Stades et sécurité : La France est-elle prête pour l’Euro 2016 ?
A un an de la compétition, les débats s’animent autour des stades en construction et des performances de la sélection tricolore. Mais en coulisses, c’est bel et bien la sécurité qui semble créer le plus d’agitations... Entre menaces terroristes, conflits politiques et mouvement hooligan, tour d’horizon de ce dossier sensible.

Il faut dire que la vente des billets se déroule plutôt bien et que les infrastructures seront prêtes en temps et en heure. Sur les 10 stades qui accueilleront les rencontres du championnat d’Europe, il reste 4 chantiers importants à finaliser avec le nouveau stade de Lyon mais également les rénovations encore inachevées du Parc des Princes, de Felix Bollaert et de Geoffroy Guichard.
DES RISQUES MULTIPLES
Comment ne pas d’abord penser aux attentats de Janvier 2015, qui ont endeuillé toute la France mais qui ont surtout mis en lumière une certaine vulnérabilité des services de renseignement face aux attaques terroristes.
Si le niveau de vigilance a forcément été relevé, le risque de nouveaux drames plonge l’organisation de la sécurité dans un risque de paranoïa permanente. Cette atmosphère pourrait bien accoucher de mesures inédites en matière de sécurité pour un événement d’une telle ampleur.
Et le contexte sportif ne vient pas non plus rassurer les autorités chargées de la sécurité. L’explosif Albanie-Serbie d’octobre dernier a laissé des traces, et le risque de voir les rencontres se transformer en vaste opposition entre Etats et « Patriotes » est présent.
Pour couronner le tout, l’Euro 2016 sera la première édition avec 24 participants, contre 16 auparavant. L’augmentation du nombre d’équipe renforce donc la probabilité d’assister à des rencontres à risques. Le contexte politique a également fait son apparition depuis plusieurs mois, avec le conflit ukrainien en toile de fond.
Après les incidents lors de la Coupe du Monde 1998, avec l’agression du gendarme Daniel Nivel et les bagarres générales à Marseille, nul doute que la France veillera encore plus à l’environnement et à l’encadrement des supporters.
UNE PREPARATION DEJA RATEE ?
Face à ces nombreuses difficultés, plusieurs voix critiques se sont fait entendre ces derniers mois sur la préparation des instances du football et des services de l’ordre. En effet, depuis plusieurs années désormais, la Ligue de Football Professionnel et les préfectures succèdent les mesures d’interdiction de déplacement de supporters.
Si ces mesures se justifient à certains égards pour des motifs de maintien de l’ordre public et de prévention de troubles à l’ordre public, elles présentent le désavantage d’empêcher tout « tour de chauffe » pour les services de l’ordre et pour les personnels chargés de la sécurité aux alentours des stades et dans les « villes hôtes ».
De manière sarcastique, internautes et journalistes se sont interrogés sur la capacité à accueillir des milliers de supporters anglais, serbes, russes, italiens alors même qu’un déplacement de 300 stéphanois ou niçois constitue un horizon indépassable pour certains préfets.
Derrière l'ironie subsiste une interrogation très sérieuse : comment savoir si les dispositifs sont opérationnels alors même qu'on interdit en amont des déplacements de supporters qui permettraient de les tester ?
LE PARTAGE DES RESPONSABILITES
La question du partage des tâches est également épineuse pour les organisateurs.
De par sa compétence régalienne, les services de l’Etat seront évidemment à la tête du dispositif. Toutefois, l’Etat n’a pas les moyens d’assumer intégralement la sécurité de l’Euro. Par conséquent, il est obligé de composer avec d’autres acteurs : les services de l’UEFA, évidemment mais aussi les collectivités locales et les sociétés de sécurité privée.
Si la coordination avec les instances européennes du football est une évidence et se met en place depuis plusieurs mois via des réunions interministérielles et des tables rondes, le rapport avec les collectivités est déjà plus délicat.
Le ministre de l’intérieur a tiré un début de sonnette d’alarme. Par une circulaire en date du 6 mars, il a demandé aux 10 collectivités en charge de l’organisation de prévoir des dispositifs plus conséquents, notamment dans les « Fan-Zones » où les besoins avaient été « très manifestement sous-évalués » selon le texte ministériel.
Si un retour à l’équilibre s’observe depuis plusieurs semaines, la question de la formation des agents mais aussi de l’assouplissement des conditions en matière d’heures supplémentaires restent toujours des sujets qui font l’objet d’ajustements et de discussions.
DES MESURES FERMES MAIS EFFICACES ?
Le président du comité d’organisation de l’Euro 2016, Jacques Lambert, admet que la sécurité est la priorité et le restera « jusqu’au soir de la finale ». Sans sombrer dans l’alarmisme, il évoque cependant la possibilité de mettre en place des « interdictions de circuler sur le territoire français » pour empêcher certains groupes à risque identifiés d’assister aux rencontres.
Cependant, l’actualité récente a bien montré que l’interdiction de déplacement était un arsenal insuffisant, qui pouvait même être contreproductif. Comment anticiper les réactions des futurs « IDS » face à ces décisions ?
Il reste un facteur, que les services ne prennent naturellement pas en compte mais qui peut s’avérer déterminant : celui de la chance. Eviter un Ukraine-Russie ou un Serbie-Monténégro dès le 1er tour serait déjà une victoire pour ceux qui joueront un tournoi bien différent à l’ombre des PC Sécurité et des dispositifs de prévention.
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