Halte au footbiz
Cette année encore, la France n’a pas placé de représentant en quart de finale de Coupe d’Europe. Les libéraux ont des solutions (défiscalisation des salaires, principe de libre concurrence...) qui mettent en danger l’essence même du sport. Alors que des solutions existent pour redistribuer les cartes à l’échelon européen et enfin remettre la glorieuse incertitude du sport au centre du terrain.
Réduction du nombre de matchs
Tout le monde s’accorde à dire que les effectifs des clubs français sont limités quantitativement par rapport aux grosses cylindrées anglaises, italiennes ou espagnoles. Comment alors encore légitimer une Ligue 1 à vingt clubs, facteur de surcharge du calendrier. On peut aussi s’interroger sur la présence d’une Coupe de la Ligue, compétition « sandwich-pub », qui fait de l’ombre à l’historique Coupe de France depuis quelques années.
Une vraie réforme des transferts
Là encore, tout le monde est à peu près d’accord pour affirmer qu’une équipe anglaise, Arsenal, en quart de finale de C1, sans Anglais, cela ne fait pas très sérieux. C’est une des fâcheuses conséquences de l’arrêt Bosman. Le projet de Platini du « 6+5 », 6 joueurs du pays plus 5 étrangers, semble être avorté. Alors qu’il faudrait aller encore plus loin. Par exemple, en plafonnant les indemnités de transfert selon des critères réels et quantifiables (durée restante du contrat, salaire du joueur) pour harmoniser les prix et éviter les dérives inflationnistes. Mais ce genre de mesure, applicable à toute l’Europe, n’est possible que si l’on réaffirme encore plus fort l’exception sportive.
L’exception sportive
Le sport, au même titre que la culture, n’est pas un marché comme un autre qui doit être régi par les lois de la libre concurrence. Ce principe, affirmé dans le livre Blanc du Sport, ne doit pas être bafoué par les velléités de certains gros clubs, affamés de profits, d’aller à terme vers une Ligue européenne fermée selon le modèle américain. Au contraire, tout doit être fait de manière à préserver l’égalité des chances entre les équipes dès le départ. Par exemple, en fondant une instance de gestion à l’échelon européen selon le modèle DNCG qui contrôlerait de près tous les clubs avec des réels pouvoirs de sanction (limitation ou contrôle du recrutement). De même, la fiscalisation accrue des salaires de joueurs en France n’est un problème si l’on applique la même règle partout en Europe, pourquoi pas en s’inspirant du « Salary Cap » (seuil salarial à ne pas dépasser).
Reconnaître réellement la formation
Là aussi, le monde du foot est unanime pour reconnaître que ce qui fait la force du foot français c’est la formation. C’est ce qui permet à l’équipe nationale de briller et ce qui permet à nos clubs pros de survivre jusqu’au départ de nos pépites. Ce point fort doit donc être véritablement reconnu et préservé. Par exemple, en rémunérant plus justement les clubs formateurs lors des transferts et en préservant une part du gâteau au monde amateur lors de la redistribution des droits de diffusion.
Bref, si le foot français ne marche pas en Coupe d’Europe ce n’est pas forcément parce que le modèle français n’est pas bon. C’est aussi parce que les autres ne sont pas tout à fait justes et qu’ils ne préservent pas le principe de l’incertitude du sport en favorisant toujours plus le plus fort financièrement.
Le combat du lobbying français dans les instances devrait viser à préserver et favoriser notre point fort (la formation) et faire en sorte de gommer les injustices en harmonisant réellement et justement le droit économique du sport.
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