Vous Aurier dû couper le magnéto, Serge
La désormais fameuse « affaire Aurier » compile en elle-même toutes les tares de notre époque, entre dérives du football-business, naufrage d’une jeunesse à peine éduquée et folie de l’Internet tout-puissant. Avec au milieu de tout ça, un Ivoirien de 23 ans qui a en quelques heures pris l’ascenseur pour l’échafaud.

La devise du Paris Saint-Germain se résume en trois mots : « Rêvons plus grand ». L’un de ses salariés, Serge Aurier, est en passe de toucher au but grâce au fâcheux buzz du tchat sur un toit brûlant. Pensez donc : lui qui voulait devenir le symbole de son équipe est en passe de devenir carrément le symbole de son époque. Et ce pour une raison aussi étonnante que détonnante.
Syncope sur périscope
Il fut une époque pas si lointaine où pour s’assurer que les jeunes ne fassent pas de bêtises, on leur intimait l’ordre de rester dans leur chambre le samedi soir. Si Serge Aurier a parfaitement respecté ce précepte, ça ne l’a pas empêché de faire une boulette à peu près aussi grosse que celle que doit fumer son acolyte. Par acolyte, nous évoquons bien sûr ici l’ami, présent à ses côtés sur la vidéo du scandale, qui sur ce coup-là ne lui a pas voulu que du bien.
Il faut dire qu’en se moquant, en critiquant ou en insultant tour à tour ses coéquipiers et son coach lors d’un échange avec les internautes filmé sur Périscope, Aurier s’est brusquement mis dans une situation quasi unique dans l’histoire du football moderne.
Une Saint-Valentin à crever le coeur
Si pour certains les dimanche sont une journée longue et ennuyeuse, nul doute que pour l’Ivoirien le dimanche 14 février a dû être particulièrement interminable. Au fur et à mesure que la polémique prenait de l’ampleur, et que la vidéo du scandale se relayait à la fois sur Internet et sur les chaines d’information continue, Aurier a réalisé, bien trop tard, qu’avec Blanc il avait franchi la ligne jaune. Il faut dire que traiter son entraineur de « fiotte » est au mieux un drôle de pari sur l’avenir et au pire un aller sans retour pour le pôle emploi le plus proche.
Par le biais d’une vidéo (encore une !) diffusée sur BeIn Sport, le footballeur a tenté des excuses plus ou moins improvisées pour tenter de sauver la face. En réponse de quoi, il obtenu une mise à pied à titre conservatoire du PSG, et, surtout, une réponse lapidaire de son entraineur passablement remonté, dès lundi en conférence de presse. A comportement « pitoyable », la sanction doit en conséquence logiquement être impitoyable.
A qui la fiotte ?
Serge Aurier n’était donc pas sur la pelouse mardi soir pour l’un des matchs de l’année, contre Chelsea en Ligue des Champions. Espérons au moins que celui-ci avait pensé à souscrire un abonnement BeIn Sport pour ne pas rater la retransmission… Dommage car celui-ci avait cette année su faire son trou, alors qu’il est à présent enfoui tout au fond.
A défaut de sa présence sur le terrain se pose désormais la question de sa présence dans l’entreprise. Très attaché à l’image qu’il renvoie, le PSG version Quatar, désormais 4ème club le plus riche de la planète, peut-il se permettre de garder en son sein des salariés franchement pas nets ?
Si l’existence de toute intelligence en provenance de Serge Aurier ne se pose malheureusement plus, il convient de constater que c’est un ensemble de maillons faibles qui ont contribué à ce fiasco qui fera date. A vouloir se croire plus fort qu’Internet, plus fort que les Internautes, plus fort que ses coéquipiers, plus fort que son coach, Aurier n’avait pas imaginé que c’est sa propre bêtise, associée à son pote qui vapote, qui allait le mener à sa perte. Comme si les outils de notre ère moderne étaient suffisamment translucides pour faire apparaître tout à chacun sous son vrai visage. Y compris le côté obscur de la farce.
En attendant de savoir s’il va toucher des primes, Aurier déprime. Viré du club ou pas : mais est-ce vraiment le coeur du problème ? Gageons que ces quelques heures, jours ou semaines de repos forcé auront permis au gaillard de comprendre qu’à vouloir imiter les gens d’en bas, on finit par y retourner. Et qu’on peut être un latéral droit, et finir par tout faire de travers.
Gwendal Plougastel
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