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David contre Goliath, un classique de coupe du monde

esagnepasbas.jpgDimanche, ils seront huit pays à avoir été sacrés champion du monde de la FIFA, car ni les Pays-Bas, ni l’Espagne, qui s’affronteront en finale à Soccer City, n’ont jamais remportés le trophée le plus convoité du globe. Une première. Inédite aussi sera la victoire d’un pays européen hors du vieux continent en Coupe du Monde. Cette finale n’en est pas moins commune : entre une équipe espagnole au sommet depuis trois ans, largement favorite, et des Pays-Bas souffrant de grosses lacunes derrière qui ont enchaîné les exploits individuels pour atteindre la finale, elle rappelle les oppositions entre David et Goliath qui ont rythmé l’histoire de la coupe du monde de la FIFA. A l’heure actuelle, on voit difficilement comment les Pays-Bas pourraient renverser la montagne espagnole. Des automatismes, une incroyable possession du ballon, une efficacité imparable, une charnière centrale défiant toute concurrence, un buteur providentiel, deux meneurs made in Barça candidats naturels au Ballon d’or (Xavi et Iniesta) : que manque-t-il à la Roja, si ce n’est un titre mondial ?

L’Uruguay pétrifie le Marcana

On pense évidemment à l’édition 1950. Pas de finale cette année là, mais une poule à quatre équipes en guise de phase finale. L’ultime confrontation, considérée comme la finale officieuse, entre l’Uruguay et le Brésil décidera du vainqueur, sachant que la Seleçao sera sacrée en cas de match nul. Les Uruguayens semblent un cran en dessous, loin de leur sacre mondial en 1930 et des deux jeux olympiques qu’ils avaient remportés dans les années 20 : à l’époque, les Jeux faisaient office de compétition internationale reine en matière de football, il faudra attendre Jules Rimet et 1930 pour que la coupe du monde de la FIFA ne prenne le dessus.

Les auriverde ont tellement survolés cette édition que le trophée Jules Rimet ne semble pouvoir leur échapper : 7-1 contre la Suède, 6-1 contre une sélection espagnole qui joue les premiers rôles sur le vieux continent tandis que les Uruguayens ont du batailler ferme pour vaincre les suédois (3-2) et ont du se contenter du nul contre l’Espagne (2-2). Ce mondial doit voir le sacre du Brésil, il n’y a pas d’autre destinée envisageable.

L’enceinte pharaonique du Marcana et ses 200 000 spectateurs, restée dans la légende, achevée juste à temps pour la finale est censée clore l’épopée brésilienne. Mais la pression accable les brésiliens et malgré l’ouverture du score de Friaça, repliés en défense ce sont de bien ternes brésiliens qui finissent par craquer, poignardés par Schiaffino et Ghiggia. David a terrassé Goliath, le sacre annoncé des brésiliens n’aura pas lieu, et c’est le mutisme qui habite le Maracana. Le Brésil s’insurge contre ses joueurs à qui il ne manquait qu’un petit détail pour s’imposer, un petit détail qui fit toute la différence : l’humilité. Jamais on ne pardonnera cet échec à la Seleçao cru 1950, et le portier Barbosa, auteur d’une erreur d’appréciation sur le second but, sera maudit jusqu’à la fin de sa vie.

Le miracle de Berne

hongriellamegnae.jpgQuatre ans plus tard, rebelote à Berne où la RFA décroche la première couronne mondiale de sa riche histoire en battant la Hongrie : c’est le Miracle de Berne. Si les magyars ont cessé depuis quelques décennies de côtoyer les sommets du football mondial, ils sont à l’époque ce que l’Espagne est à cette édition 2010 : les grandissimes favoris.

La Hongrie, c’est quatre années d’invincibilité, une victoire à Wembley 6-3 et Ferenc Puskas, le "major", l’un des meilleurs avant-centre de l’histoire. Au premier tour, c’est un récital : un 9-0 infligé à la Corée du Sud et un 8-3 contre la...RFA. Sepp Herbeger, alors sélectionneur de la Mannschaft avait aligné une équipe B, considérant la défaite comme une certitude.

Le 4 Juillet 1954, Hongrois et allemands se retrouvent en finale : mais ce sont des Magyars diminués qui s’apprêtent à disputer leur deuxième finale de coupe du monde : ils ont du batailler ferme en demi-finale, jusqu’au bout des prolongations contre l’Uruguay. L’avant-centre Nandor Hidegkuti déclarera plus tard que jamais nous n’aurions dû nous laisser amener aux prolongations, je crois bien qu’elle nous a tués.

A Berne, le match semble joué : 2-0 pour la Hongrie moins de dix minutes après le coup d’envoi. C’est là que le miracle commence En neuf minutes, les allemands égalisent. La tension et l’énervement gagne les magyars, à l’image de Puskas, certes blessé. A six minutes du coup de sifflet final, Rahn enrhume la défense adverse et donne l’avantage aux allemands d’une frappe pleine d’autorité. 3-2, les dés sont jetés, le miracle de Berne est né. On apprendra plus tard que la Mannschaft avait eu recours à des produits dopants pour s’imposer : peut importe, David a battu Goliath, la légende est trop bien installée pour s’écrouler.

Le monde pleure la victoire du Kaiser

20 ans plus tard, nouvel exploit, à nouveau signé du sceau allemand. Ou plutôt du sceau d’un empereur, le kaiser Franck Beckenbauer qui s’est mué tout au long de la compétition en sélectionneur-joueur. Le libéro est le capitaine d’une équipe impopulaire, rugueuse, battue en ouverture par la RDA.

En finale, à Munich, la Mannschaft retrouve l’équipe qui a fait vibré le globe, infligeant une déculottée à l’Argentine 4-0 (tiens, tiens) et au Brésil 2-0, les Pays-Bas. Emmenés par Cruyff, les Oranje font rêver la planète avec leur football total qui a permis à l’Ajax d’Amsterdam de s’imposer comme le meilleur club d’europe et le prodige Johann Cruyff, au sommet de sa carrière.

Ces Oranje mécaniques à la côté de popularité inégalable ouvrent le score en tout début de match sur penalty, suite à un tacle peu académique d’Höness sur Cruyff, auteur d’un beau festival. 1-0 pour la Hollande, l’Allemagne craint la déroute, le monde entier se réjouit de la victoire quasiment acquise de ces Oranje étincelants.

Le journaliste Erik Bielderman se souvient dans une de ses chroniques vidéos que les hollandais commencent alors à tomber dans le piège de l’arrogance, de la suffisance, oubliant d’inscrire le deuxième but, et l’Allemagne finit par s’imposer. Le monde entier pleure, j’avais 15 ans à l’époque, j’étais devant ma télé et je me souviens d’avoir effectivement chialé comme un gamin devant ces hollandais magiques battus par les allemands qu’on aimait pas à l’époque ajoute Bielderman. Nouvel exploit en finale de mondial, les Pays-Bas en font les frais, David a encore battu Goliath : rebelote dimanche soir ?

L’Espagne et sa suffisance insupportable

Trois exploits, auxquels il faut ajouter tous ceux qui ont rythmé les phases finales et les phases de groupes, en dehors des finales. Les Pays-Bas ont ils les armes pour s’inscrire dans cette liste ? Cette sélection n’est guère séduisante, elle ne doit son succès qu’à ses mercenaires (voir mon article à ce sujet) et les simulations de Robben et l’impunité de Van Bommel rendent ces Oranje détestables. Cependant, je serai derrière eux dimanche. Tout d’abord car si la génération de Sneider ne mérite pas son étoile, celle de Cruyff si. Et voir les Pays-Bas vierges de tout trophée mondial est une aberration.

2006FranceEspagne3.jpgEt si je n’aime pas les Pays-Bas, j’aime l’Espagne encore moins. En premier lieu, l’élimination de l’Allemagne fut tellement imméritée à la vue du jeu proposé par l’Espagne depuis le début de la compétition et celui de la Mannschaft (voir mon article à ce sujet)

De plus, La Roja symbolise l’arrogance, la suffisance. Ce sentiment de supériorité qui fait titrer le quotidien As ce matin "somos los mejores" (nous sommes les meilleurs). Cette condescendance qui leur faisait dire en 2006 qu’ils allaient mettre Zidane à la retraite. Cette arrogance de Sergio Ramos qui la veille du match retour contre Lyon se disait certain de gagner facilement 3-0. C’était plus facile que prévu. Nous avons une très bonne organisation, ce qui nous a permis de nous rendre le match plus facile. Nous sommes bien conscients de nos qualités : ces mots sortis de la bouche de Vicente Del Bosque ne confirment-ils pas cette suffisance insupportable ? Une défaite de l’Espagne serait une bonne leçon pour nos amis ibères et la victoire des sentiments nobles face à l’arrogance espagnole.

Retrouvez ce billet sur http://offensif.net 


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10 réactions à cet article    


  • asterix asterix 9 juillet 2010 10:44

    Je connais une autre équipe qui se prenait elle aussi pour la meilleure du monde. Une équipe de Gaule qui a cru bon envoyer 20 mercenaires, trois pauvres cloches et un entraîneur qui aurait été démis partout ailleurs...
    Elle a été blackboulée en série après une qualification qui lui a valu d’être traitée de tricheurs par la planète entière. Les Espagnols peuvent paraître suffisants, il n’en revient pas moins que ce sont eux qui pratiquent et de loin le meilleur foot du monde. 
    Mais bon, tout match doit être joué. Et l’arbitrage, que faites-vous de l’arbitrage ?
    La glorieuse équipe de France, pardon ! incertitude du sport...


    • Mickey Churchill Mickey Churchill 9 juillet 2010 11:02

      @ Alex Joubert, 

      la soit-disant suffisance des espagnols n’est autre que de la confiance. Au vue de leurs qualités hors normes et de leur supériorité tant individuelle que collective, il n’y a rien d’étonnant à ce que cette équipe affiche de telles certitudes. 
      Lorsqu’elle justifie ses prétentions, une équipe est irrésistible. Ce qui est insupportable c’est d’avoir vu les Bleus et Domenech nous promettre la Lune alors que leur niveau était le plus faible de tout le mondial ! 
      Et pour ce qui est du niveau de jeu de la Roja que tu semble dénigrer, pourrais-tu me trouver une équipe qui a fait preuve tout au long de la compétition, d’une telle assurance ?? 
      Critiquer les meilleurs, c’est bien, mais la cohérence et la vérité du terrain vont forcement te rattraper Alex !!! 
      A bientôt mini Christophe Barbier

      • King Al Batar King Al Batar 9 juillet 2010 11:22

        Bonjour Alex,


        Si je me souviens bien c’est toi qui en début de coupe du Monde misait sur le Brésil.... Si tu relira les post, tu verra que je te parlait déjà des Pays Bas.
        Cette coupe du monde est la coupe des équipes équilibrée entre les équipes qui sont très collective (type Allemagne ou Bresil) et les équipes qui possèdent de bonnes individualités, et pas de fond de jeu (type Argentine ou Angleterre).

        Au final on retrouve deux équipes qui ont parfaitement trouvé un équilibre entre collectif et individualités.
        JE penche toujours pour la hollande, parce que j’ai un gros billet à prendre (plus de 3000 euros, puisque j’ai misé 250 euros sur eux, avant la coupe du monde). Et j’espère que Sneijder va marquer, ainsi je pense qu’il obtiendra le ballon d’or cette année. Il a en effet marqué en finale de Ligue des Champions et lors du quart de finale contre le Brésil. C’est un joueur décisif dont j’apprécie le style depuis qu’il etait au Réal.

        Cordialement,

        Al Batar

        • patroc 9 juillet 2010 12:05

          @ King Al Batar,

          Je crains que vous ne perdiez 250 euros dimanche !.. 

          Le poulpe


          • robespierre55 robespierre55 9 juillet 2010 15:59

            A mon avis, c’est le Ghana qui va ghagner.

            Bon, je sors...


            • Τυφῶν בעל Perkele Τυφῶν 10 juillet 2010 22:35

              La finale de la compétition de Football s’est tenue aujourd’hui, et malgré l’héroïsme Uruguayen, l’Allemagne s’impose de justesse.

              Demain aura lieu la finale de la compétition de mauvaise foi, de pas-vu pas-pris, de plongeon artistique et de danse avec ballon, et vous pourrez constater tout de suite la différence .

               En termes de jeu et au niveau du score, ça n’a rien à voir, vous pourrez le constater de visu.

              Typhon


              • Τυφῶν בעל Perkele Τυφῶν 11 juillet 2010 22:22

                http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/sports/article/on-en-pleurerait-78132#forum2612874

                J’ai prédit avec succès qu’il y aurait des prolongations. Gloire à moi, et honte à ces deux équipes de peine-à-jouir incapables de marquer des buts et de jouer correctement au football.

                Typhon


              • Waldgänger 11 juillet 2010 22:56

                Ca m’a tout l’air d’être aussi excitant que des raviolis en boîte réchauffé, mais le Tour de France cet après midi était tout aussi pourri. Heureusement qu’il y a eu le cinéma ce soir.

                Et au moment où j’écris, l’Espagne marque...

              • Waldgänger 11 juillet 2010 22:58

                Et vous n’avez pas un pronostic pour 2012, je vous écouterai religieusement, d’autant plus si vous prédisez une branlée pour Sarkozy évidemment.


              • Τυφῶν בעל Perkele Τυφῶν 12 juillet 2010 03:04

                J’en sais rien, pour le moment.

                 Et puis bon, finalement, je n’ai pas eu raison jusqu’au bout, puisqu’Iniesta a marqué alors que j’avais pronostiqué une victoire des naranja au tirs au buts contre les espagnols.

                Ceci dit, il y a une hypothèse qu’on n’a pas beaucoup examiné, mais qui me parait intéressante, c’est celle qu’il ne se représente pas.

                La probabilité parait très faible pour le moment, mais en terme de temps politique, 2012, c’est loin.

                D’ailleurs, c’est tellement loin qu’il est possible que la fin de son mandat soit hatée d’une manière ou d’une autre.

                Honnêtement, avec le gouvernement actuel repoussant sans cesse les limites de la bêtise et de l’indécence, et la nullité de l’opposition socialiste, j’ai un peu de mal pour les pronostics. D’autant que c’est encore plus difficile de ne pas être de parti pris que pour le football.

                Typhon

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