Xylolalie et ovalie
Quinze de France ...

.... La gueule vaut bien la cuillère !
Au terme de ce Tournoi des six Nations, la France se réveille avec la gueule de bois. Bien sûr, les plus optimistes se réjouiront d'une ultime et unique victoire, les moins difficiles évoqueront le bonheur d'échapper à la cuillère de bois, le trophée de l'échec absolu. Les responsables du Rugby français useront à plaisir de la langue de bois, justifiant l'inacceptable tandis que les vrais amateurs du jeu chatoyant se désolent en silence …
Oui, il y a de quoi être navré du spectacle offert durant ce tournoi de triste mémoire. Il est même navrant que des « Marseillaises » résonnent dans un stade si peu adapté au rugby pour chanter une victoire insignifiante. Il faut une nouvelle fois souligner la pauvreté culturelle du public français, désormais incapable de chanter autre chose que cet hymne si guerrier pour encourager son équipe. Quand on entend les chœurs gallois, quand on écoute les chants de nos amis britanniques, on se rend compte à quel point nous avons perdu le sens du plaisir choral.
Mais ceci nous écarte du bilan qu'il faut tirer de cette dernière place, de ce bonnet d'âne historique depuis l'arrivée de nos voisins transalpins. Elle est le résultat d'une politique sportive de plus en plus confuse. Il serait bon d'en tirer des conclusions mais rien ne sera fait tant la situation est verrouillée par les égoïsmes des uns et des autres, les compromissions de tous et l'absence de contre pouvoir (une constante dans beaucoup de fédérations sportives en France).
Au risque de la confusion, nous allons examiner en vrac tout ce qui dysfonctionne. En premier lieu, ce tournoi se déroule sur 7 semaines pour cinq rencontres. On nous serine avec la démence du calendrier et on gaspille deux dates pour des raisons obscures. Car pendant ce temps, le championnat domestique continue avec 4 doublons (excusez du peu), des journées où les clubs, employeurs des joueurs, sont contraints d'évoluer sans ceux qui sont censés être leurs meilleurs éléments.
Le bilan de cette farce c'est la course aux vedettes étrangères en fin de carrière (afin qu'elles ne soient plus sélectionnées). Notre championnat est désormais le refuge de toute la diaspora rugbystique et les jeunes français font banquette. Il y a des postes clefs qui sont désormais dévolus à des étrangers et l'on peut alors comprendre quelques lacunes dans notre sélection …
L'autre absurdité de ce système c'est que le plus souvent, les vrais tauliers de nos clubs sont des joueurs de l'hémisphère sud. Nos joueurs nationaux sont de moins en moins capables de prendre des responsabilités, ils n'ont qu'à suivre. On a pu constater lors de ce tournoi de triste mémoire qu'il en était ainsi sur le pré. Mal embarquée dans des mi-temps tristounettes, la rébellion ne venait jamais du terrain. Il fallait une remontée de bretelles dans les vestiaires pour qu'il se passe quelque chose. L'absence de caractère semble être une constante à moins, et c'est encore possible, que ce soit un critère de sélection …
Nous découvrons alors avec stupeur qu'en sélection, on place les joueurs à des postes qui ne sont pas les leurs en club. Des ailiers à l'arrière, des centres à l'aile, un demi de mêlée à l'ouverture et un ouvreur remplaçant un arrière. Ce qu'un entraîneur est parfois contraint de faire dans son club, jamais un sélectionneur ne devrait s'y résoudre faute de mieux.
Évoquons un peu ce sélectionneur au charisme si enthousiasmant ! C'est devenu la spécialité de la Fédération Française de Rugby de confier le Quinze de France à des individus soporifiques, des taiseux ronchons, des tristes chefs de meute. Il faut un verbe haut, une vison heureuse et ambitieuse de ce sport pour entraîner les foules et éventuellement les joueurs.
Si l'on reste sur ce plan de la communication, la copie rendu par le diffuseur télé est d'une telle médiocrité qu'elle ne peut que renforcer cette image d'ennui et de dépit. Les consultants sont manifestement là pour faire de l'argent. Ils nous ennuient, commettent de graves erreurs et feraient mieux de rester auprès de leurs clubs dont ils ont la charge. Ils sont à l'image de cette société où ce sont toujours les mêmes qui veulent le beurre et l'argent du beurre …
Puis, il faut une nouvelle fois évoquer la médiocrité insigne de la pelouse du Stade de France. Vu les prix pratiqués par le consortium, il serait indispensable de disposer de ce minimum commercial. Avec un bon avocat, je pense que la fédération pourrait obtenir le remboursement de cette location. Je n'insiste pas sur la différence colossale avec le merveilleux Millénum, de Cardif qui dispose d'un toit. C'est bien sûr là que nous assistâmes au plus beau match de ce tournoi.
Enfin, il faut bien admettre que l'absence de jeu. Cela s'exprime d'abord dans la volonté affichée d'obtenir des pénalités sur les mêlées ce qui impose au spectateurs des séances interminables de mêlées à refaire, de mêlées qui s'effondrent, de mêlées qui n'en finissent pas de recommencer. Je sais l'effort formidable, je sais tout autant que tout dépend du bon vouloir de l'arbitre et qu'il est alors insupportable d'entendre le sélectionneur se plaindre d'un essai de pénalité non accordé. La mêlée est une rampe de lancement, non pas un retour sur investissement par pénalité interposée.
C'est encore le chômage technique de nos lignes arrières. Un mi-temps par rencontre, nos gazelles n'ont reçu aucune balle. Le Rugby Rambo qui n'avance pas était à l'œuvre, de petits tas en petits tas. C'est attristant, c'est une contre publicité pour ce jeu où le cuir ne chante plus jamais. Et quand nos arrières reçoivent une ogive, ils la rendent immédiatement à l'envoyeur et souvent moins loin que celui-ci. C'est pas le pied !
Ce n'est pas le Rugby que j'aime, ce n'est plus le sport qui m'a fait vibrer avec du mouvement, de la folie sur le terrain et des commentateurs qui font de ce jeu une épopée. Ce n'est pas non plus avec des joueurs trop lisses, de gentils gendres que l'on fabrique les légendes. Tout, oui, tout est à revoir dans notre Rugby hexagonal ...
Caféducommercement leur.
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