Simone Biles, la nouvelle Comaneci
Enfant prodige issue de l’école américaine, Simone Biles a signé une véritable razzia à l’occasion du concours de gymnastique artistique des J.O. de Rio. Sur 6 épreuves, la jeune championne texane de 19 ans s’est en effet octroyée 5 médailles dont 4 en or ! De quoi la comparer déjà avec la plus illustre de ses aînées, une certaine Nadia Comaneci...
La technique sans faille de Nadia Comaneci alliée à la grâce suave de Joséphine Baker, voilà comment l’on pourrait peut-être résumer l’immense talent de ce petit bout de femme d’à peine 1m45. Synthèse du meilleur, capable de réaliser les prouesses les plus folles avec une aisance qui frôle la désinvolture mais force surtout le respect, Simone Biles a ébloui de toute sa classe les différentes compétitions de gymnastique artistique féminine des J.O. brésiliens.
La force d’un destin hors du commun
Et dire que cette adolescente, toujours souriante, aurait pu passer à côté de tout cela… A priori mal embarquée, la destinée finalement dorée de Simone Biles illustre en effet à merveille le genre de « success story » dont l’Amérique raffole. Née d’une mère toxico-alcoolique, elle sera recueillie dès l’âge de 3 ans par son grand-père chez lequel elle passera toute son enfance. C’est ensuite la découverte de la gymnastique au hasard d’un voyage scolaire qui constitue l’incontestable tournant de sa vie.
A 8 ans, la route de la petite puce croise alors celle de sa future coach de toujours, qui l’accompagne aujourd’hui encore et qu’elle considère de son propre aveu comme sa mère d’adoption : Aimee Boorman. Eloignée du haut-niveau, cette prof de gym aux méthodes peu académiques fera pourtant de Simone une star !
Sur les traces des plus grandes…
Seules 4 gymnastes avaient déjà réussi un quadruplé en or sur une seule olympiade avant 2016. Au Brésil, Simone est donc devenue la 5e membre de ce club très fermé, composé de la Soviétique Larissa Latynina, de la Hongroise Agnes Keleti (1956) ainsi que de la Tchécoslovaque Vera Caslavska (1968) et de la Roumaine Ecaterina Szabo (1984). Cependant, de par l’émerveillement suscité, c’est le souvenir d’une autre athlète roumaine qui nous revient naturellement à l’esprit…
De fait, à l’instar de Biles, Nadia Comaneci avait elle aussi éclaboussé la planète de son talent via un mythique 10 sur 10 obtenu à Montréal en 1976. Toujours enclins à comparer les époques, les journalistes n’ont ainsi pas hésité une seconde avant d’établir directement le parallèle entre l’actuelle princesse et l’ancienne reine de la gym mondiale… Difficile de leur donner tort. Aux vues des sublimes prestations délivrées par Simone Biles en terre carioca, la comparaison semble même inévitable.
Chronologie d’une semaine de rêve
Sur 4 des 6 épreuves disputées, l’Américaine a tout simplement écrasé la concurrence. En guise d’apéritif, et avec la complicité de ses coéquipières, elle a d’abord remporté sa 1ère breloque par le biais du concours général par équipes.
Triple championne du monde en titre, la jeune américaine se savait très attendue lors de ce 1er exercice des J.O. en solo. Solide mentalement, elle a su gérer la pression sans trembler, survolant avec une facilité déconcertante le concours général individuel.
Polyvalente, explosive et dès lors en pleine confiance, elle a ensuite récidivé lors du saut de cheval, créant par là même occasion une mini-surprise puisqu’elle n’avait encore jamais glané de titre international sur cet agrès !
Seul vrai bémol toutefois, son absence du podium due à son élimination précoce lors des qualifications aux barres asymétriques. Une épreuve qui constitue manifestement toujours son unique point faible.
Dans la foulée, un autre accroc, le seul moment dénué de maîtrise de ses Jeux : une perte d’équilibre sur la poutre qui aurait pu lui couter bien plus cher s’il elle n’était pas parvenue à se maintenir in extremis. Malgré tout auteure d’un programme très audacieux, sa prise de risque sera néanmoins récompensée par le jury qui lui accordera in fine une note suffisamment élevée pour lui garantir le bronze.
Enfin, au sol, Biles a rappelé à ses adversaires pourquoi elle était imbattable. Aussi tonique qu’agile, puissante et légère à la fois, défiant la gravité, elle a sauté plus haut que les autres. Dansant divinement sur un air de samba qui a fait chavirer le public « brasileiro », la petite déesse a régalé les spectateurs d’un véritable récital. Le tout, agrémenté de la figure spéciale qui porte déjà son nom « The Biles » : un double salto arrière suivi d’une demi-vrille ! Ovationnée, sortie sous une pluie d’applaudissements, Simone a ainsi conclu de la plus belle des manières cette grande 1ère olympique.
Future meilleure gymnaste de tous les temps ?
A l’instar de Michael Phelps, Teddy Riner ou encore Usain Bolt, l’Américaine Simone Biles, plus petite médaillée de Rio, restera assurément comme l’une des plus grandes stars de ces 31e Jeux Olympiques. Pour l’heure cependant, difficile de dire où la situer exactement dans l’Histoire d’une discipline aussi subjective que la sienne. Certains la considèrent d’ores et déjà comme l’égale de la légendaire Comaneci, d’autres en revanche préfèrent quant à eux laisser le temps parler… A l’heure actuelle en tout cas, une chose est sûre, ce genre de considérations, Biles s’en moque !
Et pour cause, ses préoccupations du moment sont tout simplement celles d’une gamine de son âge, redevenue groupie l’espace d’un instant quand son idole, l’acteur Zac Efron, est venu lui rendre une petite visite-surprise au sortir du podium. Un épisode qui a visiblement rendu Simone aussi heureuse (si ce n’est pas plus) que ses 4 titres olympiques ! Et après tout, quoi de plus normal, pour une jeune femme qui (ne l’oublions pas) vient tout juste de sortir de l’adolescence.
Lionel Ladenburger
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