Pierre-Ambroise « The Boss »
Mardi 8 août, au terme d’une course aussi exceptionnelle qu’inattendue, le demi-fondeur nantais Pierre-Ambroise Bosse a apporté à la France sa première médaille d’or, sur 800m, lors des Championnats du Monde d’Athlétisme 2017.
C’est l’histoire d’un mec qui ne se prend pas la tête, en apparence en tout cas. L’histoire d’un mec intelligent et sympa mais à qui la chance ne souriait pas. L’histoire d’un mec qui a enfin pris une formidable revanche sur le destin en s’accaparant, mardi soir à Londres, la plus grosse part du festin !
Maudit jusqu’ici…
Révélé à Helsinki en 2012, le champion d’Europe juniors 2011 avait à l’époque glané sa première médaille internationale à l’occasion de sa première finale continentale chez les séniors. Un bronze prometteur que le néo-champion de France n’avait cependant pas réussi à faire fructifier un mois plus tard aux Jeux de Londres (élimination aux portes de la finale). Titulaire du record de France de sa discipline (en 1min 42s 53) depuis 2013, le spécialiste du double tour de piste avait ensuite fait preuve d’autant de régularité que de malchance. Qualifié cinq fois d’affilée pour les différentes finales européennes et mondiales, le pensionnaire de l’US Créteil avait malheureusement échoué à chaque fois aux places d’honneur : 7e aux Mondiaux de Moscou en 2013, 8e à l’Euro 2014, 5e aux Mondiaux de Pékin en 2015, encore 5e à l’Euro d’Amsterdam en 2016 et, hélas, 4e aux Jeux Olympiques de Rio l’année dernière.
Un tour de magie !
Frustré mais pas abattu par ces déconvenues, le triple champion de France (2012, 2014 et 2015) a toujours cru en lui. En dépit d’une préparation tronquée par une blessure, le natif de Loire-Atlantique aura arraché in extremis sa sélection pour les Championnats du Monde en réalisant les minimas à Monaco fin juillet. Second de sa série, puis repêché au temps pour la finale suite à sa troisième place en demie, « Pierrot » s’est mis à croire en sa bonne étoile. Et alors que la plupart lui promettaient une nouvelle fois le chocolat (au pied du podium), lui avait prédit à son coach un « tour de magie ». Il n’a pas menti. Déjouant les pronostics, le Français plaça une accélération aussi soudaine que risquée à quelques 300m du drapeau à damiers. Comme à Rio, d’aucuns pensaient alors qu'il était parti trop tôt… Et pourtant, résistant à la surprise générale au Kenyan Kipyegon Bett (3e) ainsi qu’au retour du favori polonais Adam Ksczot (2e), Pierre-Ambroise Bosse n’a pas fléchi !
Moi champion ?
Vainqueur incrédule (en 1min 44s 67), pointant son doigt vers lui, ce personnage facétieux, blagueur et extraverti, semblait alors se demander si c’était bien lui qui venait de gagner. Parti dans un tour d’honneur de folie au cours duquel il aura multiplié accolades, embrassades et autres selfies, c’est avec du rouge à lèvre un peu partout qu’il vint ensuite s’amuser de cette incroyable breloque en or au micro de Nelson Monfort. Et il avait beau être toujours aussi interloqué par l’improbable scénario auquel nous venions d’assister, cette médaille rêvée, Bosse ne l’a pourtant pas volée. In fine, désormais aux côtés de Marie-José Pérec, Stéphane Diagana ou encore Ladji Doucouré, l’histoire ne retiendra qu’une seule chose : un soir d’été, « Pierrot le fou » est devenu « roi ». Chapeau-bas.
Lionel Ladenburger
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