Les Jeux Olympiques – et le sport en général – sont un excellent révélateur de l’évolution de notre monde. Le sponsoring des athlètes n’est plus seulement le fait des sponsors commerciaux mais en grande partie l’œuvre des États qui dès le début de la compétition comptent les médailles, établissant ainsi une sorte de baromètre de leur santé médiatique.
Même si la propagande ne cesse de nous chanter la louange de ces sportifs, je refuse de considérer comme des modèles, des gens spécialisés dans UN truc qui ne sert absolument à rien et ne produit rien. Pas même une élévation de l'esprit comme avec l'art ou la culture, mais juste de la performance (une performance ultra précise) pour la performance. D'ailleurs, si l’on fait s'affronter des sportifs de haut niveau avec des gens qui pratiquent réellement au quotidien une logique de corps sain, on peut voir à quel point ces sportifs ultra spécialisés et qui ont besoin de 3 kilos de pâtes par jour sont totalement inadaptés à une vie dure et nécessitant une robustesse généraliste. S’il ne s’agissait que d’avoir un esprit sain dans un corps sain, il suffirait pour cela que les gens troquent leur voiture ou le bus contre un vélo pour aller au travail. Dans le même temps imparti que leur trajet normal, ils pourraient alors s’entretenir. Parions que ces « vedettes » vont à l’entraînement comme le fonctionnaire moyen… en voiture !
Je me sens assiégé par les reportages et enthousiasmes médiatiques sur les Jeux olympiques (JO), que je n'aime pas. Il semble qu'il y ait consensus pour suivre cette compétition mondiale mais, en France, on n'entend pas beaucoup les voix critiques des JO. François Hollande vient même de déclarer depuis Londres qu'il était favorable à une nouvelle candidature de Paris pour les JO de 2024. L'hyper-manifestation sportive est pourtant encadrée par un formidable déploiement policier et militaire, la Grande-Bretagne, déjà championne du monde de la vidéosurveillance, en rajoute une couche orwellienne. Gigantisme militarisé de l'amusement.
Les contribuables du monde entier financent le sport dit de haut niveau au détriment d'investissements pour aider pauvres, chômeurs, mal-logés, mal-payés. Partout dans le monde le chauvinisme devient licite lorsqu'il s'agit de parler des médailles. On suit "nos" athlètes et leurs chances de médailles, leur gain d'un dixième de seconde dans telle ou telle course. L'infantilisme généralisé est encouragé par des préoccupations puériles portant, par exemple, sur le fait de courir le 100 mètres en 9 secondes 20 ou en 9 secondes 30.
[…] Les JO ne sont que la forme exacerbée et mondialisée du triomphe de la société du spectacle décrite par Guy Debord. Ils représentent un gâchis de ressources extraordinaire, comme nombre de compétitions sportives.
[…] Les JO nous renvoient une image hideuse de notre société mais la laideur est rendue socialement acceptable par la magie médiatico-sportive. Regardons les visages torturés et durs des athlètes, ils sont notre vérité dans la compétition. Nationalistes hargneux, sans tendresse, méchants, oublieux des déshérités, aveuglés sur notre propre situation, aliénés dans le culte des héros du jour, fondus dans une masse qui regarde mais ne fait pas, passifs et dépouillés par les investisseurs de la société des jeux du cirque. Une catastrophe éthique devient un beau succès idéologique.
Pierre Guerlain
La réalité, c’est que le sport est à la fois un formidable outil d’économie « keynésienne » avec tout le spectacle qui l’accompagne, ainsi qu’un superbe outil de contrôle des masses, outil qui renforce fondamentalement leur adhésion à l’État que représentent leurs vedettes. Le Tour de France a désormais un aspect bien ringard avec ses sponsorings mystérieux et sa caravane Banette & Cochonou. Le monde du sport est largement passé dans les mains du Pouvoir. En témoigne particulièrement le foot. Toutes les équipes dominantes sont désormais essentiellement sponsorisées par de grandes municipalités.[1] Les États, même et surtout les plus pauvres, n’hésitent pas à récompenser à coup de dizaines voire de centaines de milliers de dollars leurs médaillés.
Ce basculement du sport dans l’univers politico-médiatique est allé complètement de pair avec l’introduction de pratiques « médicales » visant à fabriquer des champions quitte à les détruire physiquement au lendemain de leur performance. Les pays de l’Est européen (l’Allemagne de l’Est et ses nageurs et « nageuses », la Roumanie et ses gymnastes) étaient passés maîtres en la matière. Que sont devenus les entraîneurs est-allemands après 1989 ? On en a fort peu parlé. Certains ont poursuivi des carrières fort lucratives aux États-Unis et en France.
Pour ne rien gâcher, les Jeux olympiques sont aussi la grande fête internationale du spectacle télévisuel. Ce que nos sportifs encouragent par leurs « exploits », c’est l’usage de la pantoufle et du canapé, l’intoxication et l’avachissement par des spectacles dérisoires. La dégénérescence mentale.
Le sport est une valeur essentielle. Bougez-vous, marchez, pédalez… soignez votre physique ! La devise romaine Mens sana in corpore sano a été essentielle dans l’édification de la Rome antique. Ne dit-on pas toujours devant une œuvre remarquable : un travail de Romains ? Dans un monde où le luxe et la facilité gangrènent tout, nous avons plus que jamais besoin de l’effort physique qui favorise incontestablement l’effort mental. De quoi sommes-nous abrutis si ce n’est de cet univers de facilité où tout nous est fourni sans que nous ayons à bouger le petit doigt ? C’est cela aussi la logique du Pouvoir absolu !
MALTAGLIATI
[1] Le président du champion de France dirige une société qui est un des principaux fournisseurs de la Ville… En croyant payer leurs taxes d’enlèvement des immondices, les habitants subventionnent le foot ! Cela sans compter les subventions directes de toutes les grandes villes à "leur" club...
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Il suffit de voir le savant enchaînement chronologique de ces pseudo événements foot - tennis - tour de France - JO - championnats de ceci ou de cela entrecoupés d’impromptus people type miss France ou festival de Cannes pour comprendre qu’il ne s’agit que d’une entreprise d’abrutissement et de décérébration ( au détriment de certains sportifs de bonne foi d’ailleurs) Imaginez que durant ce temps perdu, nos compatriotes prennent un livre, réfléchissent et se rendent compte de l’enfermement mental et législatif qui les étouffent tous les jours un peu plus...
À l’auteur : « Ce que nos sportifs encouragent par leurs « exploits », c’est l’usage de la pantoufle et du canapé, l’intoxication et l’avachissement par des spectacles dérisoires. La dégénérescence mentale. »
Heureusement, vous, et vous seul, êtes prémuni contre ces dangers ! ! !...
C’est ce qu’on appelle une attaque personnelle et non une réaction susceptible de nourrir un débat. Je devrais replier votre insulte et le ferai si vous ne vous expliquez !