Tour de France : la dernière chance ?
Il reste encore un espoir de sauver le Tour : la nouvelle attitude des coureurs face aux scandales du dopage.
Le départ, sous les quolibets, de Rasmussen marque-t-il, comme l’anticipe Libération ce matin “la mort du Tour” ?
La mort de l’édition 2007, c’est une certitude, le classement général n’a plus aucun sens. Même si Contador était propre (rires enregistrés...) sa probable victoire devrait beaucoup au temps gagné lors d’échappées pendant lesquelles il profitait des relais surnaturels de Rasmussen.
La mort du Tour de France en général, peut-être pas. Il y a, à mon avis, encore un motif d’espoir.
L’attitude des coureurs est en train de changer.
En 1998, suite à l’affaire Festina, les coureurs, sous l’impulsion de cette pharmacie ambulante de Jalabert, s’était mis “en grève” pendant une demi-étape pour protester contre... les perquisitions de la brigade des stups, et donc contre la lutte antidopage. L’omerta était totale, et le pauvre Christophe Basson apprit, lors des éditions suivantes, le sort que réservent les mafieux à ceux qui les trahissent. Neuf ans plus tard, contrairement à un lieu commun en vogue, bien des choses ont changé. Une partie significative du peloton se désolidarise des coureurs dopés. Et si, cette fois encore, une minigrève a été organisée c’était pour protester contre les dopés qui truquent la course et décrédibilisent les performances de tous. C’est un progrès immense.
Le dopage dans le cyclisme est le produit d’un système qui associe coureurs, médecins, organisateurs de course, dirigeants d’équipe, sponsors, médias et public.
Pour que le système s’effondre, il faut qu’un des maillons de la chaine fasse défaut. Oui, mais lequel ?
Versac pense que les sponsors pourraient jouer ce rôle. Je n’y crois pas vraiment. Si un sponsor menace de se retirer à cause du dopage, il sera remplacé par un autre, moins regardant.
Les enterprises en quête de publicité bon marché, ce n’est pas une denrée rare. De même que les pharmaciens véreux, les dirigeants corrompus, et les spectateurs naifs.
Des denrées rares, dans le cyclisme, il n’y en a que deux : les coureurs et les chaînes de télévision. Évacuons rapidement les télés, tant la corruption morale semble être chez ceux qui y travaillent une seconde nature. Quand on pense que France Télévision, chaîne de service public, emploie Laurent Jalabert - le parrain du dopage organisé - comme consultant, on sait qu’il n’y a rien à espérer de ce côté-là.
Reste donc les coureurs. S’il se confirme qu’ils sont prêts à refuser le dopage, alors l’espoir existe car ils ne pourront pas être remplacés facilement par d’autres. Il y a certes un grand nombre de jeunes sportifs qui ont les capacités physiques pour courir le Tour de France, mais combien parmi eux ont la volonté et la résistance à la souffrance nécessaire pour y parvenir ? Pas beaucoup !
Si les coureurs sont capables de s’organiser collectivement, par exemple en créant un syndicat, pour exiger un suivi médical ultrastrict - et indépendant des fédérations et des équipes - de tous les coureurs participant au Tour pendant toute l’année précédent l’épreuve, alors la crédibilite de l’épreuve pourra être restaurée.
Il est paradoxal que la responsabilité de mettre un terme à un système criminel repose sur les épaules de ses principales victimes, mais cela semble être notre seule chance de sauver ce monument de la culture populaire francaise qu’est le Tour de France.
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