Des graphistes font feu sur les symboles olympiques !
Avec ces jeux Olympiques, a débuté une guerre de propagande sur le terrain des symboles que sont les logos, drapeaux et torches olympiques. Jamais autant de graphistes, de par le monde, n’auront autant concouru de créativité pour dénoncer le régime chinois ou supporter les jeux Olympiques de Pékin.
La Chine fait les frais de sa propagande tous azimuts et subit un retour de flamme sans concession, violent de la part des fers de lance des droits de l’homme comme Amnesty, Reporter sans frontières et une coalition de graphistes qui ont su utiliser à bon escient les médias internet pour provoquer une résonance graphique cacophonique qui entache et salit les symboles des jeux Olympiques chinois.
Le but étant, à bon chat bon rat, d’éviter que la Chine ne tire un profit politique de la célébration des jeux Olympiques en tentant de recentrer l’attention internationale sur les nombreux manquements du régime chinois au respect des droits de l’homme. Mission réussie et sans effusion de sang !
Des protagonistes qui ouvrent le feu sur les symboles olympiques de la Chine ?
En plus des habituels groupes contestataires comme Amnesty ou Reporter sans frontières, des particuliers vont appuyer leur combat grâce à une forte présence active sur internet, par le biais de sites internationaux comme MySpace, Facebook, YouTube et surtout sur le portail de photos Flickr ; sans compter toute une panoplie de gadgets, de podcasts, blogs et autres formes de média web - véritables armes de persuasion et de subversion rapides, gratuites et redoutables.
Le Darfour, la Birmanie, l’environnement, les droits des travailleurs, les droits des animaux, la peine de mort, la presse, la crise économique y compris les inconvénients liés à l’externalisation des entreprises ou le choix de nouvelles compétences professionnelles en Chine (entreprises off-shore et nearshore en anglais) sont autant de facteurs, de thèmes fédérateurs qui passionnent les internautes.
Un logo mis à feu et à sang
Avant le 8 août, on s’attendait à voir les symboles des Jeux - en particulier celui de la flamme olympique soumise à une attaque tous azimuts.
Avant que ne démarre le relais de la torche, avant la première levée de bouclier qui a émaillé le passage de la flamme olympique de Londres et de Paris, c’est le logo des jeux Olympiques de Beijing qui a souffert, à grand renfort de logiciels d’images, d’actes de subversion sans nombre transformant l’emblème officiel des Jeux de Beijing en une mare de sang symbolisant la répression du régime chinois.
Alors que les politiciens, sportifs et membres du CIO critiquent le régime chinois à fleuret moucheté, une armée de graphistes tout feu tout flamme en font voir trente-six chandelles au pauvre logo chinois. La cacophonie des activistes sur le net est si importante qu’il devient difficile en tapant “jeux Olympiques de Pékin” sur images.google.fr ou sur Flickr de ne pas tomber sur un logo étriqué, défiguré, criblé de balle ou face à un char d’assaut.
Un logo qui partait pourtant d’un bon principe d’espoir
L’emblème officiel des Jeux est appelé Sceau chinois, la danse de Beijing. Il représente dans un sceau rouge la stylisation de l’idéogramme chinois京 ing, de Beijing.
Le site officiel des Jeux stipule que l’emblème figurant un personnage troué est censé signifier l’hospitalité et les espoirs dont est garante la ville de Beijing ; hélas, au grand désespoir des organisateurs des JO chinois, le symbole pourtant très noble n’a pas fait long feu en Europe. Les graphistes n’ont pas attendu pour défaire le logo de Beijing.
Le plus célèbre d’entre eux a réalisé une planche, mettant en scène un condamné sous le feu d’un peloton d’exécution. Le cadavre sert de pochoir sanglant pour imprégner le mur de sa silhouette. Le symbole chinois y a perdu toute sa substance pacifique et d’espoir ! Impossible, à présent, d’entrevoir ce logo sans se remémorer les signifiants liés à l’exécution, à la mort, au sang et à la violence.
Un autre graphiste français, Sergenry, assimile le logo au tracé à la craie de la scène d’un crime (crime scene chalk, en anglais). Le slogan implicitement nous désigne le cadavre de l’Esprit des jeux Olympiques.
Sur le site de Playfair2008, les graphistes assimilent la mascotte chinoise à la sous-traitance surexploitée des ouvrières chinoises. Le mot d’ordre insiste sur le droit des travailleuses : No Medal for the Olympics on Labour Right ("Pas de médaille pour les jeux Olympiques sans les droits des travailleurs").
Toujours sur le thème de la médaille, le groupe World Coalition qui rassemble tous les acteurs engagés pour l’abolition universelle de la peine capitale, associe la médaille d’or au succès édifiant du nombre de peines capitales en Chine. Le slogan Some records must be broken ("Certains records ne sont pas à battre ; pour l’affiche française").
Mais alors, a-t-on tué l’esprit olympique ?
Tous les acteurs de tous bords cherchent des coupables au crime de lèse-majesté commis contre la flamme olympique de Paris. Untel citera les Chinois, un autre les pro-Tibétains, un tel autre les activistes des droits de l’homme, mais rarement on a pointé du doigt les membres du CIO.
Pour ma part, je pense que les premiers coupables sont les organisateurs du CIO pour ne pas avoir respecté l’article 2 de la charte olympique dont je vous soumets un extrait :
"Le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’homme en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine." Cette simple phrase aurait dû suffire à écarter la candidature de la Chine.
L’esprit des jeux olympiques est mort pour cette année 2008, mais tel un phénix qui a péri sous les flammes, il renaîtra on ne peut mieux en 2012, et vous pouvez en être sur, les organisateurs ne joueront plus avec le feu olympique lorsqu’il s’agira de désigner le prochain pays organisateur des JO.
On peut dès lors entrevoir dans le geste des activistes des droits de l’homme un geste salutaire et nécessaire pour soigner l’Olympisme et, par conséquent, la démocratie.
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