L’« autre tour » et l’autre loi
Contador, qu’on t’adore ! Il est des popularités qui naissent par opposition. Ainsi Poulidor devint-il le chouchou des Français pour sa place d’éternel second derrière un belge invincible. En 2007, Rasmussen fait l’unanimité contre lui pour s’être dérobé à des contrôles anti-dopages. Il est suspect. Hier, Contador a attaqué le maillot jaune contesté, courageusement, à plusieurs reprises, mais n’est pas parvenu à le distancer dans les cols. Sa combativité séduit face au Danois damné.
De façon cynique, on pourrait dire "Quel produit dopant gagnera le Tour de France cette année " ? Longtemps, sur la Grande Boucle, on la bouclait sur cette question taboue. Aujourd’hui, on ne parle plus que de cela.
Une visite de contrôle a été effectuée encore hier pour rechercher des traces éventuelles de produits dopants dans la caravane du Tour. Cette fois, rien ne fut trouvé. Pourtant un coureur cycliste affirme "Ma conviction, c’est qu’il est impossible de faire les moyennes des coureurs professionnels sans se "soigner". Et je pense que même pour suivre le Tour de France dans les derniers, il faut recourir à des substances médicamenteuses. Parce que sinon, un coureur "propre" rentre chez lui après quatre jours de Tour de France." Ce coureur, Guillaume Prébois, cycliste amateur, ne participe pas au Tour de France. Il s’agit d’un journaliste qui a décidé de faire le Tour de France un jour avant la course officielle. Chaque jour, il raconte son "autre Tour".
Vous pouvez suivre sa course sur le site "L’autre Tour" où il livre chaque jour ses impressions.
ll déclare : "A la décharge des coureurs, il est manifeste que le Tour de France est un produit à vendre où l’aspect sportif n’est qu’un prétexte, et eux pédalent pour remplir l’espace entre deux spots publicitaires".
A la question : "Vous intéressez-vous au vrai Tour ?", Guillaume Prébois répond : "Oui, en tant que passionné de cyclisme, je jette toujours un coup d’œil. Mais hélas, uniquement pour constater que rien ne change et que les courses sont manifestement encore altérées par le dopage. J’attends avec impatience de voir un vainqueur s’effondrer de douleur après la ligne."
Mais doit-on vraiment attendre qu’il y ait un mort à l’arrivée pour sévir ? Rappelons qu’il y a un an exactement, le 23 juillet 2006, Floyd Landis remportait le Tour de France. Cinq jours plus tard, un contrôle de produits dopants de l’Américain se révélait positif. Un an après, le coureur n’a toujours pas été sanctionné. C’est tout juste si son ancien directeur sportif, qui déclare le savoir coupable, ne fait pas dans l’humour en disant qu’il ne faut "pas rester sur le côté négatif" de ce contrôle... positif !
Dimanche au plateau de Beille, Michael Rasmussen et Alberto Contador se sont montrés encore plus rapides que le duo Lance Armstrong et Marco Pantani, les deux précédents vainqueurs
de ce sommet de l’Ariège. Pantani qui comme le dit la marionnette de Virenque des Guignols de l’info "n’est pas mort de dopage mais de vieillesse". Voici qu’Alexandre Vinokourov, qui était favori au départ de l’épreuve, mais qui a subi de très grandes défaillances, jaillit soudainement ce 23 juillet comme un miraculé ! Jusqu’où le sport cycliste professionnel poussera-t-il l’art de se moquer du monde ?
Sur le cas Rasmussen, rappelons que le coureur porteur du maillot de leader est officiellement jaune, pardon je veux dire blanc comme neige puisque, contrôlé à plusieurs reprises depuis le départ (deux tests sanguins et quatre urinaires), rien n’a été décelé. Certes, il s’est soustrait volontairement à deux contrôles mais aucun délit n’a pu être constaté. Les coureurs et les entraîneurs connaissent les recettes pour fuir les contrôles dans la limite du quota de deux fixé par la loi cycliste qui autorise en effet les coureurs à se soustraire à deux reprises aux contrôles inopinés. "Je ne suis qu’un contrevenant parmi de nombreux autres", déclare donc, désinvolte, le maillot jaune surnommé par dérision "chicken" (poussin). Chicken run ! Et pour cause... La réputation de Rasmussen est déplorable dans le peloton et dans toute la caravane du Tour. L’entraîneur Jean-René Bernaudeau a dit sans ambages qu’il ne l’aurait jamais pris dans son équipe.
Dans son pays, le Danemark, Rasmussen a été exclu de l’équipe nationale a-t-on appris le 19 juillet. Mais cette sanction remonte au 21 juin et fait suite à plusieurs avertissements de l’Union cycliste internationale (UCI) et de l’agence danoise antidopage. Et en France, qu’attend-on pour réformer la loi cycliste par la loi, la vraie ? A moins que, comme il y a le vrai Tour et l’"autre Tour", il y aurait la vraie loi et l’"autre loi", celle que le cyclisme français a décidé de s’appliquer.
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