Domenech veut tuer la génération Benzema
Raymond Domenech est en passe de réussir une double mission : tuer la génération Benzema et disqualifier la France au Mondial 2010. C’est la feuille de route secrète que lui ont tracé le nouveau parrain du football français Michel Platini et les barons de la FFF. En est-il vraiment conscient ? Depuis le dernier match contre la Lituanie, il faut croire que oui.
Après avoir éliminé Hatem Ben Arfa et marginalisé Samir Nasri, Domenech vient d’humilier Karim Benzema en lui portant un grave coup au moral. Le nouveau prodige du football français s’attendait à être logiquement titulaire dans le onze de départ contre la Lituanie après le forfait de Nicolas Anelka, mais Domenech lui a préféré le 25ème appelé, remplaçant des remplaçants. Peggy Luyindula, 29 ans et une 5e sélection, cinq ans après la précédente, alors qu’il cire le banc au PSG.
Après le match Domenech a tenté de justifier ce choix de titulariser un joueur qu’il n’avait même pas retenu dans sa liste des 23 : « Il me fallait un joueur de côté avec un profil d’attaquant, un type à la Ribéry... ». Etonnante explication quand on sait que ce profil existait déjà dans le groupe, avec Benzema et Nasri.
Depuis la fin de l’Euro 2008 Benzema n’a plus été titulaire avec les Bleus depuis le premier match de qualification au Mondial 2010 face à la Roumanie.
La presse, qui n’essaie plus de comprendre les errements tactiques de Domenech, achève le moral du joueur lyonnais. « Les infortunes de Benzema », « Le malaise Benzema », « Benzema peut-il craindre pour sa place ? », « Benzema merite-t-il d’être le mieux payé de Ligue 1 à tout juste 21 ans ? ». Pourtant, il pointe à 4,8 millions d’€/an, alors que Lionel Messi (FC Barcelone), même âge, gagne 6 fois plus avec 28,6 millions d’€/an.
L’AFP s’interroge : « L’absence de Karim Benzema du onze de départ de l’équipe de France en Lituanie est un nouveau coup dur pour l’attaquant lyonnais, en grande difficulté cette saison et dont le statut d’étoile montante du football tricolore commence à être sérieusement mis à mal. »
Malmené par Domenech, Benzema ne parvient plus à retrouver la sérénité dans son club et voit la concurrence le rattraper en équipe de France avec les sélections de Pierre-André Gignac et Guillaume Hoarau qui pourraient bien éjecter le Lyonnais de la prochaine liste.
Il est internationalement démontré que la carrière d’un joueur en club est intimement liée à son statut en équipe nationale. Alors qu’il est courtisé par les plus grands clubs d’Europe, Domenech est en train de rabaisser Benzema dans le rang des anonymes du championnat français.
Domenech avait déjà une mauvaise réputation en tant que défenseur. Son jeu rugueux et son look de bad boy lui valurent d’être surnommé « le boucher » par ses adversaires. Nommé sélectionneur de l’EDF en juillet 2004, il connut des débuts catastrophiques et ne doit la qualification au mondial 2006 qu’au retour des trois anciens, Zidane, Thuram et Makelélé, en août 2005.
Confirmé dans son poste après la finale perdue contre l’Italie, il persiste dans ses errements tactiques et la qualification pour le Championnat d’Europe fut arrachée in-extremis, grâce au succès de l’Italie en Ecosse (1-2). La France avait pris la deuxième place avec un point de plus que les Ecossais.
L’Euro 2008 fut catastrophique. La France a quitté le tournoi dès le premier tour, dernière de son groupe avec un seul point et un seul but marqué. Le fait le plus significatif est survenu lors du dernier match contre l’Italie lorsque la blessure de Ribéry donna enfin sa chance à Samir Nasri de faire son apparition. Mais quelques minutes plus tard, après l’expulsion d’Eric Abidal, Domenech fit sortir Nasri pour le remplacer par le défenseur Boumsong alors que la France était menée 1-0 et n’avait plus rien à perdre.
La presse a décerné à Domenech le titre de « plus mauvais sélectionneur de l’Euro ». En 4 ans, il a été incapable de donner une identité tactique et un fond de jeu à cette équipe.
Tous les médias et les supporters des Bleus s’attendaient à la démission ou au débarquement du « boucher ». Deux héros de l’épopée 98 se sont proposés pour prendre la relève, Didier Deschamps et Laurent Blanc. C’est à ce moment qu’ont été mis en œuvre les jeux de coulisses du pouvoir des instances fédérales conservatrices.
Les caciques de la FFF, Jean-Pierre Escalettes, Noël Le Graet et compagnie ont fait bloc pour reconduire Domenech, soutenus par les barons de la Ligue, Jean-Michel Aulas, Gervais Martel, etc… Ils ont focalisé leurs reproches sur « la communication de Raymond Domenech » (?) pour mieux occulter le vrai débat sur son incompétence footballistique.
Michel Platini, président de l’UEFA depuis 2007 et vice-président de la FFF depuis 2001, est entré en scène pour faire barrage au « lobby 98 ». Quand on sait que Platini fut sélectionneur des Bleus de 1988 à 1992, un an seulement après avoir arrêté sa carrière de joueur, il eut cette réflexion étonnante : « Deschamps, Blanc, ça peut être des solutions, mais pas maintenant ».
La génération 98 prendra le pouvoir de la FFF et du championnat tôt ou tard. Mais pour les tenants du pouvoir fédéral, mieux vaut que ce soit le plus tard possible.
Derrière les résultats sportifs, les enjeux financiers sont énormes. Grâce aux revenus télévisuels, la FFF perçoit 43 millions d’euros par saison. Le maillot des Bleus est devenu le plus cher du monde, avec la fin du partenariat historique d’Adidas au profit de Nike qui paye 42,6 millions d’euros par an. Nike versera 320 millions d’euros sur sept saisons entre 2011 et 2018, plus une dotation en équipements de 2,5 millions d’euros par an et des primes de résultats lors des grandes compétitions internationales.
Selon une formule célèbre : "Le vrai souci des hommes d’affaires n’est pas de gagner de l’argent, mais c’est d’empêcher les autres d’en gagner".
Saâd Lounès
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