’Italie, le pays, le peuple. Ti amo Italia ! Bravo quand même à Gattuso qui fait un match propre, à sa hauteur.
Aujourd’hui, l’ovation méritée des Bleus par des supporters qui attendaient l’apparition de leurs héros envers et contre tout devant l’hôtel Crillon. Tous ont été chaudement applaudis. Trézéguet et Zidane. Zidane et Trézéguet. Il y a des défaites qui sonnent comme des victoires. Pas de deuxième étoile au maillot mais dans le coeur, certainement. Les Bleus nous ont fait rêver, on ne les attendait pas si loin. Pas aussi près de 98. Merci à eux.
Et vous, comment avez-vous vécu cette finale ?
41 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON