Taiwo, le chant des partisans
Pour un chant anti-parisien de mauvais goût au Stade de France à l’issue de la finale de la coupe de la ligue, le marseillais Taye Taiwo risque gros. Comme par exemple de ne pas revoir les terrains de Ligue 1 cette saison.
« Chante comme si tu devais mourir demain » aimait à lancer Michel Fugain. On ne sait pas si le défenseur gauche de l’Olympique de Marseille Taye Taiwo y aura vu quelque signe annonciateur dans les paroles du chanteur aux bottes interminables. Mais la tentation est grande, néanmoins.
Tout allait pourtant pour le mieux dans le meilleur des mondes samedi soir à Saint Denis pour le nigérian. Unique buteur de la finale face à Montpellier, il a ainsi offert à l’OM une 2ème coupe de la ligue d’affilée. Un record. De quoi booster le club phocéen à l’amorce de la dernière ligne droite pour aller chercher également un 2ème titre de champion consécutif.
Dès lors, on connait le folklore d’une finale remportée : remise de la coupe et des médailles, photo avec le trophée, tour d’honneur, et fête avec les supporters en tribunes. Et c’est là que les choses se sont gâtées pour l’ami Taiwo.
Micro climax
A trop vouloir faire plaisir aux supporters, ses paroles sont allées du nerf à la bouche sans passer par la case « cerveau ». Sur l’air de l’hymne italien, le joueur s’est en effet mis à entonner, micro en main, un chant bien connu des supporters marseillais, qui insulte le club de la Capitale : « les marseillais montent à Paris pour enc… le PSG ».
Probablement dépassé par la teneur de ses propos, le défenseur n’imaginait pas que la déferlante médiatique serait immédiate. Les image, passant en boucle sur les télés comme sur le web, ont donné à ces quelques secondes d’égarement un caractère irréversible. Il n’en fallait pas plus à la victime des propos, à savoir le PSG, pour réagir par l’intermédiaire de son président Robin Leproux. Celui exigea dès le dimanche des excuses du club olympien et des sanctions claires. Le PSG n’allait quand même pas manquer l’occasion d’affaiblir son rival, et un concurrent direct qui plus est.
Sur la Canebière, la gestion de mini-crise on connait. Alors, tout le monde a joué sa partition : le mea-culpa de Taiwo, les regrets de Deschamps et le recadrage de Dassier. Bref, si l’OM a tout tenté pour maintenir l’affaire en interne, il n’en est rien. La LFP a en effet diligenté une enquête. Avec toutes les preuves tangibles, celle-ci ne sera guère complexe.
Il s’agit d’un beau gâchis pour un joueur qui joue ses derniers matchs avec Marseille avant de partir cet été sous d’autres cieux, après 7 années au sein du club. Au delà la stupidité du joueur dans ce moment d’euphorie, cette triste affaire renvoit surtout à la banalisation des termes injurieux et de la violence verbale dans le monde actuel du football, sur le terrain comme en dehors. Lorsqu’un joueur suit la bêtise de la foule les yeux fermés et la bouche ouverte, cela s’appelle un nivellement par le bas. Pour fêter son départ de Marseille en juin, pas sûr que Taiwo opte pour une soirée karaoké.
Gwendal Plougastel
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