L’équipe de France a montré dimanche beaucoup de fluidité dans les enchainements, les passes, et dans les multiples phases de jeu avec cette créativité singulière ou « french flair », qui lui permet d’inscrire six essais.
Les français ont ajouté à la virtuosité, une énorme envie de déployer un jeu spectaculaire avec des buts précis et la mise en place de solutions efficace dans leur concrétisation. Rien à voir avec le « cafouillage » de la seconde mi-temps de Galles-France qui avait laissé quelques doutes sur la qualité de l’équipe.
Cette fois, ils ont su joué sur un rythme effréné, mais toujours avec lucidité, précision et professionnalisme.
La préparation, les qualités individuelles et collectives ont été importantes pour un groupe plein de ressources qui joue de mieux en mieux ensemble, mais c’est l’état d’esprit et la confiance qui ont permis a l’équipe de se faire plaisir et de nous faire plaisir.
Sur cette rencontre, quels que soient les exploits individuels, chaque membre de l’équipe est à féliciter pour sa prestation et sa contribution.
Les moins :
Quelques fautes inutiles de hors-jeu, une erreur de défense ou de placement sur un des essais italiens et le traditionnel relâchement français à chaque fin de période lorsqu’ils mènent au score sont les principaux points négatifs. Ajouté à cela, une constante difficulté de gestion dans la réception des ballons au pied à l’engagement qui sera un point faible contre les anglais.
Italie :
Les italiens ont offert une performance honorable en dépit de nombreuses erreurs dans différents secteurs du jeu dont la défense (sur ce point, il faut reconnaitre que certains essais français n’auraient pu être marqués ainsi contre des équipes comme l’Angleterre ou l’Irlande).
La presse sportive a peu relevé l’exploit, mais les italiens marquent deux très beaux essais en fin de partie, en mettant en défaut et prenant de vitesse la défense française. Ca ne s’était jamais vu, surtout à Paris.
Ces essais marqués rapidement, dans un intervalle très court prouvent que cette équipe sait être dangereuse et qu’elle aurait pu inquiéter les français en commettant moins d’erreurs. Elle l’avait déjà démontré contre l’Ecosse.
Leurs maladresses et désorganisation ont été leurs pires ennemis lors de cette rencontre et le score final aurait sans doute été différent si les français n’avaient su exploiter ces failles à leur avantage.
Les avants italiens ont été impressionnants et ont largement rivalisé avec la mêlée française. Dans les interceptions et les placages (pas moins de 93), les italiens ont souvent réussi à stopper très rapidement et très haut les attaques françaises. Ils ont fait preuve d’une grande agressivité dans ce domaine comme dans leurs attaques et dans leurs coups de pieds à suivre, avec souvent une main italienne à la réception dans le camp français. C’est aussi ce qui explique leurs deux essais finaux, facilement mis sur le compte d’un relâchement français dans les dernières 15 minutes du match, mais qui sont plutôt l’aboutissement d’une stratégie et d’efforts qui finissent par payer.
Quelques statistiques :
- 62% de possession pour la France contre 38% pour l’Italie sur l’ensemble du match.
- La mêlée italienne a su être à la hauteur de la mêlée française avec 5 mêlées gagnées de chaque côté.
- Les français ont concédé 10 pénalités, contre 14 pour les italiens. Très souvent des hors-jeu en ce qui concerne la France.
- 93 placages ou interceptions au crédit de la squadra Azura contre 63 avec 5 manqués pour les français, qui se paient par au moins un essai.
- En terme d’erreurs commises, 10 pour la France, 16 pour l’Italie.
Ces statistiques montrent des différences minimes dans certains secteurs du jeu, en dehors de la possession du ballon et de l’efficacité offensive.
La France a su concrétiser plus d’occasion en jouant plus offensivement, en faisant circuler intelligemment le ballon, en traversant les lignes arrières par des combinaisons subtiles et en relançant toujours très vite.
Grand Chelem ?
L’Italie reste l’Italie. Face a l’Angleterre la semaine prochaine, si l’équipe de France veut remporter le grand chelem, il lui faudra la même envie de jouer, la même lucidité et créativité et le même état d’esprit offensif, sans relâchement cette fois-ci.
Le point fort des anglais est de pouvoir gagner avec peu ou sans essais, en jouant un rugby pesant mais efficace en défense, dans les coups de pieds et dans le pourrissement des dynamiques d’attaque de leurs adversaires.
Ils ont souvent su bloquer le jeu de l’équipe de France, pourtant meilleure dans la plupart des cas, mais parfois vaincue psychologiquement en ne sachant pas se dépasser et jouer son jeu naturel plutôt que celui de son adversaire.
Avec comme parfaites illustrations de ce « complexe » français : la dernière rencontre à Twickenham et surtout la défaite incompréhensible en coupe du monde face a une équipe anglaise largement inférieure aux vainqueurs des favoris Néo-Zélandais.
Dans ces deux cas, l’équipe de France fut comme paralysée, pratiquement vaincue par la peur de jouer.
Il est assez évident que beaucoup se jouera cette semaine pendant les entrainements mais d’abord et surtout dans les vestiaires, dans la tête ; juste avant le coup d’envoi.
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