Deux Anglais traversent le Pacifique à la rame
Plus de six mois, 189 jours pour être exact, c’est ce qu’auront mis deux Anglais, dans le sillage de Gérard d’Aboville 18 ans presque jours pour jours, à traverser d’ouest en est l’océan Pacifique Nord en duo à la rame. Si d’Aboville et les deux aventuriers anglais sont partis du même point au Japon, ces derniers sont arrivés à San Francisco, ce que n’avait pu faire d’Aboville à cause d’un temps exécrable : lui avait touché le continent nord-américain bien plus au nord, dans la petite ville de Ilwaco dans l’état de Washington.
Il est vrai que les deux Anglais formant l’équipage ont une solide expérience de traversées océaniques à la rame. Mick Dawson, 45 ans, a traversé l’Atlantique en tandem à la rame en 2001 et 2005 et avait déjà essayé de traverser le Pacifique en solo en 2003 et 2004, malheureusement sans succès. Après ces deux échecs dans le Pacifique, il juge qu’il est peut-être préférable de faire cette traversée en tandem et fait donc appel à Chris Martin, 28 ans. Ce dernier a entre autres traversé en solo l’Atlantique en 2005.
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Photo The Golden Gate Endeavour
C’est donc vendredi dernier vers 8h30 que Dawson et Martin ont franchi la ligne d’arrivée fixée sous le célèbre pont du Golden Gate à San Francisco. Le voyage avait débuté le 8 Mai, dans le port de Choshi au Japon, près de Tokyo. Leur bateau de sept mètres de long, le Bojangles, fait de matériaux composites et fabriqué par Woodvale Challenge était équipé de tous les derniers perfectionnements électroniques, dont un émetteur qui signalait éventuellement leur présence, minuscule en plein milieu du Pacifique, à d’autres bateaux.
Quand le Bojangles n’était pas sous ancre flottante, en cas de trop mauvais temps, les deux équipiers se sont relayés aux avirons, par tranche de deux heures, nuit et jour. Aussi, même si cela a failli arriver plus d’une fois, n’ont-ils jamais chaviré, le Bojangles ayant un lest de 50kg dans sa quille. Pourtant ils ont essuyé parfois des tempêtes avec des vagues estimées à 20 mètres. Ils ont aussi vu plusieurs fois des baleines qui se sont parfois approchées très près de leur trop frêle embarcation.
Certains jours, leur embarcation a plus reculé, qu’avancé : la distance théorique entre le Japon et San Francisco est d’environ 8000 kilomètres, et en fait la distance réelle parcourue a été évaluée à plus de 11 100 kilomètres. Il est vrai aussi que plutôt que de suivre la route orthodromique, la plus courte, ils ont davantage suivi la loxodromie et ce pour trois raisons principales :
- Ils ont préféré prendre avantage du courant de Kuroshio situé plus au sud de la trajectoire orthodromique
- Les gros navires marchands représentant un danger potentiel empruntent eux la trajectoire la plus courte.
- Enfin le temps et les vents dominants ne permettent pas de naviguer exactement là où ils veulent
Il était temps que leur traversée s’achève : en novembre dans le Pacifique, le temps commence à se détériorer rapidement. Plus grave encore : une semaine avant leur arrivée, ils avaient totalement épuisé leurs provisions : de la nourriture lyophilisée et des barres énergétiques principalement. Ils avaient pourtant anticipé et avaient contacté les jours précédents un porte-conteneur croisant leur route qui leur a largué de nuit de la nourriture, mais qu’ils n’ont malheureusement jamais pu retrouver. Par chance, ils ont pu être ravitaillés par un hélicoptère qui leur a lancé 60 kg de ration, voir la vidéo ici.
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Photo Christophe Caron
Ayant pu brièvement rencontrer Mick le surlendemain de son arrivée, je lui ai demandé, par simple curiosité, s’ils ont été témoins de la plaque de déchets du Pacifique Nord (Great Pacific Garbage Patch) dont j’avais parlé ici même dans cet article, et que l’expédition Plastiki est censée dénoncer prochainement. Ils ont effectivement bien observé des déchets, surtout des débris de matériels de pêche (lignes, flotteurs et cageots) mais moins qu’on aurait pu penser. A vrai dire, la majorité des déchets qui composent cette plaque du Pacifique Nord, est formée de minuscules particules de plastique, flottant sous la surface.
Mick Dawson et Chris Martin auront perdu pendant le voyage environ 20% de leur poids. Félicitations donc à eux, pour leur exploit qui nous change d’une actualité trop souvent remplie de mauvaises nouvelles.
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