Far East : à l’Est rien de nouveau... ou presque !
Un tour de France des clubs, région par région et capacité par capacité, une proposition originale et pas souvent expérimentée. A la veille de la dernière journée de ligue 1, détour par les malheureux ravages strasbourgeois et messins.
Cette image est intéressante. Les Messins pointent du doigt le défenseur du Havre dont ils viennent d’être les bourreaux. Les Havrais restent en ligue 2, alors que les grenats accèdent à l’élite. Vieille d’environ un an, cette image est aujourd’hui bien loin de la réalité. Le Havre monte en ligue 1 et est champion de L2, les grenats engrangent une énième saison "ascenseur" en retournant d’où ils viennent. Tout cela n’est pas fait pour se moquer ou rire d’un quelconque club vis-à-vis d’un autre, non. Mais c’est plutôt pour dire que, dans le football, tout se chamboule à la vitesse grand-V. Cette réflexion nous permet d’ouvrir promptement une série d’articles consacrés à cette surprenante saison 2007-2008, qui tiendra en haleine les passionnés jusqu’à la dernière seconde du dernier match. Les stades de l’Est auront largement peiné cette année. Deux des équipes montées vont ainsi directement faire l’ascenseur, conformément aux malheureuses statistiques concernant les promus.
Metz, l’ascenseur malheureux
Longtemps le suspense a duré pour savoir qui composerait le grand tiercé perdant de la L1 cette année. Si le FC Metz s’est rapidement montré incapable de s’imposer, ils n’ont jamais pleinement perdu espoir. Avec une équipe compétitive, composée par exemple de l’international suisse Daniel Gygax, de l’expérimenté Cédric Barbosa ou encore d’un ex-grand espoir français en la personne de Julien Cardy, le maintien semblait largement à la portée des grenats. Pourtant, enchaînant d’abord de mauvais résultats à petite mesure, la saison s’est transformée en grande catastrophe. Alors, on me dira que c’est comme n’importe quelle équipe qui descend, que c’est la loi du football et que l’équipe était tout simplement trop mauvaise. Ce n’est pourtant pas si simple que cela. Le club a d’abord connu le grand succès des années 1990, avec cette fameuse deuxième place et le championnat perdu au goal average en 1998. Puis la décadence en 2001-2002 à cause d’une 17e place synonyme de relégation et d’oubli semblait mettre fin à trente-cinq ans de vie au sein de l’élite du football français et jamais récompensé par un seul titre de champion de France. Mais avec, à ce jour, dix participations à des coupes européennes, toutes compétitions confondues, le club est toujours l’un des plus beaux outsiders français. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il y a un exploit, peut-être le plus beau du football français, que bon nombre de footeux ont oublié. Lors de la coupe des vainqueurs de coupes, saison 1984-1985, le FC Metz modeste club français se trouve opposé au gigantesque FC Barcelone. Battus 4 buts à 2 à Saint-Symphorien, les grenats feront la fierté du football français en écrasant les Barcelonais au Camp-Nou par 4 buts à 1 ! Aujourd’hui réduite à être racontée aux comptoirs du bistrot, l’anecdote a pourtant de quoi en passionner et en impressionner plus d’un. Malheureusement, les grenats seront éliminés au tour suivant pas le très modeste Dynamo Dresde. Accusant aujourd’hui plus de 2 000 matchs de ligue 1, 2 titres de champion de ligue 2, 2 coupes de France et 1 coupe de la ligue, le club n’arrive pas à stopper l’hémorragie qui l’empêche de se poser sereinement au sein du classement de l’élite. Et, pourtant, ayant formé ou accueilli des perles comme Robert Pires, Franck Ribery ou Louis Saha, le club mérite certainement un bien meilleur sort. Entaché par les problèmes de racisme suite au match FCM-VA, le club est de nouveau dans la tourmente alors que les supporters n’y croient plus et que les 2 montées et 3 descentes quasi consécutives finissent par achever le moral non seulement des troupes… Mais également du public grenat de toujours ! L’exercice 2007-2008 s’achève enfin pour les Mézin qui accusent tout de même un goal average à -37 avec 61 buts pris, pour seulement 21 points d’engrangés. Situation quelque peu décourageante pour les dirigeants, il reste à trouver une solution durable pour s’imposer plus de deux ans en Ligue 1 et de s’inscrire durablement dans la lignée des résultats d’antan. Symbole de l’espoir toujours vivant au sein des grenats, la construction d’un nouveau stade vient de passer à l’étude.
Strasbourg, et maintenant ?
La situation strasbourgeoise n’est pas si éloignée de celle du rival local. Depuis la saison 2000-2001, le club fait le yoyo entre L1 et L2 avec un maximum de trois années d’affilée dans l’élite entre 2002 et 2005 avec des résultats satisfaisants pour un pensionnaire de milieu de tableau, candidat au maintien. Il faut dire que depuis les années 2000 et tous les événements dits « en marge » du terrain, à savoir insultes de supporters pour résultats insuffisants, pétards lancés sur le terrain et surtout affaire des faux passeports, le club peine à retrouver une parfaite sérénité. Affichant un titre de champion de France et trois coupes de France, Strasbourg est loin d’être le petit poucet du football français. Que dire pourtant, si ce n’est que Strasbourg a été un vivier à champions pour les clubs français et étrangers. Les frères Farnerud, Luyindula, Pagis, Vercoutre, Sidi Keita ou Mamadou Niang sont autant de beau monde qui ont enchanté les journées footballistiques alsaciennes à la fin des années 1990. La Meinau y a pourtant beaucoup cru. Le maintien a longtemps paru assuré même en redescendant à la 15e, puis 16e place au terme des 20e et 31e journées. Mais les résultats catastrophiques de la fin de saison ont définitivement scellé les espoirs alsaciens. Avec un seul match gagné en plus de 13 rencontres, les Strasbourgeois sont véritablement tombés « au fond du trou ». Difficile d’imaginer qu’à quelques matchs de la trêve hivernale, le club pointait à la 10e place du championnat… La chute a été très dure pour les hommes de Furlan, d’autant plus que la descente était bien plus médiatisée pour Sochaux, Toulouse ou le PSG que pour ces pauvres diables du Racing, que l’on croyait une bonne fois pour toutes assurés du maintien. Strasbourg semblait pourtant avoir un effectif alléchant avec quelques bons transferts comme James Fanchone, qui n’arrivera finalement jamais à relever la barre entre ses blessures et ses contre-performances. Il ne faut pas oublier Manuel Dos Santos, en provenance de Monaco, qui également, ne pourra que constater les dégâts. L’attaque si performante et ambitieuse des premiers jours avec l’excellent espoir Gameiro, associé à l’ancien buteur Sochalien Alvaro Santos, ne réussira plus à faire trembler les filets adverses, sauf lors d’un sursaut d’orgueil et la victoire à l’extérieur face au Mans (0-1) lors de la 26e journée. Mais l’oiseau tombe irrémédiablement et sans gagner un seul match, le Racing s’est enfoncé dans la ligue 2 à 2 journées de la fin. Strasbourg est pourtant moins stigmatisé médiatiquement que le voisin messin, car relativement inattendu ici une bonne partie de la saison. Peut-être le club s’en remettra-t-il mieux, et c’est à espérer car le football de l’Est a besoin de ce club majeur ayant disputé 56 saisons en L1 et pas moins de 12 compétitions européennes.
La prochaine fois, nous verrons, face à ces deux clubs, l’antinomie provoquée par l’excellent AS Nancy-Lorraine, et la saison « corde au cou » passée par le FC Sochaux, qui avait pourtant de grandes ambitions européennes...
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