Violences dans les stades : en finir avec le laxisme !
L’affaire dite "de la banderole anti-ch’tis" a fait grand bruit, et a ému nombre de personnes, dans un cercle bien plus large que les seuls passionnés de foot.
Samedi soir, lors de la finale de la Coupe de la Ligue de Football opposant Lens à Paris au stade de France, des pseudo-supporters du club du Paris-Saint-Germain ont déroulé une longue banderole (environ 25 mètres de long) portant les inscriptions suivantes : "Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis".
Les responsables du club lensois ont réagi vivement, et il semblerait que Nicolas Sarkozy, président de la République, ait été lui-même "consterné", exigeant que ladite banderole soit ôtée sur le champ. Les organisateurs parisiens de l’événement ont mis, selon les observateurs, un temps assez long à intervenir. La question se pose d’ailleurs de l’introduction par des groupes de "supporters" d’une banderole de 25 mètres, aussi volumineuse, alors même que le plan Vigipirate est toujours en vigueur, et que la sécurité des abords de stades de football mobilise nombre de personnes, policiers ou stadiers. Il apparaît assez peu vraisemblable qu’un tel objet soit passé inaperçu.
A l’issue de la rencontre, Guy Delcourt, maire PS de Lens, a immédiatement réagi en annonçant qu’il déposerait, au nom de sa ville et en sa qualité de député, une plainte pour incitation à la haine. La Fédération Française de Football (FFF) a soutenu la démarche en indiquant qu’elle déposerait elle aussi une plainte avec constitution de partie civile.
Ce matin, le parquet du TGI de Bobigny a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire sur le fondement de l’article L332-6 du Code du sport, qui dispose que "lors d’une manifestation sportive ou de la retransmission en public d’une telle manifestation dans une enceinte sportive, le fait de provoquer, par quelque moyen que ce soit, des spectateurs à la haine ou à la violence à l’égard de l’arbitre, d’un juge sportif, d’un joueur ou de toute autre personne ou groupe de personnes est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende".
Le volet judiciaire de cette affaire est donc désormais engagé. Reste à s’interroger sur les suites "administratives" de celle-ci, et sur la réflexion politique à mener. Ce n’est pas, et de loin, le premier "incident" constaté. Il suffit de se rappeler les événements survenus près de la porte de Saint-Cloud, à la suite de la rencontre entre le club parisien et le Hapoël de Tel Aviv le 23 novembre 2006, pendant lesquels des hooligans parisiens néonazis avaient menacé un supporter israélien et un policier qui tentait de le protéger, incidents ayant conduit à la mort d’un jeune "supporter" du PSG.
Des mesures administratives, il y en a de deux sortes, et elles sont simples, applicables et efficaces.
Les interdictions de stade, tout d’abord. Nombreux sont ceux qui, à l’instar de Bernard Laporte, secrétaire d’État aux sports, regrettent que celles-ci soient insuffisamment mises en œuvre, alors qu’elles constituent un axe important de la lutte contre les débordements dans les stades. Le rapport parlementaire de Claude Goasguen et Christophe Caresche, en date du 7 novembre 2007, est accablant : "seules 93 personnes sont actuellement interdites de stade en vertu d’une décision judiciaire et 44 en application d’un arrêté préfectoral" peut-on y apprendre. Et pour l’ensemble de la saison 2006-2007, le constat est accablant pour le club du Paris-Saint-Germain : "73 % des interdictions ont concerné des supporters du PSG". Et le rapport de constater le déséquilibre patent entre la cinquantaine d’interdictions effectives, et la situation actuelle, indiquant que "le nombre de hooligans supporters du PSG avait été estimé à plus de mille".
Une mesure certes plus radicale, mais qui semble malheureusement de plus en plus nécessaire : la dissolution par décret des associations de supporters mises en cause. Prévue à l’article 332-18 du Code du sport, cette solution n’a jamais été mise en œuvre. Le ministère de l’Intérieur explique cette inertie par le fait "qu’aucun groupe de supporters ne remplit actuellement les conditions pour être dissout". Or, il est difficile de penser qu’une banderole de 25 mètres de long puisse être installée dans une tribune réservée aux supporters parisiens, et cohabitant avec d’autres banderoles de groupements parisiens sans l’accord de ceux-ci.
C’est pour cette raison que, en plus des interdictions administratives et judiciaires de stade, il est important d’envisager la dissolution rapide de ces structures qui incitent, encouragent et assistent ces appels à la haine devenus trop fréquents.
Dans la majorité des cas, fort heureusement, l’esprit festif et convivial du sport subsiste, bien entendu, y compris dans le football, sport le plus pratiqué en France. Mais il est pour le moins déplorable que l’image de cette discipline, qui devrait être exemplaire, soit souillée. Appliquons la loi, appliquons-la avec fermeté contre ceux qui organisent de tels troubles, et la situation s’apaisera d’elle-même.
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