Cela remonte à l’année dernière, lors du premier Grand Prix de F1 se déroulant en Indonésie et de nuit. Nelson Piquet Jr percute le mur de protection après un virage et provoque la sortie de la voiture de sécurité et donc de la neutralisation de la course. Son coéquipier, Fernando Alonso, qui vient tout juste de ravitailler, se retrouve en tête du GP et gagnera la course !
A l’époque, pour la plupart des spectateurs, cet accident apparaît comme un fait de course heureux pour Alonso en lui permettant de gagner sa première course de la saison. Même si dans les paddocks, certains tiquent et se posent des questions sur cet "accident" ; Nelson Piquet Jr ayant déjà fait un tête à queue lors du tour de chauffe au même endroit ; ce crash a lieu à un endroit où il n’a pas de grue pour retirer rapidement tout véhicule accidenté, la neutralisation de la course est nécessaire ; Alonso ravitaille très tôt alors qu’il est parti loin dans la grille de départ et comme par hasard juste avant la sortie de la voiture de sécurité ; Nelson Piquet demandait régulièrement dans quel tour il est ; etc.
Mais le seul pilote a être pénalisé pendant cette course sera Rosberg, car il est rentré aux stands pour ravitailler alors que l’accès y est interdit (depuis lors cette procédure a été modifiée), l’empêchant de gagner ce GP.
Cette victoire d’Alonso, la première depuis son retour chez Renault Sport, tombe à point nommé dans une saison assez moribonde pour l’écurie et surtout depuis le départ de son pilote fétiche pour McLaren l’année précédente. En fait, depuis 2006, une Renault n’avait plus gagné une course !
L’affaire aurait pu en rester là, mais l’annonce d’une télévision brésilienne, juste avant le GP de Belgique, il a quelques semaines que l’accident de Piquet aurait été volontaire sur les ordres des responsables de l’écurie fait l’effet d’une bombe. Au début, on pense que que Nelson Piquet père veut se venger de l’évinction de son fils de l’écurie Renault un mois plus tôt et calomnie ainsi Briatore et son équipe. Malheureusement, quelques jours plus tard, circule dans les paddocks une copie de la déclaration de Nelson Piquet Jr confirmant bien ses dires. En voici quelques extraits :
« Peu avant le départ de la course, j’ai été convoqué dans son bureau par Flavio Briatore, mon manager et directeur général de l’écurie, et Pat Symonds, le directeur technique de l’équipe (…). Ils m’ont demandé de sortir délibérément de la piste, de sacrifier ma course pour l’équipe en provoquant une neutralisation. » Et de préciser : « À l’époque, j’étais fragile émotionnellement, parce que Briatore refusait de m’informer quant au renouvellement de mon contrat (…). J’ai accepté, espérant que cela améliorerait ma position au sein de l’équipe. »
« Symonds m’a indiqué le virage où je devrais le faire et à quel tour, afin de mettre en place une stratégie pour Alonso (…), un endroit sans grue ni voie d’accès, où un accident induirait forcément une neutralisation (…). Je l’ai fait, et comme il s’était arrêté au stand avant, il a gagné. » Et d’appuyer sa version des faits : « Pour être sûr de le faire au bon tour, je demandais sans cesse à la radio dans quel tour j’étais (…). N’importe quel ingénieur peut voir sur la télémétrie que j’ai perdu le contrôle exprès, puisque j’ai continué à accélérer alors qu’une réaction normale aurait consisté à freiner. »
Chez Renault Sport, on vient de reconnaître que les dires de Piquet sont exacts et de limoger Symonds ainsi que Briatore. Mais comme une enquête a été ouverte par la FIA (fédération internationale automobile), l’écurie pourrait être pénalisée, au pire elle risque d’être purement et simplement radiée de la F1, au mieux on lui les résultats de 2008 et elle écope d’une grosse amende. Il faudra attendre le 23 septembre pour avoir la réponse.
Une autre question que beaucoup se posent, Alonso n’était il pas au courant de cette "stratégie" ?
Comment, dans un sport aussi médiatique et dangereux, peut-on demander à un jeune pilote de se crasher volontairement dans un mur au péril de sa vie et de tricher pour gagner une course ?
Pour dépasser le cadre purement sportif, dans notre monde actuel où des affaires comme celle de Madoff, des subprimes, les soupçons de fraude dans plusieurs élections défrayent l’actualité, la victoire doit se faire fi des règles et de toute éthique ? Comment certains individus, sous les projecteurs des médias, en campagne électorale, peuvent agir de façon aussi bassement ?
Je trouve que cette affaire entre en résonance avec les autres survenues dans le monde économique depuis 1 an et appelle, comme beaucoup d’internautes se sont exprimés sur les forums, que notre société retrouve une certaine éthique.
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Cette affaire est symptomatique des dérives du sport en général, et de la F1 en particulier. Mais s’agit-il d’un sport ? J’en doute.
Et si Renault a triché de manière scandaleuse pour forcer un résultat, il faut reconnaître que les organisateurs de Grands prix et la FIA elle-même ont, dans le passé, donné un sérieux coup de pouce à certaines écuries : - soit en modifiant opportunément des règles, - soit en sanctionnant (ou pas) des pilotes, - soit en sortant la voiture de sécurité sans réel nécessité pour aider tel ou tel protégé de M. Ecclestone et ses amis...
depuis les débuts de Schumacher chez Benetton, Briatore a instauré des méthodes de voyou dans la formule un, les faits ci-dessous. Et Renault qui joue la vertu outragée, c’est un peu gros !
« »Comment, dans un sport aussi médiatique et dangereux, peut-on demander
à un jeune pilote de se crasher volontairement dans un mur au péril de
sa vie et de tricher pour gagner une course ?« »
se crasher volontairement est sûrement moins dangereux que de sortir un pilote de la piste, comme l’a fait plusieurs fois Schumacher ;
quant à Piquet qui accepte de faire ce genre de mauvais coup, il ne mérite pas mieux que Briatore, qu’on le jette hors de la F 1 s’il y a encore un peu de sens moral dans ce sport.
Premier point qui a tout de même été repris mais qui fait néanmoins mal aux yeux : on parle bien du GP de Singapour 2008 et non d’Indonésie, ce pays n’ayant encore jamais accueilli le cercle restreint de la Formule 1.
Car en effet, la F1 est un monde plus qu’un sport dans lequel il est difficile d’entrer. Mais une fois qu’on l’intègre, on se rend très vite compte que les enjeux politiques et financiers rivalisent très fortement avec ceux du domaine sportif en lui-même.
Et c’est encore plus vrai dans la conjoncture actuelle, je parle bien évidemment de la crise économique mondiale qui touche également le sport automobile puisque l’on déplore depuis la fin de l’année 2008 le retrait de l’écurie Honda, celui de BMW annoncé il y a quelques semaines, plus récemment le départ de Toyota et enfin depuis quelques jours la disparition de Bridgestone, le manufacturier unique de pneumatiques, à l’horizon 2011.
Dans ces conditions, la pression qui étouffe directeurs et pilotes se fait de plus en plus forte puisqu’en effet, les premiers doivent rendre des comptes (et mieux faut-il qu’ils soient positifs) aux propriétaires des teams et attendent toujours plus des seconds qui ont le devoir de bien figurer en course (outre l’objectif sportif allant de soi) au risque de se faire virer pour manque de bons résultats. Evidemment, les pilotes les plus talentueux (Alonso, Hamilton, Räikkönen, …) n’ont pas de soucis à se faire mais pour les autres, il demeure toujours cette épée de Damoclès au dessus de leurs têtes.
Alors évidemment, on peut se montrer choqué, stupéfait, énervé, par les évènements de Singapour 2008 mais inutile de nous voiler la face, ce genre de pratique ne date pas d’hier. Tricheries, trahisons, espionnages, sont monnaie courante en Formule 1 mais ces actes commencent uniquement à être révélés aujourd’hui, notamment à cause de la société dans laquelle nous vivons, embrumée par le paysage médiatique. Je ne cherche pas à excuser ce qui s’est passé chez Renault l’année dernière mais tente uniquement de relativiser ce qui s’est dit depuis cet été, sans diminuer l’importance de provoquer un crash en pleine course.
Dans cette affaire, nous devons écouter tous les partis et non pas se limiter à un seul son de cloche comme beaucoup l’ont fait en crachant incessamment sur Flavio Briatore. Il n’est pas le seul fautif dans cette affaire, Nelsinho Piquet a également une grande part de responsabilité. En effet, il a été confirmé qu’une discussion entre Briatore, Pat Symonds et Piquet a bien eu lieu peu de temps avant la course afin de prévoir l’accident mais ce que l’on dit peu, c’est que le pilote lui-même a été l’instigateur de cet acte en suggérant l’idée aux deux autres. Ce fut bien évidemment très maladroit et l’on ne peut l’excuser malgré le fait qu’il avait une pression très forte par rapport au risque de voir son contrat ne pas être renouvelé pour la saison 2009 après de piètres prestations en piste.
Ainsi, on peut considérer les condamnations de Flavio Briatore (banni à vie du sport automobile et impossibilité d’exercer le métier de manager) et de Pat Symonds (5 ans de suspension en F1) trop lourdes. Il s’agit surtout d’une vengeance de désormais l’ex-président de la Fédération Internationale de l’Automobile, Max Mosley, qui fut toujours en froid avec Briatore et qui a saisi l’occasion pour évincer ce dernier, chose qui lui a toujours fait envie. Dès lors, on peut se poser la question de l’impartialité lors de ce procès : Briatore a-t-il vraiment été jugé et condamné uniquement pour l’affaire de Singapour ou a-t-il payé la rivalité qu’il a toujours entretenu avec Max Mosley ?
Dans tous les cas, personne ne sort grandit de cette histoire, seul Bernie Ecclestone (patron de la Formula One Management) doit se frotter les mains pour l’apport médiatique que la F1 a rencontré.