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Franck Cammas, l’étoffe d’un géant !

Après trois tentatives infructueuses en solitaire, le skipper de Groupama 3 Franck Cammas vient d’accrocher mardi à son palmarès, la plus mythique des transatlantiques. Après Mike Birch, Florence Arthaud ou Laurent Bourgnon, le plus couronné des marins en multicoques entre à son tour dans la légende du Rhum. Retour sur un parcours sans faute pour un marin hors normes.

Franck Cammas
Seul au beau milieu de la Manche après seulement quelques heures de course, Franck Cammas, vêtu de sa combinaison de survie s’agrippe au flotteur de son trimaran vert renversé par la grande houle. Nous sommes en 2002, lors de la 7e édition de la Route du Rhum qui ne s’appelait pas encore La Banque Postale. Une année noire pour la majorité des skippers engagés en multicoques 60 pieds et qui connaitront à tour de rôle comme le jeune aixois de 29 ans dont c’est la deuxième participation sur le Rhum, les fortunes de mer les plus diverses. Sur les 18 solitaires engagés dans la catégorie reine des multicoques seulement trois, Michel Desjoyeaux (Géant), Marc Guillemot (Biscuits La Trinitaine) et Lalou Roucayrol (Banque Populaire) pointeront le bout de leurs étraves dans la moiteur torride et survoltée du port de la Darse à Pointe-à-Pitre. Et encore au ralenti, bord à bord avec les monocoques, pour ne pas finir « sur le toit » comme il est coutume de dire dans le jargon de la voile. Devant cette hécatombe, les organisateurs de la course penseront un temps bannir de la compétition ces grandes libellules de mer, jugées trop instables et volages par gros temps. « Les grands bateaux de 105 pieds d’aujourd’hui sont finalement beaucoup plus stables et plus sains que les 60 pieds de naguère. C’est l’une des raisons pour laquelle j’ai choisi de partir sur Groupama 3 plutôt que sur Groupama2. En dehors des phases de manœuvre où les forces pour lever la voile sont décuplées, ce sont des bateaux que l’on peut laisser plus facilement sous pilote automatique. Les 60 pieds plus légers, réagissaient instantanément aux changements brusques de vent. Cela entrainait de nombreux chavirages, même si en multicoques le risque zéro de se retrouver subitement à l’envers n’existe pas » raconte le skipper. 
 
 
Temps de référence
 
Quatre ans plus tard, les conditions climatiques exceptionnelles de la 8e Route du Rhum-La Banque Postale, beaucoup de vent établi et peu de dépressions scélérates dans le golf de Gascogne, inversent totalement la tendance et voient le sacre des multicoques 60 pieds. L’inattendu Lionel Lemonchois sur Gitana 11, pulvérise le temps de référence de Laurent Bourgnon de 12 jours et rallie Saint-Malo à Pointe-à-Pitre en seulement 7 jours, 17 heures, 19 minutes et 6 secondes. « La course s’est déroulée comme un sprint parce que c’étaient des conditions où les bateaux pouvaient vraiment aller très vite. Pas beaucoup de tactique mais en revanche beaucoup de vitesse. En ce qui me concerne avec une 5e place, j’étais plutôt déçu du classement. Maintenant les compteurs sont à zéro » expliquait Franck Cammas juste avant le départ. 
 
En 2010, renouant avec l’esprit d’aventure des origines, Pierre Bojic, le président général de Pen Duick, la société organisatrice de la Route du Rhum-La Banque Postale décide d’ouvrir la compétition aux grands multicoques de 60 pieds sans limite de taille. Après une période de doute quant à la faisabilité économique de ce projet, ce sont finalement 9 multicoques de 18m28 et plus qui s’amarrent aux anneaux du bassin Vauban à Saint-Malo pour le départ. Signe tangible de cette folie des grandeurs, le Groupama 3 de Franck Cammas restera, quant à lui, en raison de ses dimensions titanesques (31m50) dans l’avant-port, faute de pouvoir passer les écluses.
 
Détenteur du Trophée Jules Verne
 
Fantastique détenteur du Trophée Jules Verne en équipage en mars dernier-48 jours 07 heures 44 minutes 52 secondes- avec entre autres comme co-équipier un certain Thomas Coville (Sodebo), le skipper le plus couronné en multicoques rêvait d’accrocher à son palmarès la plus belle des transatlantiques. Car en dépit de ses quatre participations à la Route du Rhum-La Banque Postale, le navigateur de 37 ans originaire d’Aix en Provence n’avait jamais gagné de grande course en solitaire (mis à part Le Figaro en 1997 ndlr). Avec l’incroyable esprit de synthèse et le sens de la gagne qui le caractérisent, Franck Cammas décide finalement de se lancer dans la course à bord de son géant vert adapté pour l’occasion à la navigation en solitaire. « Groupama 3 possède deux configurations totalement différentes. Pour la Route du Rhum, nous avons construit un mât qui est plus court de 4 mètres. Nous avons changé tous les efforts possibles sur le bateau pour que des voiles soient plus légères et puissent être véritablement bordées par un homme seul  ».
 
Une stratégie payante qui propulse aujourd’hui ce sportif de haut niveau, mélomane, adepte du vélo et des sports d’altitude au firmament de la course au large. Passé en tête à la bouée du cap Fréhel, Franck Cammas qui a d’emblée misé avec ses deux routeurs Jean-Luc Nélias et Charles Caudrelier sur la route sud, n’a jamais durant tout son parcours de 9 jours 3 heures 14 minutes 47 secondes, été vraiment inquiété par les autres concurrents de la classe Ultime. "Groupama 3 a mis une Valda à ses concurrents" déclarait il y a quelques jours Michel Desjoyeaux qui peine actuellement de son côté sur la même option sud avec son monocoque 60 pieds. En décrochant le Saint-Graal que constitue pour tous les marins le Rhum, le triple vainqueur de la Transat Jacques Vabre vient de démontrer au monde de la voile qu’il est parfaitement capable de maitriser seul son hydre à trois têtes. La seule petite ombre au tableau concerne peut-être le temps de référence de Lionel Lemonchois qui ne sera pas battu en 2010. 
 
 
Volvo Ocean Race
 
Au moment où Groupama a annoncé la fin de son partenariat en multicoques, la performance sans appel de Franck Cammas et de ses poursuivants directs Thomas Coville et Francis Joyon (Idec) en classe Ultime relance le débat sur l’organisation d’une grande compétition à l’horizon de 2011-2012 pour les maxi-trimarans. En attendant, le nouveau prince de l’Atlantique s’attèlera bientôt à un autre défi. Participer sur un monocoque flambant neuf de 21 m50 baptisé Groupama 70 à la Volvo Ocean Race. Depuis 1973, l’ex-Whitbread demeure la grande course autour du monde en équipage et par étapes réservée aux monocoques. Organisée tous les quatre ans, elle rassemblera au départ d’Alicante en Espagne fin 2011 le gotha de la voile internationale. Une occasion unique pour Franck Cammas et ses hommes de se mesurer à une autre légende de la mer Eric Tabarly. En 1993, il fut le dernier marin à faire prendre la mer à un équipage français sur cette course. Qu’importe le tangon, pourvu qu’on ait l’ivresse !
David RAYNAL

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4 réactions à cet article    


  • TSS 10 novembre 2010 17:25

    je prefère F.Joyon lui aussi recordman du tour du monde, mais en solitaire, sur son trimaran de

    30 metres(57 jours ,seulement 9 jours de plus) beaucoup plus« taiseux » ,moins mediatique !

    souvent comparé au grand Eric pour son caractère « bourru »et sa façon d’apprehender la

    course... !!


    • Fergus Fergus 10 novembre 2010 17:56

      Bonjour, David.

      Gagner sur le plus grand, le plus puissant, le plus performant, le plus coûteux trimaran relativise l’exploit, non ?


      • Shaytan666 Shaytan666 10 novembre 2010 20:00

        Sans oublier qu’à terre il a une équipe de conseillers, qui lui disent p.ex. la meilleure route à suivre en fonction des vents.
        La voile de compétition est devenue un grand cirque publicitaire, comme pratiquement tous les sports d’ailleurs.
        Des gens comme Tabarly étaient des marins, eux ne sont que des pousseurs de boutons.


      • LOKERINO LOKERINO 12 novembre 2010 07:22

        «  »eux ne sont que des pousseurs de boutons.«  »

        encore une preuve qu’il n’y a pas besoin de connaître le moindre aspect d’un sujet pour faire ici des affirmations fausses et péremptoires !!!

        TSS Cammas est arrivé premier , il avait certes l’un des plus puissant bateau de la flotte mais il a aussi extrêmement bien géré sa course d’un bout à l’autre

        Joyon fait aussi des résultats extraordinaires avec un bateau bien conçu mais réalisé avec des techniques 5 fois moins coûteuses que les autres et de la recup des winchs jusqu’au voiles
        Un exploit dans l’exploit
        A noter que ce deuxième n’a pas eu de contact avec le reste du podium depuis l’arrivée ce qui en dit long sur l’ambiance du milieu....

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