Coupe du Monde 2014 : la ruée vers l’or pour les bookmakers
Les vrais vainqueurs de la Coupe du Monde, ce sont eux, les opérateurs de paris sportifs : les mois de juin et juillet devraient s’avérer exceptionnels pour eux, que ce soit en termes de nombre de nouveaux inscrits ou en termes de chiffres d’affaires. Et pour ceux d’entre eux qui sauront le mieux séduire les parieurs, de belles parts de marché à plus long terme sont à la clef.
Des espoirs de gros chiffres
La directrice marketing de Betclic – Everest l’avouait sans détours dans une interview accordée aux Echos : « Lors du mois de Juin 2014, nous jouerons notre année 2015 ». Et d’affirmer que le nombre mensuel de nouveaux joueurs sera pour l’occasion multiplié par 6. Au total, le surplus d’activité généré par l’événement devrait être de 35 millions d’euros chez le numéro 1 des bookmakers en ligne, et de 20 millions chez le numéro 2 PMU.
De tels espoirs sont alimentés par l’essor des paris sportifs sur mobiles, qui représentent par exemple 50 % en volume de mises chez Betclic et dans l’ensemble 40 % des paris sportifs sur le football. Les applications ont été spécialement pensées pour le « live-betting » ou pari en direct, qui plus qu’une mode est devenu monnaie courante lors des rencontres (on parle même d'installer, à la demande du PMU, des WIFI gratuits dans les stades à cet effet)
Conscient de l’enjeu, Unibet a même lancé la première application permettant d’effectuer des livebets tout en regardant les matchs en streaming et en direct sur la partie haute de l’écran. PMU compte quant à lui lancer TV Track, une fonctionnalité de reconnaissance du match en cours en scannant l’écran de télévision et qui propose les paris correspondants à celui-ci.
Il importe cependant de tempérer ces espoirs. Ils étaient en effets beaucoup plus conséquents lors de la régulation du marché en 2010, lorsque la France était censée représenter entre 3 et 4 milliards d’euros de mises sportives annuelles. Grâce au mondial, peut-être seront-elles proches du milliard en 2014 : le filon s’est avéré bien moins important que prévu.
Une communication pourtant mesurée
Faut-il déployer un dispositif marketing aussi coûteux que peut l’être l’événement lui-même ?
Certes, à quelques jours du coup d’envoi, tout rappelle l’enjeu que constitue une coupe du monde de football pour les sites de paris en ligne. Betclic et PMU, les leaders du marché, ne manquent pas de faire diffuser leurs spots publicitaires aux heures de grande audience. Le second communique également sur une offre de bienvenue très conséquente. 250€ sont promis tout nouvel inscrit sur le site, opération dont le détail est analysé par des guides indépendants comme Kelbet.com.
Pourtant, il faut tempérer ces opérations promotionnelles. Les professionnels du secteur savent pertinemment qu’en réalité, 10 % des parieurs génèrent 60 % des mises. Ne pas prévoir un budget marketing mirobolant, ce n’est pas qu’une simple question de prétendue austérité ; c’est tout simplement avoir conscience de l’importance du ciblage du client par opposition à la diffusion de publicités de masse coûteuses. Aussi les bookmakers privilégient-ils leur propre terrain de jeu, à savoir la publicité ciblée sur Internet, bien plus économique et performante.
Par ailleurs, les chiffres annoncés ne doivent pas faire oublier le modèle économique des preneurs de paris. Affirmer que le Mondial génèrera peut-être 100 millions d’euros de mises ne revient pas à dire qu’il y aura 100 millions d’euros de bénéfices répartis entre Bwin, Betclic et les autres. En moyenne, la marge des sites est de 20 %, ce qui devrait donc correspondre à 20 millions d’euros à se partager. Dans ces conditions, pas de quoi « faire exploser » les budgets.
Une actualité favorable
Du point de vue des joueurs, l’actualité reste de très bon augure. Après la victoire écrasante des Bleus face à la Norvège, puis un honorable nul face au Paraguay après avoir dominé l’ensemble de la rencontre, les supporters sont confiants. Avant ces deux rencontres et malgré un mémorable France - Ukraine, seuls 3 % des Français croyaient en la capacité des Bleus à remporter le Mondial. Ils sont désormais plus nombreux.
La cote de la France, similaire à celle de la Belgique, est par ailleurs attractive, puisqu’aucun bookmaker ne prévoit sa victoire en finale, à la différence du Brésil ou de l’Argentine. Certes bien inférieure à celle du Nigéria ou de l’Iran, elle reflète cependant un pronostic défavorable de la part Betclic, PMU, ParionsWeb ou encore Unibet et Bwin. Elle n’est donc ni très faible comme peut l’être celle du Brésil, ni excessive parce qu’absolument improbable : une situation idéale pour capter des mises et de nouveaux inscrits.
Mais les bookmakers restent prudents : le parcours de France pèsera beaucoup sur le comportement des joueurs potentiels. Si elle se faisait éliminer de son groupe, le manque à gagner resterait conséquent. En effet, plus elle avancera dans les matchs, plus les espoirs seront permis et plus les parieurs potentiels seront tentés de franchir le pas. Une déroute comme en 2010 ferait évidemment retomber l’euphorie, même si cela n’avait pas empêché à l’époque aux bookmakers d’enregistrer des mises conséquentes (65,2 millions d’euros).
Le football au cœur des paris sportifs
Interdits jusqu’au 10 juin 2010 en France, les paris sportifs en ligne font désormais partie du paysage. A l’heure où le poker en ligne décline et où les sites de turf peine à trouver de nouveaux parieurs hippiques, les bookmakers ont le vent en poupe et attendent de pied ferme la Coupe du Monde. D’ailleurs, la date de la régulation elle-même ne devait rien au hasard, puisque l’ouverture du marché avait précisément eu lieu à quelques jours du Mondial 2010.
L’attrait des supporters et tout simplement des simples amateurs de football pour les paris n’a pas été démenti, bien qu’il ait été en-deçà des espérances. Les guides de jeux mettent clairement les paris sur le Mondial à l’honneur. De nombreux contenus fleurissent sur la toile au sujet des offres des sites, des cotes, mais aussi des conseils aux parieurs ou encore des pronostics.
Le 14 Avril 2014, l’Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL) publiait son rapport trimestriel dans lequel il ressort que le foot reste de loin la discipline reine :
· 60 % des paris sportifs concernent le football, en particulier la Ligue 1 et la Ligue des Champions sur la période concernée
· Le montant des mises sur le football a progressé de 21 % entre le premier trimestre de 2013 et le premier trimestre de 2014
Si les bookmakers parviennent à séduire plusieurs dizaines de milliers de joueurs lors du mondial, il s’agira probablement d’autant de convertis qui poursuivront l’expérience des paris lors de la prochaine saison de Ligue 1.
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