Novak Djokovic et/ou Rafael Nadal peuvent-ils dépasser Roger Federer et ses 20 GC ?
A Roland-Garros en 2016, Novak Djokovic a atteint le cercle très fermé des joueurs ayant gagné au moins 12 titres en Grand Chelem : Roy Emerson, Rafael Nadal, Pete Sampras et Roger Federer. Mais fort de marteaux divins hérités de Thor ou de Vulcain, le Pantagruel suisse a triplement enfoncé le clou en 2017-2018 à l’Open d’Australie et Wimbledon, élevant son record personnel de 17 à 20 titres en Grand Chelem, quatre unités devant Rafael Nadal, passé à 17 couronnes depuis sa fameuse Decima de Roland-Garros 2017 suivie d’un troisième succès à l’US Open sur le ciment new-yorkais et de la Undecima parisienne du printemps 2018 … Depuis, l’ogre de Belgrade a refait une partie de son retard avec un 13e et un 14e majeurs conquis au deuxième semestre en 2018. Mais que le Serbe et/ou l’Espagnol arrivent ou non à battre un jour le record de Roger Federer, la porte du Hall of Fame du tennis leur est grande ouverte, tout comme au virtuose de Bâle !
Depuis que Nadal et Djokovic se sont successivement ouvert leur compteur respectifs en Grand Chelem, l’écart a fluctué (les statistiques sont considérées en fin de tournoi) avec Roger Federer, le champion suisse ne devenant recordman devant Pete Sampras qu’à partir de Wimbledon 2009, avec un écart de +9 sur Nadal (15-6) et +14 sur Djokovic (15-1) :
- De Wimbledon 2003 à l’US Open 2003 : 1-0-0
- De l’Open d’Australie 2004 à Roland-Garros 2004 : 2-0-0
- A Wimbledon 2004 : 3-0-0
- De l’US Open 2004 à l’Open d’Australie 2005 : 4-0-0
- A Roland-Garros 2005 : 4-1-0 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Wimbledon 2005 : 5-1-0 (écart +4 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’US Open 2005 : 6-1-0 (écart +5 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’Open d’Australie 2006 : 7-1-0 (écart +6 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Roland-Garros 2006 : 7-2-0 (écart +5 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Wimbledon 2006 : 8-2-0 (écart +6 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’US Open 2006 : 9-2-0 (écart +7 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’Open d’Australie 2007 : 10-2-0 (écart +8 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Roland-Garros 2007 : 10-3-0 (écart +7 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Wimbledon 2007 : 11-3-0 (écart +8 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’US Open 2007 : 12-3-0 (écart +9 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’Open d’Australie 2008 : 12-3-1 (écart +9 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Roland-Garros 2008 : 12-4-1 (écart +8 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Wimbledon 2008 : 12-5-1 (écart +7 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’US Open 2008 : 13-5-1 (écart +8 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’Open d’Australie 2009 : 13-6-1 (écart +7 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Roland-Garros 2009 : 14-6-1 (écart +8 en faveur de Federer sur Nadal)
- De Wimbledon 2009 à l’US Open 2009 : 15-6-1 (écart +9 en faveur de Federer sur Nadal, le Suisse dépassant l’Américain Pete Sampras et ses 14 titres majeurs en Grand Chelem)
- A l’Open d’Australie 2010 : 16-6-1 (écart +10 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Roland-Garros 2010 : 16-7-1 (écart +9 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Wimbledon 2010 : 16-8-1 (écart +8 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’US Open 2010 : 16-9-1 (écart +7 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’Open d’Australie 2011 : 16-9-2 (écart +7 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Roland-Garros 2011 : 16-10-2 (écart +6 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Wimbledon 2011 : 16-10-3 (écart +6 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’US Open 2011 : 16-10-4 (écart +6 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’Open d’Australie 2012 : 16-10-5 (écart +6 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Roland-Garros 2012 : 16-11-5 (écart +5 en faveur de Federer sur Nadal)
- De Wimbledon 2012 à l’US Open 2012 : 17-11-5 (écart +6 en faveur de Federer sur Nadal)
- A l’Open d’Australie 2013 : 17-11-6 (écart +6 en faveur de Federer sur Nadal)
- De Roland-Garros 2013 à Wimbledon 2013 : 17-12-6 (écart +5 en faveur de Federer sur Nadal)
- De l’US Open 2013 à l’Open d’Australie 2014 : 17-13-6 (écart +4 en faveur de Federer sur Nadal)
- A Roland-Garros 2014 : 17-14-6 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal)
- De Wimbledon 2014 à l’US Open 2014 : 17-14-7 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal)
- De l’Open d’Australie 2015 à Roland-Garros 2015 : 17-14-8 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal et +9 sur Djokovic)
- A Wimbledon 2015 : 17-14-9 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal et +8 sur Djokovic)
- A l’US Open 2015 : 17-14-10 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal et +7 sur Djokovic)
- A l’Open d’Australie 2016 : 17-14-11 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal et +6 sur Djokovic)
- De Roland-Garros 2016 à l’US Open 2016 : 17-14-12 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal et +5 sur Djokovic)
- A l’Open d’Australie 2017 : 18-14-12 (écart +4 en faveur de Federer sur Nadal et +6 sur Djokovic)
- A Roland-Garros 2017 : 18-15-12 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal et +6 sur Djokovic)
- A Wimbledon 2017 : 19-15-12 (écart +4 en faveur de Federer sur Nadal et +7 sur Djokovic)
- A l’US Open 2017 : 19-16-12 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal et +7 sur Djokovic)
- A l’Open d’Australie 2018 : 20-16-12 (écart +4 en faveur de Federer sur Nadal et +8 sur Djokovic)
- A Roland-Garros 2018 : 20-17-12 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal et +8 sur Djokovic)
- A l’US Open 2018 : 20-17-14 (écart +3 en faveur de Federer sur Nadal et +6 sur Djokovic)
Jamais donc, le record de Roger Federer n’a été autant en danger qu’au deuxième semestre 2016, quand Djokovic était revenu de +9 à +5 en faveur du Suisse après son Grand Chelem à cheval sur deux saisons. Mais le vent a tourné en 2017 avec l’envol du phénix bâlois à Melbourne et Londres, l’exploit du Serbe mérite que l’on s’y attarde quelque peu.
Montagne, forteresse, bastion, bulldozer, rouleau-compresseur pour son aspect imprenable et invincible. Fusée, Comète pour la célérité de sa remontée dans la hiérarchie des ogres du Grand Chelem. Pantagruélique, colossal, insatiable pour son appétit de victoires. A force de gagner encore et toujours entre l’automne 2014 et le printemps 2016, Novak Djokovic allait épuiser le vocabulaire des chroniqueurs …
Tout le monde commençait, comme ses adversaires, à s’essouffler. Oui, qu’écrire à l’époque le concernant, qui n’ait déjà été dit ?
- Qu’il a compté pendant plusieurs mois, de l’automne 2015 au printemps 2016, plus du double de points ATP que le total d’Andy Murray, son dauphin. Ce n’est plus une avance, c’est un gouffre
- Qu’il a porté la qualité du retour de service à des hauteurs insoupçonnées
- Qu’il ne laisse absolument rien au hasard, sur le court mais surtout en dehors
- Qu’il a définitivement chassé le doute de son logiciel personnel, et que plus personne n’ose le regarder dans le blanc des yeux
- Qu’avec une telle emprise, il joue le plus souvent des adversaires rapidement résignés
- Que son excellence est, dans du même coup, un drame pour l’intérêt du tennis masculin, ce qui est injuste évidemment, comme quand Eddy Merckx écrasait le Tour de France ou Michael Schumacher la Formule 1, avec un spectacle inversement proportionnel à leur talent porté au pinacle
- Qu’il n’est pas utopique d’écrire, n’en déplaise aux supporters de Roger Federer, qu’il peut devenir le plus grand joueur de l’ère Open (ou a minima, le plus titré en Grand Chelem). A seulement 31 ans, c'est largement dans ses cordes …
Le Serbe est nanti de 14 titres majeurs (plus 5 Masters Cup) : 6 Opens d’Australie (2008, 2011, 2012, 2013, 2015 et 2016), 1 Roland-Garros (2016), 4 Wimbledon (2011, 2014, 2015 et 2018), 3 US Open (2011, 2015 et 2018). Seul manque encore l’or olympique pour celui qui cannibalise le tennis masculin, imposant en 2015 son sceau de façon aussi violente que le monstre Federer des années 2004-2007. Puisqu’il retrouve peu à peu ce niveau stratosphérique, il n’y a désormais aucune raison que Djokovic n’aille pas dépasser Pete Sampras à 14 titres et ensuite Rafael Nadal à 17 titres du Grand Chelem, avant d’espérer égaler voire dépasser Roger Federer au pinacle du panthéon tennistique.
Tutoyant la perfection depuis près de cinq ans, Nole s’attire tous les superlatifs et a su éviter l’écueil des blessures, à part durant l’automne 2011 où ses premiers lauriers new-yorkais se sont transformés en victoire à la Pyrrhus, tant Djokovic et Nadal avaient mis de l’intensité dans leur cosmic bras de fer. Le Rubicon fut franchi une deuxième fois par les deux hommes à Melbourne début 2012 avec 5h53 de match lors de la finale australienne, mais autant Nadal est un colosse au genou d’argile, autant Djokovic reste indéboulonnable, presque agnostique aux blessures. Même Roger Federer, autre métronome du circuit, a souffert en 2008 (mononucléose) et 2013 (douleurs dorsales), pas le Serbe amateur de gluten parvenu depuis fin 2014 au climax de sa somptueuse carrière, comme si la défaite en demi-finale de l’US Open 2014 avait libéré la bête :
- 2014 : victoires à Pékin, Paris-Bercy et en Masters Cup, demi-finale à Shanghai
- 2015 : victoires à l’Open d’Australie, Indian Wells, Miami, Monte-Carlo, Rome, Wimbledon, US Open, Pékin, Shanghai, Paris- Bercy et en Masters Cup, finales à Dubai, Roland-Garros, Montréal et Cincinnati, quart de finale à Doha, absence à Madrid
- 2016 : victoires à Doha, à l’Open d’Australie, Indian Wells, Miami, Madrid, Roland-Garros et Toronto, finales à Rome, à l’US Open et à la Masters Cup
Entre 2011 et 2018, peu de joueurs l’ont battu en Grand Chelem : Roger Federer en 2011 à Roland-Garros puis en 2012 à Wimbledon (demi-finale), Rafael Nadal en 2012, 2013 et 2014 à Roland-Garros (finale, demi-finale puis finale) ainsi qu’en 2013 à l’US Open (finale), Andy Murray en 2012 à l’US Open puis en 2013 à Wimbledon (finale), Stanislas Wawrinka en 2014 à Melbourne (quart de finale) puis en 2015 à Roland-Garros (finale) et enfin en 2016 à l’US Open (finale encore), Kei Nishikori en 2014 à l’US Open (demi-finale), Sam Querrey en 2016 à Wimbledon (3e tour), Denis Istomin en 2017 à l’Open d’Australie (2e tour), Dominic Thiem en 2017 à Roland-Garros (quart de finale), Tomas Berdych en 2017 à Wimbledon (quart de finale, abandon), Hyeon Chung en 2018 à l’Open d’Australie (huitième de finale) et enfin Marco Cecchinato en 2018 à Roland-Garros (quart de finale).
Et très peu d’outsiders ont su le pousser dans ses ultimes retranchements, lui donnant du fil à retordre en cinq sets : Andreas Seppi et Jo-Wilfried Tsonga à Roland-Garros 2012 (en huitièmes puis en quarts de finale), Juan Martin Del Potro à Wimbledon 2013 (demi-finale), Stanislas Wawrinka à l’Open d’Australie 2013 (huitième de finale) puis à l’US Open 2013 (demi-finale), Andy Murray à Roland-Garros 2015 (demi-finale), Kevin Anderson à Wimbledon 2015 (en huitièmes de finale), Gilles Simon à l’Open d’Australie 2016 (en huitièmes de finale), Diego Schwartzmann à Roland-Garros 2017 (au 3e tour).
Si l’on excepte les accidents de Wimbledon 2016 contre Sam Querrey, Melbourne 2017 face à Denis Istomin, Melbourne 2018 contre Hyeon Chung et Roland-Garros 2018 devant Marco Cecchinato, le temps où Novak Djokovic accumulait en Grand Chelem les défaites frustrantes contre des joueurs à sa portée (et moins bien classés que lui) semble désormais bien loin : au 2e tour de Wimbledon 2008 contre Marat Safin, en quart de finale de l’Open d’Australie 2009 face à Andy Roddick, au 3e tour de Roland-Garros 2009 devant Philip Kohlschreiber, en quart de finale de Wimbledon 2009 contre Tommy Haas, en quart de finale de l’Open d’Australie 2010 au profit de Jo-Wilfried Tsonga, en quart de finale de Roland-Garros 2010 face à Jürgen Melzer, en demi-finale de Wimbledon 2010 contre Tomas Berdych …
Comme l’ogre de l’ocre Nadal sur sa terre battue fétiche ou jadis le monstre Federer des années 2004-2007, le Djokovic 2015-2016 entrait sur le court avec le premier set presque gagné d’avance, tant l’ascendant psychologique est colossal sur n’importe quel joueur qu’il affronte.
A 31 ans, après qu’il ne fasse son burn-out, début du déclin via un toboggan vertigineux, le paysage est donc assez dégagé pour Novak Djokovic, dont le plus grand rival semble plus l’usure du pouvoir qu’un autre tennisman :
- Roger Federer, le Benjamin Button du tennis qui repousse l’inexorable érosion du temps, qui est derrière Nadal le deuxième dauphin incontesté du roi serbe à plus de 37 printemps, devrait prendre sa retraite au plus tard fin 2021, lui qui fait mieux que la fin de carrière d’Andre Agassi, pourtant super compétitif (finaliste de l’US Open 2005 à 35 ans). Le virtuose de Bâle, encore très compétitif en 2017 et début 2018, n’a connu que deux années vraiment ratées depuis son explosion en 2003, en l’occurrence 2013 et 2016, où le Suisse fut handicapé par des problèmes au dos. Nourri au nectar et à l’ambroisie par les fées du destin, le Bâlois résiste encore toujours à l’inexorable déclin, et sera à n’en pas douter un client pour le prochain Wimbledon voire la Masters Cup en indoor. Mais le talon d’Achille de Federer est désormais le format des matches en 3 sets gagnants, d’où un jeu de plus en plus offensif, à risque, avec le fameux SABR. Loin de s’élever dans une tour d’ivoire, Federer se remet en question chaque année, préservant sa forme physique et réinventant en permanence son incroyable panoplie de coups, telle une mosaïque en forme de kaléidoscope.
- Rafael Nadal, incroyable phénix de la saison tennistique 2013, semblait engagé depuis l’été 2014 sur la pente du déclin avant deux superbes saisons en 2017 et 2018 (doublé Roland-Garros / US Open en 2017, onzième titre au French Open en 2018). Djokovic lui-même a porté au Taureau de Manacor une terrible banderille en quart de finale de Roland-Garros en 2015, même si Rafa a pu reconquérir son trône sur le Rocher monégasque au printemps 2016. En 2017 et 2018, le Majorquin a repris la main sur son bastion de la Porte d’Auteuil, portant l’estocade à tous ses challengers, notamment Dominic Thiem. Le grand champion espagnol, dont le refus viscéral de la défaite reste aussi vivace que par le passé, quand son hégémonie étouffait tout le circuit, avait comme Federer traversé une longue jachère en Grand Chelem. Passé du Capitole à la Roche Tarpéienne, le gladiateur Espagnol est revenu au sommet en 2017, lui qui reste un stakhanoviste de l’entraînement. Sa capacité à concurrencer le Serbe sur la durée sera l’une des questions principales de la prochaine saison 2019, une des plus passionnantes car le classique Djokovic – Nadal manque au tennis, ces joutes d’anthologie ayant offert des montagnes russes d’adrénaline dans le passé (Queen’s 2008, Madrid 2009, US Open 2011, Open d’Australie 2012, Roland-Garros 2013, Wimbledon 2018).
- Andy Murray, le quatrième mousquetaire du Big Four, subit encore trop souvent la férule du Djoker dans les grands matches. En 2015 et 2016, Andy Murray était LA menace majeure pour Djokovic, plus que tout autre joueur. Ancien n°1 mondial ATP, nanti deux médailles d’or aux Jeux Olympiques (Londres 2012 et Rio de Janeiro 2016) et de trois titres en Grand Chelem interrompue (Wimbledon 2013 et 2016, US Open 2012), le Britannique voudra retrouver sa baraka pour étoffer son CV, le plus maigre du Big Four.
- Stanislas Wawrinka est revenu petit à petit proche de son meilleur niveau en 2018. Le Vaudois, blessé fin 2017 comme Djokovic et Murray, n’a plus beaucoup de temps devant lui à bientôt 34 ans, mais quand sa lycanthropie cyclique le transforme en Stanimal, personne ne semble pouvoir l’arrêter, pas même le natif de Belgrade. Wawrinka reste un homme de coups, il parait utopique de le voir réaliser un Petit Chelem ou même passer des mois comme numéro 1 mondial. Mais rappelons que quand Stanimal était de sortie, à Melbourne en 2014, à Paris en 2015 et enfin à New York City en 2016, la quinzaine se terminait avec des rivaux atomisés, à ramasser à la petite cuillère, Novak Djokovic faisant par trois fois partie de son festin de Pantagruel.
- Grigor Dimitrov, alias Baby Federer, a traversé 2018 comme une ombre, tombant de Charybde en Scylla. Comme pour le Suisse en début de carrière, il faudra un déclic mental afin de libérer les incroyables qualités intrinsèques du Bulgare, trop vieux désormais (27 ans) pour être encore qualifié d’espoir du tennis. Sa superbe demi-finale début 2017 à Melbourne, bien que perdue contre Rafael Nadal, et surtout son titre au Masters Cup 2017, avaient ravivé les espoirs sur la trajectoire dorée du prodige des Balkans. Sorti deux fois au premier tour d’un Grand Chelem en 2018 par le même Stan Wawrinka (Wimbledon et US Open), Grigor Dimitrov joue sans doute sa dernière carte en 2019. Après, il sera trop tard pour le Bulgare, même statistiquement (comparé au destin du Vaudois), titré début 2014 à 28 ans à Melbourne.
- Nick Kyrgios est l’un des joueurs les plus talentueux du circuit mais il est aussi et surtout son enfant terrible, incapable de se concentrer et de tout donner mentalement en compétition comme à l’entraînement. Soit l’Australien se ressaisit et se réveille enfin, et il aura son rond de serviette à la table des vainqueurs potentiels en Grand Chelem, soit il passera stupidement à côté d’une magnifique carrière, comme d’autres avant lui (le Letton Ernsts Gulbis par exemple).
- Marin Cilic avait un gros problème avec Novak Djokovic, sa bête noire, sorte de puzzle insoluble. Le Croate n’avait jamais vaincu le Serbe en une quinzaine de duels avant de réussir enfin à le battre lors du Masters 1000 de Paris-Bercy fin 2016, puis à Halle en 2018. Mais le Croate a sans doute laissé passer sa chance en 2018 à Melbourne contre Roger Federer. Le retour au top du Serbe et l’émergence de nouvelle vague (A. Zverev, Khachanov, Tsitsipas, Coric) ne lui laissera sans doute pas d’espace pour gagner un deuxième titre du Grand Chelem.
- Kei Nishikori avait réalisé de superbes prestations en 2014, frôlant l’exploit de vaincre Nadal dans son fief de la Caja Magica à Madrid, avant d’atteindre la finale à New York et la demi-finale de la Masters Cup. Le Japonais n’a pas su réitérer une aussi belle série de performances en 2015, malgré un quart de finale à Roland-Garros, perdu contre Jo-Wilfried Tsonga.
- Milos Raonic, comme Nishikori ou Dimitrov, semble entravé dans sa progression mais ce sont les derniers paliers qui sont les plus difficiles à l’approche du sommet de la hiérarchie ATP. Le Canadien devra hisser son service au zénith s’il veut gagner à Wimbledon (finaliste en 2016) voire à l’US Open, les deux tournois qui lui conviennent le mieux parmi les quatre majeurs.
- Alexander Zverev, via le coaching d’Ivan Lendl, a peut-être trouvé son déclic en cette fin d’année 2018 en gagnant la Masters Cup avec la manière : victoires probantes sur Roger Federer (1/2 finale) puis Novak Djokovic (finale), soit les deux rois de l’indoor. Quart de finaliste en 2018 à Roland-Garros, l’Allemand dégouline de classe et de talent mais doit gagner en régularité ainsi que sur son approche mentale des très grands matches. Trois fois vainqueur en Masters 1000 (Rome et Montréal en 2017, Madrid en 2018), le leader de la nouvelle génération doit confirmer son statut en Grand Chelem. A seulement 21 ans, tous les espoirs lui sont permis mais la pression sera là en 2019, car le plus dur est de confirmer, ce que n’ont pas su faire le Bulgare Grigor Dimitrov et le Belge David Goffin, respectivement lauréat et finaliste du Masters 2017, en 2018.
- Dominic Thiem reste pour le moment un exceptionnel joueur de terre battue (demi-finaliste à Roland-Garros en 2016 et 2017, finaliste en 2018). L’Autrichien a tout pour succéder un jour à son compatriote Thomas Muster sur la brique pilée du XVIe arrondissement. Musterminator l’avait emporté en 1995 Porte d’Auteuil, mais Rafael Nadal n’était pas encore venu roder sur l’ocre parisien pas plus que Novak Djokovic. Sur les autres surfaces, Thiem reste un joueur de niveau top 20, pas top 10.
- Kyle Edmund, demi-finaliste à l’Open d’Australie début 2018, a dû assumer depuis l’été 2017 le statut de n°1 britannique du fait des blessures persistantes d’Andy Murray. Edmund devra d’abord défendre son dernier carré océanien pour ne pas chuter au classement ATP, et ensuite confirmer en Masters 1000 comme en Grand Chelem.
- Karen Khachanov, seulement battu par des joueurs de gros calibre en Grand Chelem (Nishikori, Sock, Murray, Nadal, Del Potro, A. Zverev, Djokovic et encore Nadal), a marché sur l’eau lors du Masters 1000 de Paris-Bercy fin 2018 : quatre tops 10 à son tableau de chasse, John Isner, Alexander Zverev, Dominic Thiem et surtout Novak Djokovic. Le jeune Russe de 22 ans, qui rappelle Marat Safin, saura-t-il franchir l’ultime palier le séparant de la gloire ? Réponse en 2019
- Andreï Rublev a du potentiel mais devra lui aussi mettre les bouchées doubles à l’entraînement pour s’installer durablement dans le top 20 et ensuite dans le top 10 puis enfin dans le top 5.
- Chung Hyeon, premier vainqueur du Next Gen U21 à Milan fin 2017, avait confirmé dans la foulée par une demi-finale à Melbourne début 2018, battant un Novak Djokovic encore revenu à son meilleur niveau. Depuis, le Sud-Coréen n’a pas su pérenniser ce niveau de jeu.
- Stefanos Tsitsipas, deuxième vainqueur du Next Gen U21 à Milan fin 2018, avait crevé l’écran l’été précédent à Toronto (finaliste battu par le seul Rafael Nadal), sortant du tournoi canadien un Novak Djokovic quasiment revenu à son meilleur niveau entre Wimbledon et l’US Open. Révélé par la tournée européenne sur terre battue (finaliste à Barcelone), le Grec a les armes pour être le premier joueur né après le 1er janvier 1990 à remporter un Grand Chelem.
- Denis Shapovalov, révélé en août 2017 à Montréal par une victoire sur Rafael Nadal, est l’un des joueurs les plus prometteurs de sa génération. Mais comme pour tous les joueurs âgés de moins de 25 ans, la première semaine en Grand Chelem reste encore et toujours un plafond de verre. Au Canadien d’engranger de l’expérience contre des tops 10 dans les matches en trois sets gagnants pour franchir les paliers successifs qui le mèneront peut-être au Graal qu’un Milos Raonic n’a pas du décrocher.
- Félix Augier-Aliassime, compatriote de Shapovalov, a un potentiel exceptionnel mais aussi une faiblesse qu’il partage avec Pete Sampras, . Vu la dimension encore plus importante prise par la puissance et l’endurance physique dans le tennis du XXIe siècle qu’à l’époque de Pistol Pete, il sera difficile à FAA de régner sur ses contemporains. Mais il ne faut jamais dire jamais …
- Alex De Minaur, faute d’avoir vu Bernard Tomic et Nick Kyrgios tirer la susbtantifique moelle de leur potentiel, devrait être le prochain grand joueur australien à s’exprimer sur le circuit, le pays des kangourous attendant un succès majeur depuis Lleyton Hewitt en 2002 à Wimbledon.
- Borna Coric est un jeune prodige croate qui marche déjà dans le spas de son aîné Marin Cilic. Clone de Novak Djokovic avec d’étonnantes qualités de retourneur, Coric a conquis son premier titre en 2018 à Halle sur le gazon allemand où Roger Federer règne pourtant en maître depuis 2003. C’est de surcroît face au virtuose de Bâle que Coric a inscrit son nom au palmarès du Gerry Weber Open (ATP 500). A lui de confirmer en Masters 1000, lui qui avait failli piéger le vétéran suisse à Indian Wells au printemps 2018.
- Daniil Medvedev, comme Khachanov et Rublev, incarne le renouveau du tennis russe. Sans lien de parenté avec l’ancien finaliste de Roland-Garros Andreï Medvedev (Ukrainien de surcroît), le Moscovite bute aussi sur l’obstacle de la première semaine en Grand Chelem.
Si l’on considère qu’aucun de ses rivaux ne peut vraiment s’opposer au bulldozer serbe sur la durée, voyons alors si Djokovic peut réellement viser ce record.
De façon paradoxale, le record de Roy Emerson (12 titres majeurs) était théoriquement prenable puisque par son boycott récurrent de l’Open d’Australie, le Suédois Bjorn Borg n’avait pas tiré toute la quintessence de son potentiel en Grand Chelem. Le Scandinave ne serait allé à Kooyong que pour viser un Grand Chelem calendaire, perspective qui resta lettre morte après avoir raté le Petit Chelem en 1978 et 1980, étant défait par Jimmy Connors et John McEnroe en finale de l’US Open après avoir réalisé le doublé Roland-Garros / Wimbledon. De même, secret de polichinelle, les Australiens Rod Laver et Ken Rosewall avaient laissé aux oubliettes de l’Histoire après avoir évolué cinq ans (1963-1967) sur le circuit professionnel pour le premier, dix pour le second (1958-1967). Sans cela, Laver et Rosewall seraient sans doute entre 15 et 20 titres du Grand Chelem. Si l’on comptabilise ses titres majeurs acquis sur le circuit professionnel (Wembley Pro, Roland-Garros Pro, US Pro), Ken Rosewall arrive au nombre colossal de 25 trophées individuels, soit un de moins que Roger Federer nanti de 26 lignes majeures dans son palmarès (20 trophées en Grand Chelem et 6 Masters Cup).
Ce fut donc Pete Sampras qui s’empara du prestigieux record en 2000, avec un treizième titre majeur conquis dans son jardin de Wimbledon, bastion imprenable pour l’Américain depuis 1993 (exception faite du succès de Richard Krajicek en 1996).
Le record de Sampras établi en 2000 et consolidé en 2002 par une quatorzième victoire majeure (US Open) semblait bien plus compliqué à battre que celui d’Emerson datant de 1967, et pourtant ce Fort Knox du tennis a déjà sauté une fois, en seulement neuf ans. A Wimbledon en 2009, le Pantagruel suisse nommé Roger Federer gagnait son quinzième titre majeur, record porté à 17 unités trois ans plus tard, toujours à Londres dans le temple du tennis. Mais l’état de grâce ne peut durer éternellement, Federer l’a appris depuis 2010, année où Nadal reprend le flambeau des mains du Suisse, qui retrouvera la place de n°1 quelques semaines seulement en 2012, le temps de porter sa présence à un pinacle de 302 semaines.
Cet Everest est-il accessible à Djokovic, plébiscité meilleur joueur du monde de façon. incontestable depuis 2011 (exception faite du sensationnel come-back de Nadal en 2013) ?
Même s’il est à son climax, Djokovic pourra plus difficilement viser le record de Federer si jamais celui l’améliore à 21 voire 22 titres majeurs, lapalissade qu’il faut tout de même écrire puisque le maestro est toujours en activité. Ecarter Roger Federer de la course aux lauriers majeurs en 2018-2019 serait bien imprudent, tant le magicien peut encore sortir des prodiges de sa raquette. Ceci dit, les plus vieux lauréats en Grand Chelem durant l’ère Open sont Ken Rosewall (33 ans et 9 mois en juin 1968 à Roland-Garros) Andre Agassi (32 ans et 9 mois en janvier 2003 à l’Open d’Australie), Pete Sampras (31 ans en septembre 2002 à l’US Open) et désormais Roger Federer (36 ans et 5 mois en janvier 2018 à l’Open d’Australie). A 36 ans, l’alchimiste suisse a dépassé ce seuil mais sait-on jamais avec un tel joueur, son apogée est derrière lui mais il peut encore atteindre la quadrature du cercle sur un tournoi, il l’a prouvé à Melbourne ainsi qu’à Wimbledon en cette année 2017 où le Suisse fit figure de phénix. Seul problème, mais de taille, Djokovic était intouchable en finale, imperméable à la pression du public comme à celles de break sur le court Arthur Ashe.
En partant du postulat que Federer restera bloqué à 20 titres du Grand Chelem pour l’éternité, la condition nécessaire mais pas suffisante pour Djokovic pour faire sauter le verrou bâlois était de gagner Roland-Garros.
Après son triomphe à Roland-Garros le 5 juin 2016, voilà Novak Djokovic désormais libéré du poids de l’Histoire, ce Grand Chelem en carrière véritable apothéose tennistique mais presque banalisé depuis deux décennies par Andre Agassi (1999), Roger Federer (2009) et Rafael Nadal (2010).
Ce succès, quête du Graal qui lui a pris une décennie, va éviter au Serbe un complexe mental sur Roland-Garros, qui n’est plus un tournoi maudit pour lui, tel Wimbledon pour Lendl ou l’US Open pour Borg jadis. Or viser le record de Federer sans jamais gagner à Roland-Garros aurait limité d’autant les occasions, Djokovic ne travaillant que sur 3 levées du Grand Chelem au lieu de 4.
On le comprend aisément, gagner à Roland-Garros en 2019 et 2020, est la clé de voûte qui permettra à Novak Djokovic ou Rafael Nadal de triompher du record de Roger Federer avant son chant du cygne, qui interviendra bien un jour.
Si Nadal gagne les deux prochains Internationaux de France, il portera à 12 et 13 son nombre de victoires à Paris, son record prenant des proportions démentielles. Mais surtout, le gaucher espagnol fera d’une pierre deux coups, se rapprochant de Federer tout en limitant le retour de Djokovic. Qu’on ne s’y trompe pas, partout ailleurs en Grand Chelem, le Serbe est mieux armé que l’Espagnol : 6-1 à Melbourne au nombre des titres (1-0 en confrontations directes), 4-2 à Wimbledon (2-1 en confrontations directes) et dans une moindre mesure à New York : 3-3 à l’US Open (1-2 en confrontations directes).
Car si l’on reste sur le raisonnement d’une non-émergence de rivaux d’envergure sur les quatre saisons à venir (2019-2022), le Serbe doit continuer à imposer son joug avec la même intensité au reste du circuit, pour au moins maintenir le rythme moyen qu’il tient depuis son déclic de 2011, soit 1.85 GC par an (13 titres majeurs en 7 ans, en laissant de côté sa saison 2017 gâchée par les blessures).
Pendant deux ans et demi (Wimbledon 2014 – US Open 2016), Novak Djokovic a gagné 6 des 10 trophées du Grand Chelem mis en jeu (soit 60 %), ne laissant que l’US Open 2014, Roland-Garros-2015, Wimbledon 2016 et l’US Open 2016 à la concurrence, respectivement représentée par Marin Cilic, Stanislas Wawrinka, Andy Murray et Stanislas Wawrinka, le Vaudois ayant à chaque fois battu le Djoker en finale pour conquérir ces deux couronnes à Paris et New York.
Rien ne permet d’affirmer que Djokovic va refaire un Petit Chelem avec un troisième millésime exceptionnel digne des incroyables cuvées 2011 et 2015, partitions sans fausse notes autre que celles jouées sur l’ocre parisien, où deux trouble-fêtes venus de Suisse ont joué l’air du requiem pour le Belgradois.
En maintenant un rythme moyen de 2 victoires en Grand Chelem entre 2019 et 2021, année où il fêtera ses 34 ans, Djokovic pourrait atteindre le nirvana du seuil de 20 titres majeurs, soit le record de Roger Federer, avec la possibilité de dépasser le Suisse en 2022. Mais le jeu de retour prodigieux du Serbe exige un physique remarquable, il lui faudra maintenir une forme étincelante pendant encore quatre ans ... La remarque vaut aussi pour Rafael Nadal (plus âgé d’un an que le Djoker), grand habitué de l’infirmerie du circuit ATP et des forfaits en Grand Chelem ou en Masters Cup …
Pérenniser un rythme de 2 victoires en Grand Chelem semble bien compliqué, ce type d’exploit n’est pas banal dans l’ère Open, seuls Borg, Sampras, Federer et Nadal l’ayant réussi au moins 3 fois :
- Rod Laver 1 fois (4 titres en 1969)
- Jimmy Connors 2 fois (3 titres en 1974, 2 titres en 1982)
- Guillermo Vilas 1 fois (2 titres en 1977)
- Bjorn Borg 3 fois (2 titres en 1978, 1979 et 1980)
- John McEnroe 2 fois (2 titres en 1981 et 1984)
- Ivan Lendl 2 fois (2 titres en 1986 et 1987)
- Mats Wilander 1 fois (3 titres en 1988)
- Boris Becker 1 fois (2 titres en 1989)
- Jim Courier 1 fois (2 titres en 1992)
- Pete Sampras 4 fois (2 titres en 1993, 1994, 1995 et 1997)
- Andre Agassi 1 fois (2 titres en 1999)
- Roger Federer 6 fois (3 titres en 2004, 2006, 2007, 2 titres en 2005, 2009 et 2017)
- Rafael Nadal 3 fois (3 titres en 2010, 2 titres en 2008 et 2013)
- Novak Djokovic 3 fois (3 titres en 2011 et 2015, 2 titres en 2018)
D’autre part, gagner en Grand Chelem après 30 ans est difficile, Novak Djokovic risque d’être victime de ses temps de passage, lui qui ne compte « que » 14 titres à 31 ans, là où Federer en avait 17 et Nadal 16, pour parler de ceux qui le précèdent directement dans le gotha du tennis. Il suffit de regarder le bilan après 30 ans de dix grands champions du tennis moderne pour se convaincre de ce seuil où l’on troque le pain blanc pour manger du noir, exception faite de Connors, Agassi, Federer et Nadal qui confirment la règle avec respectivement 2, 2, 3 et 3 majeurs gagnés après 31 ans ! - Bjorn Borg – 0 victoire en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en juin 1987 (retraite en 1982 à 26 ans)
- Jimmy Connors – 1 victoire en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en septembre 1983 (US Open 1983)
- John McEnroe – 0 victoire en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en août 1990 (ultime Grand Chelem à 25 ans à l’US Open 1984)
- Ivan Lendl – 0 victoire en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en août 1991 (ultime Grand Chelem à 29 ans à Open d’Australie 1996)
- Stefan Edberg – 0 victoire en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en janvier 1997 (ultime Grand Chelem à 26 ans à l’US Open 1992, retraite prise fin 1996 après la finale de Coupe Davis France / Suède)
- Boris Becker – 0 victoire en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en novembre 1997 (ultime Grand Chelem à 28 ans à Open d’Australie 1996)
- Andre Agassi – 2 victoires en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en avril 2000 (Open d’Australie 2001 et Open d’Australie 2003)
- Pete Sampras – 1 victoire en Grand Chelem après 30 ans, fêtés en août 2002 (US Open 2002)
- Roger Federer – 3 victoires en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en août 2012 (Open d’Australie 2017, Wimbledon 2017, Open d’Australie 2018)
- Rafael Nadal – 3 victoires en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en juin 2017 (Roland-Garros 2017, US Open 2017, Roland-Garros 2018)
- Novak Djokovic – 2 victoires en Grand Chelem après 31 ans, fêtés en mai 2018 (Wimbledon 2018 et US Open 2018)
Pour être optimiste, Djokovic pourrait rétorquer que le tennis a évolué, que la maturité d’un joueur intervient plus tard, qu’il est plus difficile de gagner désormais pour les jeunes vu les standards d’excellence établis par le Big Four, qui a dressé la guillotine devant tant de joueurs ambitieux (Del Potro, Söderling, Roddick, Hewitt, Nalbandian, Davydenko, Ferrer, Berdych, Tsonga, Gasquet, Monfils, Nishikori, Cilic, Raonic, Dimitrov, Goffin, Thiem, Kyrgios…).
Sans être utopique, le défi qui attend Novak Djokovic est donc semé d’embûches, plus proche d’un labyrinthe sans fil d’Ariane qu’un chemin pavé de roses face à une porte d’or, malgré tout le panache qu’il y mettra : déclin physique, émergence possible d’un rival (voire de plusieurs), nouvelle lassitude psychologique, fulgurance possible de Federer pour enfoncer le clou à 21 trophées en GC, complexité de prolonger l’euphorie de saisons à un tel niveau de jeu…
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