Et pour cause. Dans le générique actuel de l’équipe de la France du ballon rond, manquent aujourd’hui des faiseurs de rêve. Des individus capables de créer arabesques, schémas purs ou envies de se surpasser en autant de ballets exécutés avec le sang froid et la volonté du héros.
Va savoir pourquoi le metteur en scène de cette troupe rendue aujourd’hui lénifiante, s’est privé voilà quelques semaines de réels créateurs-fédérateurs comme par exemple Ben Arfa ou Nasri. Deux troupiers capables d’embellir la partition par leurs dribbles, la précision et la vitesse de leurs passes, courtes de préférence, et la puissance de leurs frappes rarement hors de la cible ?
Va savoir pourquoi le metteur en scène a rendu cette troupe aujourd’hui lénifiante en fabriquant un conglomérat d’une vingtaine de personnages égoïstes jouant, chacun à sa manière, une partition essentiellement personnelle et donc insipide ?
Va savoir pourquoi il a distribué des rôles contre-nature en favorisant bon nombre de ses "soldats" serviles. En effet, que font sur cette scène qui se veut magnifique, ou dans des contre-emplois qui leur ont été attribués, des hommes comme Anelka, Govou, voire Gallas, Abidal, et même Henry ?
Pourquoi conserver uniquement comme doublures des interprètes doués tels Diaby, Squillaci, Gignac ou Valbuena ?
Va savoir pourquoi ?
Comme la réponse à une telle question ne viendra jamais, je préfèrerai alors, toujours bien engoncé dans mon fauteuil, aller voir du côté des espagnols, argentins, hollandais ou anglais. Voire même chez les bafanas. Je pense que je m’ennuierai moins.
En principe, car si tel était le cas, alors je me contenterai d’interroger mes souvenirs pour me régaler, les yeux clos, des prouesses de véritables magiciens de la balle qui ont enchanté ma jeunesse. En majorité des « culs bas » comme on disait à l’époque. C’est-à-dire des hommes de petite taille, au centre de gravité très bas qui leur permettait de se faufiler sans encombre et surtout de demeurer bien campés sur leurs jambes courtes. Autant d’atouts physiques mis au service d’un sens inné de la danse, balle au pied. Le portrait craché de Lionel Messi, l’argentin, l’idole d’aujourd’hui.
Je me délecterai ainsi des images qu’ont su m’offrir au fil des ans des bonhommes comme Diego Maradona bien sûr mais aussi Francisco Gento l’espagnol, l’ailier, fidèle pendant 18 ans au Real de Madrid ce club couvert de 63 trophées nationaux comme internationaux, sacré meilleur équipe du siècle en 1998. Un club qui fut servi par Di Stefano mais surtout par l’ ex-hongrois de légende, Ferenc Puskas, l’incontestable roi des « culs bas » du foot surnommé le major galopant (souvenir de l’armée de Hongrie qu’il quitta lors des évènements qui assombrirent le pays) avec ses 1300 matches assortis de 1176 buts.
Dans ce concert de délices, la France ne sera pas absente de ma mémoire. Essentiellement par le souvenir d’un duo inoubliable exerçant son talent à Reims. Le tandem formé par Raymond Kopaszewski, plus connu sous le nom de Kopa dit « Napoléon », homme au caractère bien trempé qui finira sa carrière au …Real, et Roger Piantoni dit « boud’chou ». Deux artistes de petite taille, aujourd’hui âgés de 79 ans.
Et voyez-vous ma bibliothèque ou vidéothèque interne sera capable de m’entraîner plus loin encore. Elle me conduira au tout début des années 50, lorsqu’adolescent, je n’avais d’yeux, au Parc des Princes, que pour Tessier et Gabet les deux petites perles du Racing Club de Paris. Avec une poignée de co-équipiers, ils avaient mis au point pour la première fois en France et dans ce sport, la tactique du « tourbillon », c’est-à-dire celle des permutations incessantes en cours de match. Un régal à l’époque.