Football : de l’utilité d’un deuxième grand club à Paris
Le Paris-Saint-Germain est le seul club de la capitale au sein de l’élite du football français. Il a même failli la quitter cette année. Chez nos voisins européens, les clubs des capitales sont à l’inverse plutôt nombreux. Et leurs résultats sont relativement meilleurs que ceux de nos clubs hexagonaux. En dehors des impôts inexistants et des salaires exorbitants qui y attirent les meilleurs joueurs, faut-il voir une relation de cause à effet entre la présence de plusieurs clubs dans la même ville et ces brillants résultats ?

Pour commencer, je vais essayer d’éviter toute réaction vaseuse : je n’ai pas fait de faute dans le titre, il y a bien déjà un premier club de foot à Paris...
Certes, il s’en est fallu de peu pour que la capitale ne soit plus représentée dans l’élite hexagonale la saison prochaine. Trois points exactement... Une victoire de moins et le PSG allait découvrir les "joies" de la L2.
Exister sur la scène européenne
A l’heure où le football français a de plus en plus de mal à exister sur la scène européenne, un tel "événement" aurait sans doute renforcé cette impression.
Pourquoi ? Eh bien, il suffit de jeter un coup d’œil aux autres championnats, les vrais grands championnats européens (mais aussi les autres) :
- Angleterre : les doigts d’une main ne suffisent pas à compter les clubs londoniens. Arsenal, Fulham, Chelsea, Tottenham et West Ham en Premier League et huit autres clubs professionnels ;
- Espagne : Real Madrid, Atletico Madrid (sans compter les clubs de la banlieue madrilène) ;
- Italie : AS Roma, Lazio ;
- Ecosse : Celtic et Rangers à Glasgow ;
- Portugal : Benfica, Sporting Club ;
- Allemagne : c’est un peu un cas à part, le Herta Berlin ne croulant pas sous les titres en ce moment. Mais le Bayern Munich suffit (presque) à faire briller le foot allemand partout.
Les exemples pourraient encore être nombreux. En France, nous avons donc le PSG... et le Paris FC qui végète en National. Pas très "glorieux" ?
Pourtant, ce n’est probablement pas un problème d’infrastructures ou de moyens financiers : à Paris, il y a plusieurs stades, et même si deux clubs devaient jouer au Parc des Princes, ça ne poserait pas forcément problème. D’ailleurs, que font-ils à Milan ? Côté financier, il y a toujours quelqu’un pour injecter des millions dans un club (un peu plus à l’est je vous dis). Et puis Paris est une ville qui a toujours fait rêver et là, je ne parle plus de sport.
En pensant au Racing
Si l’on revient une vingtaine d’années en arrière, on se souvient de l’exemple du Matra Rcing, RP1 ou Racing Club de France (le même club, mais qui a connu plusieurs appellations). En 1982 déjà, l’industriel Jean-Luc Lagardère avait décidé de s’investir dans le football et s’était donné pour but de doter Paris d’un second grand club. À l’époque, la deuxième équipe de la capitale est le Paris FC qui vient de redescendre en Division 2, n’arrive pas à se bâtir un soutien populaire, et fait face à une grave crise financière. Lagardère décide de ressusciter le nom et l’image du Racing, comptant sur les nostalgiques de la grande époque (vice-champion de France en 1961 et 1962, champion de France en... 1936) pour faire naître un public. Il rachète donc la section professionnelle du Paris FC, rebaptisée Paris 1, et la fusionne avec la section football du Racing sous le nom de Racing Paris 1. L’objectif fixé est aussi simple qu’ambitieux : remporter une Coupe d’Europe dans les dix ans.
Mais la mayonnaise a du mal à prendre et malgré la venue de grosses pointures (Pascal Olmeta, Enzo Francescoli, Luis Fernandez, Maxime Bossis...), le club n’arrive pas à s’installer durablement dans l’élite du foot français. Le public ne suit pas non plus, d’autant que le PSG devient, lui, de plus en plus performant... Entre problèmes financiers et sportifs, le Racing est rétrogradé en D2 et même en D3, à la demande des dirigeants.
Aujourd’hui, le Racing est en CFA (l’équivalent de la quatrième division) mais son avenir reste flou...
Michel Moulin relance le débat
L’idée d’un deuxième grand club à Paris n’est toujours pas morte et ferait régulièrement surface... même si elle a tout d’une Arlésienne.
Et ce ne sont pas les propos de Michel Moulin qui vont à l’encontre de cette thèse. Michel qui ? Michel Moulin, l’homme qui a été nommé conseiller sportif du PSG, il y a quelques semaines, après le départ du président Cayzac, afin de sauver la peau du PSG en L1. Mission accomplie, merci et au revoir. Les actionnaires ne semblent effectivement pas décidé à le garder dans leur club.
Ce qui a fait dire à M. Moulin qu’il "ratait quelque chose à Paris", même s’il a exprimé son souhait de rester dans le football : "C’est vrai, je rate quelque chose avec le PSG, mais je crois que je ferai un deuxième club à Paris et un club d’un niveau élevé. J’ai en tête plusieurs clubs, mais, pour l’instant, je n’en dis pas plus. Je suis un passionné..."
Alors que faut-il comprendre par là ? A-t-il un œil sur le Racing ou le Paris FC ? Autre chose ? Si les choses continuent, ce n’est de toute façon pas pour demain qu’il y aura un derby 100 % parisien en Ligue 1 (ou ailleurs).
D’ici là, le PSG va tenter de se reconstruire dès la saison prochaine, avec un nouveau président (Charles Villeneuve vraisemblablement). Sans parler d’Europe ou de titre tout de suite, l’objectif du club sera d’éviter une nouvelle saison noire comme celle qui vient de s’achever.
Et alors, à ce moment-là, peut-être qu’une concurrence renforcée dans le championnat renforcera l’intérêt de celui-ci... On a bien vu qu’il était préférable de voir un duel entre Lyon et Bordeaux qu’un cavalier seul de l’OL. Preuve qu’un deuxième club à Paris pourrait s’avérer d’utilité footbalistique publique... même si certains contribuables trouveraient à y redire.
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