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Accueil du site > Culture & Loisirs > Sports > Il n’y avait toujours pas de plan B

Il n’y avait toujours pas de plan B

Bernard Laporte va quitter l’Equipe de France avec un bilan moyen et au terme d’une Coupe du monde ratée.

Lorsque des cycles se terminent, comme celui de Bernard Laporte à la tête du XV de France, il est toujours intéressant de se pencher sur les chiffres pour tirer un bilan. Ainsi, que peut-on constater ?

Tout d’abord l’Equipe de France se fait éliminer en demi-finale de la Coupe du monde (la France a notamment été en finale en 1987 et 1999), le minimum syndical depuis 1991 et une élimination en quarts, et ce à domicile. En outre, elle a perdu un match de poule contre l’Argentine, ce qui ne lui était jamais arrivé auparavant. Cette Coupe du monde est donc un échec, surtout pour une édition jouée sur le sol national. Rappelons en effet que le sélectionneur a bénéficié de conditions inédites et exceptionnelles pour pouvoir préparer ses joueurs (mise à disposition par les clubs, facilités d’entraînement, moyens...), sans parler bien entendu de l’avantage de jouer à domicile. En 2003, l’élimination, pourtant peu glorieuse en demi-finale, est paradoxalement un meilleur résultat que celui de cette année...

Pour nous convaincre que Bernard Laporte est un grand entraîneur on parle alors de son bilan en Tournoi des VI Nations (victoires en 2002, 2004, 2006 et 2007, dont 2 grands chelems), mais son ratio victoires/tournois disputés est globalement celui du XV de France depuis le début des années 80. Fondamentalement le seul réel adversaire au niveau européen de la France reste l’Angleterre, et nous avons perdu les deux matchs les plus importants de l’ère Laporte contre eux en Coupe du monde... La suprématie européenne sous la conduite du futur secrétaire d’Etat n’a donc rien d’extraordinaire, et ce pendant une période où les clubs français ont eux-mêmes prouvé leur valeur sur la scène européenne.

Tout cela dessine au final un ensemble de résultats dans la moyenne, pas plus, assombri par l’échec de cette Coupe du monde. En effet, il ne faut pas se voiler la face, cette élimination contre l’Angleterre est bien un échec. La belle victoire contre les Blacks - ou plutôt leur défaite, tant ce sont eux qui ont perdu, en partie desservis par un arbitrage heureux pour les Français - n’aura été qu’un sursaut, masquant une absence flagrante de sens tactique et d’ambition de jeu collective. La France a été incapable de modifier son jeu en cours de partie face à des adversaires contre lesquels il fallait manifestement changer de tactique (Argentine, Angleterre). Miser sur la seule défense et le jeu d’occupation au pied ça peut fonctionner - miraculeusement - contre les Blacks, mais pas contre l’Angleterre qui est elle-même une équipe défensive et qui dispose du meilleur joueur au pied au monde (Wilkinson). Contre les Blacks, la France avait la tactique pour ne pas perdre, mais contre les Anglais il aurait fallu jouer pour gagner. Bernard Lapasset, le président de la FFR ne dit pas autre chose quand il indique « ... Je ne comprends pas la manière dont on a joué ce soir (samedi). Quand on joue contre les Anglais on ne joue pas comme eux. On joue à la française et on se fait des passes ». En somme nous avons eu droit à un remake de la demi-finale de 2003 : pas de plan B, mais cette fois c’était à Saint-Denis.

On pourrait aussi revenir sur une composition étrange de l’équipe puisqu’on reconduit manifestement certains joueurs « cuits » après les quarts de finale, on refait le coup de l’émotion lors de la distribution des maillots (évoquée par Michalak), on rate son coaching (les joueurs entrants ont coûté des points plus qu’ils n’ont apporté du sang neuf).

Bien sûr les joueurs sont les premiers responsables de la défaite, notamment pour n’avoir pas pris des initiatives eux-mêmes - c’est ce qu’on demande à des joueurs comme Pelous, Ibanez , Betsen ou Jauzion, qui ont une énorme expérience, être capables d’impulser des changements quand ça ne va pas, se prendre en main -, mais le staff et singulièrement Laporte ont raté leur approche tactique et mentale de cette demi-finale et l’ont mal gérée pendant son déroulement.

Tout cela est frustrant car l’Equipe de France a de bons joueurs. Tout cela est frustrant, car on ne verra pas une Coupe du monde en France avant longtemps. Tout cela est frustrant, car dans quatre ans, ce sera mission impossible en Nouvelle-Zélande. Tout cela est frustrant, car nous avons éliminé la meilleure équipe du monde pour perdre contre une équipe solide et fière, mais sans imagination et sans jeu. Tout cela est frustrant, car le rugby de cette Coupe du monde fait la part belle à la seule occupation de terrain et à l’absence de prise de risque. Tout cela est frustrant, car nous avons perdu. Il nous reste seulement à espérer que le jeu mis en place par le nouveau staff du XV de France nous fera à nouveau vibrer et espérer.


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13 réactions à cet article    


  • stephanemot stephanemot 15 octobre 2007 10:17

    logiquement battue chez elle par l’Argentine et l’Angleterre, incapable d’emballer un match contre une équipe bien en place, la France ne mérite pas de prétendre au titre suprême.

    même la victoire contre la Nouvelle Zélande a un goût amer : cinq minutes de panache pour une équipe certes sympathique et forte de talents incontestables, mais à des années lumière des grandes équipes d’antan.

    Signe des temps : la star n’est plus un créateur génial et aérien mais un monstre gentil aux bras et au système pileux surdimensionnés.


    • Voltaire Voltaire 15 octobre 2007 10:33

      Toujours difficile de savoir qui est responsable dans une défaite...

      Contre les blacks, la France avait montré une envie supérieure, qui avait emporté le match.

      Contre les anglais, qui nous connaissent bien et savent jouer sur nos points faibles, il aurait sans doute fallu faire preuve d’un peu plus d’imagination. Par exemple, deux joueurs anglais se précipitaient systématiquement sur Beauxis dès que celui-ci était en position de faire un drop, dégarnissant par cela les lignes arrières. Un petit coup de pied par dessus pour un joueur en percussion comme Jauzion aurait pu débloquer le jeu. De même, le premier essai contre les blacks était venu de plusieurs phases de renversement de jeu, qui auraient certainement étaient efficace contre une défense anglaise solide mais moins mobile.

      Fatique ou manque de motivation ? Les bleus ont souvent fait des fautes sur leurs phases d’attaque. Et quand on ne marque pas après avoir passé quelques minutes près de la ligne d’en-but adverse, on se fait souvent prendre des points par la suite faute de garder la motivation.

      Il est certain que l’entraineur aurait dû faire un peu touner son effectif : la France, si elle n’a pas les meilleurs joueurs du monde, possède un banc remarquable sur lequel elle aurait dû s’appuyer, au moins pour laisser reposer certains membres vieillissants de son pack.

      Mais on ne refait pas l’histoire. Le rugby français est devenu très professionnel, avec de nombreux joueurs prometteurs. Le nouvel entraineur aura 4 ans pour préparer une équipe qui ne sera pas favorite en Nouvelle Zélande (ce qu’elle supporte mal), et pourra donc créer une surprise.

      Dans l’ensemble, cette coupe du monde a proposé de très beaux matchs, engagés, avec peu de fautes et de mauvais gestes. J’avais placé les bocks comme favori dès le début, et les anglais sont bien revenus. Bravo à eux. Et espérons que les bleus saurons se mobiliser devant leur public contre des argentins qui n’ont pas démérités et seront certainement motivés pour prendre une troisième place.

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      • CAMBRONNE CAMBRONNE 15 octobre 2007 14:10

        BONJOUR VOLTAIRE

        excellente analyse que je partage .

        J’ai regardé tous les matchs y compris ceux des autres et j’ai apprécié la correction que j’opposerais à l’attitude des footeux en général et surtout de leurs supporteurs.

        Cette coupe du monde nous ne la gagnerons pas cette fois ci mais nous l’avons quand même organisée et pour l’instant c’est une réussite .

        J’ai découvert l’équipe d’argentine qui me plait beaucoup et qui fait honneur au rugby .

        Salut et fraternité .


      • LE CHAT LE CHAT 15 octobre 2007 11:26

        manquant de punch et d’agressivité , la France ne pouvait pas gagner contre cette solide équipe championne du jeu défensif ! encore une fois , ça été Johnny , fais moi mal ! smiley


        • Rage Rage 15 octobre 2007 12:20

          Bonjour,

          Article sans doute un peu dur, mais lucide : M. Laporte n’a pas excellé, bien au contraire.

          L’équipe de France a joué « petit bras » à tous les matchs importants.

          Figée contre l’Argentine, « facile » contre l’Irlande hors du coup, « opportuniste » face aux Blacks, elle n’a clairement pas joué son jeu.

          Toute la coupe du monde j’ai eu l’impression de voir un potentiel énorme bridé par une tactique « frileuse » de défense à tous prix et de jeu au pied.

          La possession Black voulait tout dire en 1/4 : 70% - 30%. Les Français n’ont pas fait le jeu.

          A subir et à jouer en contre au pied, la chance aidant contre les Blacks (voir le en avant du 2ème essai), il fallait tomber contre une équipe défensive pour voir le résultat : à jouer au con en défense, on se fait avoir par l’opportunisme des drops à l’anglaise.

          Tactiquement, la France a fusillé son jeu et ses potentiels.

          Quand on voit le jeu de main des Blacks, leur envie, leur mental, on se dit qu’ils jouent à fond. La France peut produire pareil : mais à proposer des équipes « qui ne perdent pas » on fini au final par ne pas gagner...

          L’illusion a fonctionné jusqu’en 1/2 : il fallait bien qu’à un moment cette illusion se dissipe... ça me rappelle étrangement une façon de faire de la politique actuelle...


          • ytty54 ytty54 15 octobre 2007 12:49

            oui bien d’accord avec toi vivement que l’on retrouve un style de jeu plutôt que de copier celui des autres ! un jeu où Poitrenaud pourra faire valoir son poste et ses relances, Michalak attaquer à la main ou aux pieds comme il le sent, Nallet pourra perforer l’adversaire et notre premlière ligne n’attendra pas le rétablissement de Marconnet...


            • Christophe Christophe 15 octobre 2007 12:56

              Bonjour Chem,

              Une petite remarque. La tactique contre les All Black a légèrement changé entre la première et seconde période ... un peu plus de jeu à la main. Le jeu français n’était que très peu intéressant, peu conquérant en première mi-temps.

              Contre l’Angleterre, nous sommes d’accord sur l’erreur tactique ; lorsque les avant sont plus puissant, on mise généralement sur un jeu plus vif. C’est souvent la tactique française payante contre l’Angleterre.

              La vivacité doit se traduire par de nombreux temps de jeu ; ce qui n’est pas ce que nous constatons dans cette dernière demi-finale. En jouant à l’anglaise, les français avait certes une possibilité de l’emporter ; mais en jouant dans un registre plus vif, plus ouvert, ils étaient quasiment certains de l’emporter.

              A jouer un match terne, sans ouverture, malgré une possession de balle de l’ordre de 60%, est une véritable erreur. Il vaut mieux perdre en tentant de l’emporter (comme l’a fait l’Argentine en demi finale) que perdre en axant sa tactique pour ne pas perdre. En tout état de cause, la tactique doit être élaborée avant match pour s’adapter au mieux aux forces et faiblesses de l’adversaire. La France n’a pas su le faire, elle n’a joué que sur les forces de l’adversaire, et à ce jeu là, on s’expose.


              • claude claude 15 octobre 2007 14:09

                petites questions de néophyte pas technicienne du tout, touchée par le gros chagrin de chabal :

                et si tout simplement nos braves français avaient oublié l’essentiel ? jouer pour se faire plaisir ??? comme l’ont fait les magnifiques géorgiens, les portuguais et toutes ces petites équipes qui n’avaient rien à perdre et qui étaient heureuses d’être en phase finale de la coupe du monde ???

                le rugby est un jeu, et dans le jeu, il y a la notion de plaisir...

                moi, j’ai aimé la joyeuse et fière pagaille des équipes que l’on dit « petites », mais qui sont grandes, tant elles ont montré de panache... smiley et si c’était ça le vrai rugby ???


                • COLRE COLRE 15 octobre 2007 17:38

                  @Claude, même du temps du rugby amateur, on jouait pour gagner, mais il fallait gagner « avec la manière ». Sinon, gare à la défaite, car on avait plus aucune excuse ! J’ai connu le rugby d’antan (d’il y a 30 ans), souvent gagnant, avec pourtant des observateurs toujours critiques pour l’équipe (du fait de cette sacro-sainte « manière »). On riait bien à l’époque, comparativement au foot, car là on y perdait très souvent, mais toujours avec la bénédiction des jouranlistes !


                • COLRE COLRE 15 octobre 2007 15:32

                  Bon article qui remet les pendules à l’heure. Un bilan moyen pour Laporte, pour la France qui, je trouve, n’a pas su passer la frontière du professionnalisme.

                  Il faudrait que l’on se rende compte que le rugby amateur d’antan (cassoulet-connexion, comme a dit je ne sais plus qui, ici, @CAMBRONNE ?) n’était pas le même jeu (sport, on dit maintenant). Les joueurs sont formatés quasi pareils et un troisième ligne ferait quasi un très bon ailier !

                  J’aimerais aussi ne pas oublier l’importance de l’arbitrage dans ces matchs 50/50. Je l’avais dit il y a une semaine, tout pourrait se jouer là, et tout s’est joué là, non pas comme le dit @l’auteur (un arbitrage heureux pour les Français) qui laisse sous-entendre une erreur d’arbitrage en faveur des Français (moi, je me souviens d’un placage sans le ballon d’un gars qui courrait dans l’en-but à la suite du ballon, et qui aurait bien mérité un essai de pénalité !). L’arbitre fut tout simplement exceptionnel d’intelligence, laissant jouer, jouant même avec les joueurs ! sifflant peu... et ce genre d’arbitrage nous réussit toujours.

                  Qui se souvient de Gynnes Walters, article gallois mythique des années 60, qui riait en arbitrant, et aimait le rugby champagne de notre équipe de l’époque ?


                  • ddb19 15 octobre 2007 17:03

                    Ce qui me désole le plus, c’est qu’en 2003, Bernard LAPORTE avait déjà montré ses limites en tant que sélectionneur du quinze de France. Pourquoi Mr LAPASSET et la FFR ne l’ont pas changé à ce moment là ? On aurait eu 4 ans pour bâtir une nouvelle équipe avec une vraie stratégie de jeu. Le rugby de l’Equipe de France, version LAPORTE, n’a pas évolué en 4 ans, toujours basé sur la défense. Offensifs, les blacks ont perdu avec panache, contre la France. Repliés en défense, apeurés, nous n’avons pas su créer une seule phase offensive contre les anglais. C’était bien terne.


                    • goc goc 16 octobre 2007 03:48

                      allez j’oserais un commentaire « decalé »

                      quand on connait le gout prononcé et l’implication directe de Laporte, dans le monde du jeux, je me demande si cette défaite n’etait pas « programmée » afin de faire gagner des pepettes au sélectionneur, via des paris sur le marché anglais

                      bon je sais, c’est tiré un peu par les cheveux, mais quand on voit comment a ete faite la selection, on est bien en droit de se poser des questions sur les relles motivations du responsable français

                      et puis si on regarde les cotes de l’equipe de france avant les deux matches importants, on imagine ce que peut gagner un joueur qui aurait parié sur la victoire francaise en quart et sa defaite en demi

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