Les Fidji ont dépoussiéré le rugby
Après 92 ans d’absence sous les anneaux (sa dernière apparition remontait aux J.O. de Paris en 1924), le ballon ovale a signé un retour rafraichissant sur la scène olympique brésilienne. Un come-back aussi réussi qu’historique, puisqu’au terme d’un tournoi séduisant, c’est l’attachante équipe des Fidji qui s’est imposée, remportant par là même la 1ère médaille olympique de l’Histoire de ce petit pays.

Alors que la bannière fidjienne arbore encore l’Union Jack dans sa lucarne, c’est pourtant bel et bien l’ancien colonisateur britannique qui a subi le joug des vaillants rugbymen océaniens lors de la finale du tournoi de rugby à VII des Jeux de Rio. Un succès symbolique, amplement mérité et fort en émotions.
Le VII plus spectaculaire que son grand frère du XV
Bien qu’extrêmement populaire dans l’hémisphère-Sud, le rugby à VII (communément appelé « Sevens ») n’est pas né dans les eaux turquoises du Pacifique, mais en Écosse ! Tout a débuté en 1883 dans la ville de Melrose quand deux bouchers organisèrent un tournoi de charité au bénéfice du club local. Dans le but de multiplier les matchs afin d’attirer un maximum de monde, ils décidèrent de diminuer la taille des équipes de 15 à 7 joueurs (3 avants, 2 en charnière et 2 arrières), tout en réduisant également de manière drastique le temps de jeu à seulement 2 mi-temps d’à peine 7 minutes chacune. Un conseil donc : n’arrivez pas en retard si vous décidez un jour d’aller voir un match de rugby à VII…
Le terrain étant le même qu’un terrain de rugby à XV, la version à VII de l’ovalie constitue, de fait, une discipline ultra-spectaculaire. Car a contrario du XV, les espaces bien plus importants entre les lignes permettent en effet de marquer des essais à la pelle. De surcroit, doté de ce format très court particulièrement bien adapté aux retransmissions TV, le « Sevens » a ainsi permis au rugby de redevenir sport olympique après près d’un siècle pourtant passé au placard des Jeux.
Palmarès du rugby masculin aux Jeux Olympiques d’été 2016
Les rugbymen Fidjiens, Brésiliens du « Sevens »
Alors qu’on attendait le quinziste Sonny-Bill Williams, vainqueur du Mondial 2015 avec les All-Blacks, comme principale tête d’affiche à Rio, c’est finalement une bande d’Hindis décomplexés, parmi lesquels certains anciens ou actuels membres du Top 14 tels que Osea Kaulinisau (ex-Agen), Semi Kunatani (Toulouse), Leone Nakarawa (Racing 92), Josua Tuisova (Toulon) ou encore Samisoni Viriviri (Montauban), qui aura volé la vedette à la star néo-zélandaise. Pratiquant un jeu déconcertant alliant densité physique, explosivité, technique, puissants raffuts et passes multiples, les Fidjiens (référence mondiale du rugby à VII depuis 2 ans) ont survolé, de bout en bout et avec la manière, la compétition carioca.
En finale, dans un Stade Deodoro acquis à leur cause, les Brésiliens du « Sevens » ont même terrassé (43 à 7) les inventeurs du jeu britanniques : asphyxiés, dépassés, constamment confinés dans leur camp et privés de ballon. Auteurs de pas moins de sept essais, les « Flying Fijians » sont ainsi entrés de plain-pied dans l’Histoire en offrant la toute première médaille olympique, qui plus est en or, à leur nation. Une éclatante victoire qu’ils doivent en grande partie, ironie du sort, à un certain Ben Ryan, leur coach… anglais ! Un technicien passionné qui, malgré des infrastructures souvent précaires, est parvenu à sortir ses joueurs de l’amateurisme pour en tirer la quintessence.
Le jour du sacre olympique sera désormais férié aux Fidji !
Ces mêmes joueurs ont d’ailleurs célébré avec lui ce moment si spécial via un émouvant chant traditionnel qui demeurera assurément comme l’un des plus beaux moments de la compétition. Soixante ans après avoir envoyé leurs premiers athlètes aux Jeux de Melbourne, les hommes du Pacifique, qui n’avaient encore jamais ramené la moindre breloque en 13 olympiades, ont donc enfin inscrit leur petit archipel de 900 000 habitants sur la carte du palmarès olympique…
A 13 500 km de là, ce succès des rugbymen a fait basculer les Fidji dans la folie. Du côté de Suva (la capitale), cris de joie et larmes de bonheur sont massivement venus saluer la performance… Trafic paralysé, routes envahies, jusqu’à l’aube les scènes de liesse ont plongé les rues du pays tout entier dans une fête absolue ! Un triomphe tellement symbolique qu’il a même poussé le 1er ministre fidjien, présent à Rio, à décréter que le 11 août serait à l’avenir un jour de congé dans tout l’archipel ! De quoi garantir à jamais une place dans l’éternité à cette première timbale dorée.
Lionel Ladenburger
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