Jeux Olympiques : quel dopage à Pékin ?
Les jeux Olympiques de Pékin démarrent juste dans un grand faste et, souhaitons-le, avec un grand succès sportif.
Comme dans chaque grand événement sportif de nos jours, la question qui se pose est de savoir si le dopage ne va pas perturber les épreuves et priver des sportifs méritants des récompenses et des médailles qu’ils méritent au profit de tricheurs, car c’est bien ainsi qu’il faut les appeler.
Dernière épreuve sportive perturbée par le dopage, le Tour de France, dans lequel il nous a été donné de voir l’ampleur de l’avantage procuré par le dopage dans le cas de l’Italien Ricco. Qui a vu les écarts extraordinaires que ce coureur dopé a pu créer lors de ses démarrages en montagne a pu mesurer l’ampleur de l’avantage que donne le dopage au tricheur.
Or, dans le domaine du dopage, le Comité international olympique, le CIO, n’a jamais été un vigoureux adversaire de cette lèpre, préférant sans doute le bon déroulement des épreuves et leur succès public à court terme, à l’équité dans les épreuves. Dommage tout de même !
Le dopage, même si on ne s’en souvient plus, a souvent pourri les Jeux faisant un mort en cyclisme aux Jeux de Rome en 1960 qui ne provoqua qu’un début de réaction du CIO... en 1967, sept ans après seulement. Le premier cas vraiment médiatique, parce que suivi de disqualification, a été celui du Canadien Ben Johnson, vainqueur du 100 m plat aux Jeux de Séoul en 1988.
Certains ont réussi à passer au travers des contrôles ou trop tard pour que cela ait un impact. A ce sujet, il est, à mon sens, très dommage que lorsqu’un athlète est déclassé pour cause de dopage, on ne parle que du déclassement de l’intéressé et pas une seconde du gagnant ou du médaillé nouveau qui est celui qui a subi le véritable préjudice du dopage de son concurrent. Messieurs les médias, pourriez-vous, dans des cas comme cela, rappeler le nom de celui qui a été ainsi spolié gravement de sa victoire ou de sa médaille plutôt que de vous attarder sur les larmes de crocodile du tricheur ou de la tricheuse. Qui connaît ainsi les athlètes féminines que la célèbre Marion Jones a spolié de leurs titres ?
Heureusement, même lentement, les choses progressent et les Jeux de Pékin devraient marquer une "sévérisation" importante de la lutte antidopage. Les annonces d’athlètes privés de Jeux à Pékin avant même de les commencer ainsi que le dernier Tour de France sont des exemples qui montrent que désormais les contrôles marchent et les sanctions tombent. Enfin ! Une lutte désormais prise en charge par l’Agence antidopage indépendante, AMA ou WADA en anglais, créée en 1999 à la suite du scandale de l’équipe Festina au Tour de France.
La difficulté dans cette lutte est technique. C’est le combat entre les créateurs de nouvelles drogues ou formes de dopage et des chimistes qui cherchent à les détecter et hélas mettent parfois infiniment de temps à mettre au point les méthodes nouvelles de contrôle.
L’autre difficulté est politique en ce sens que le dopage a souvent été - et est probablement encore - un dopage d’Etat ce qui explique sans doute la lenteur de réaction du CIO dans la mise en place de contrôle et de répression. Espérons que la Chine, qui a fait une affaire de prestige et d’Etat de l’organisation de ces Jeux et qui voudrait sans doute en faire de même dans les épreuves, ne se sera pas laissé aller à un tel dopage.
Et pour l’avenir me direz-vous ? Les contrôles et la répression commencent à mordre sérieusement et les sponsors n’hésitent plus à se séparer d’athlètes indélicats. Par contre, la technique continue à avancer avec l’apparition de produits de dopage transgéniques. On a ainsi testé sur des souris des produits génétiquement modifiés qui favorisent la fabrication d’EPO, c’est-à-dire l’oxygénation artificielle des muscles. De même, on a vu apparaître des produits qui permettent le renforcement ciblé d’un muscle ou de l’ensemble de la masse musculaire. Heureusement l’Agence antidopage investit lourdement dans le dépistage de l’inoculation des gènes...
Autre élément intéressant, la Grande-Bretagne qui accueillera les prochains Jeux de 2012 à Londres étudie sérieusement la création d’un délit pénal pour le dopage pour ces prochains Jeux.
Le combat continue.
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