La Pro-A, on n’y croit pas
Le basket français est retombé dans les méandres de l’inconnu. Surclassé dans les médias par l’engouement national pour le rugby ou la NBA (pour ne pas parler de football), on en oublierait presque que la Pro-A existe.

Il fut un temps où l’on parlait de basket-ball à la française. Ce temps est révolu ! On va dire que le sport a subi deux électrochocs ces dernières années. Le premier est surtout que la France n’a connu aucune qualification pour les Jeux olympiques dans la discipline depuis... 2000. Enorme coup d’éclat de l’époque où la France avait fini 2e et finalement conquis la médaille d’argent. Et puis, il faut dire que la dernière déconvenue des amis de Tony Parker a été sacrément humiliante pour le basket français en général. Eliminé en quart de finale du championnat d’Europe par la Russie, les phases qualificatives pour les JO de Pékin sont un désastre sans nom face à la Croatie (86-69) et face à la Slovénie (88-74). La France finit 8e, l’équipe tombe en désuétude.
Il faut dire que, face à cela, les frenchies de la pro-A ou non s’exportent. Des joueurs comme Boris Diaw ou Joachim Noah sont les raisons des œillères posées sur le championnat français et des jumelles prises vers le nouveau continent. Mais c’est surtout Tony Parker qui est l’image de "l’Américan Dream" pour toute la nouvelle génération de basketteurs français. Aux Etats-Unis, depuis aujourd’hui plus de huit ans, le frenchie incarne plus que la réussite sportive, il est également une icône du succès glamour. Marié avec la top model et actrice Eva Longoria, adulé par des millions de fans dans le monde entier, Parker est un symbole pur et simple pour tous les talents de la Pro-A.
Aux mauvais résultats nationaux et à l’intéressement étranger, il faut ajouter un autre phénomène. L’engouement des Français pour le rugby ! Depuis la dernière Coupe du monde organisée en France, le rugby possède une cote d’enfer. Si celle-ci n’a jamais été démentie, il est vrai que la quête du bouclier de Brennus passionne toujours plus les foules, depuis quelques années. Alors faut-il parler de rivalité basket-rugby ? Il serait bête de tout résumer à cela, d’autant que les spectateurs ne sont pas les mêmes. Cependant, la couverture médiatique de l’un a certainement pris le pas sur l’autre et a certainement pu contribuer à réduire davantage son intérêt aux yeux du public. Réservé aux seuls initiés, le basket ne possède plus les atouts de pouvoir séduire n’importe qui n’importe où. Le rugby est à la fois plus convivial et plus populaire. Autre chose, encore une fois les résultats sportifs des équipes nationales ne sont pas les mêmes. Si l’équipe de France de Rugby réussit de beaux résultats et va toujours relativement loin dans ses compétitions, il en est de même pour les clubs français au sein des compétitions européennes. Les Toulousains, le Stade français ou les Clermontois ne me feront pas démentir. Les résultats extrêmement faibles des deux équipes engagées en Euroligue de basket cette année ne plaident pas en leur faveur. Le Mans a dû batailler pour sauver sa future participation à l’Euroligue. Il faut dire que dans le même groupe que Milan et que Tel Aviv, en perdant de nombreux matchs à quelques points, les Manceaux ont joué à se faire peur. Avec seulement 2 matchs gagnés cette année dans leur poule, difficile d’attirer l’intérêt d’un public extérieur à la discipline et au club tout simplement.
Pour le reste, le spectacle de la Pro-A n’est pas déplaisant. Appelé à devenir un vivier de la NBA, de nombreux jeunes talents y sont détectés, à l’image de Nicolas Batum qui effectuera bientôt ses essais pour le championnat américain. Et puis, il ne faut pas oublier cet intéressant slogan du MSB cette année afin de valoriser les abonnements : "Venez les voir jouer avant qu’ils n’aillent en NBA". Comment redonner de l’intérêt à cette compétition ? Tout d’abord, offrir une équipe compétitive au niveau européen ou, si possible, plusieurs. Le problème est le même que dans le football, les équipes françaises peinent à l’exportation alors que leurs joueurs trouvent équipes preneuses très aisément... Les équipes préposées sont d’abord au nombre de deux : Le Mans SB et Lyon-Villeurbanne, les deux "gros morceaux" du championnat avec deux gros palmarès. Ensuite, les outsiders sont nombreux comme Nancy, Pau-Orthez, Strasbourg ou, dans une très moindre mesure, Cholet. L’ASVEL a déjà signé d’un grand coup d’épée ses ambitions avec le transfert de Vincent Collet au poste d’entraîneur pour la prochaine saison. Mais les Français ne sont pas encore attirés et peinent à s’identifier à un sport qu’ils jugent certainement trop américain. Le cercle des initiés demeure très fermé et les instances françaises savent que, pour l’instant, il n’y a plus qu’à attendre les championnats d’Europe l’an prochain pour espérer une qualification et une jolie performance de l’équipe de France.
3 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON