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Accueil du site > Culture & Loisirs > Voyages > Cherche plage publique désespérément

Cherche plage publique désespérément

La Tunisie dispose d’un joyau naturel irremplaçable, un capital précieux, un patrimoine que beaucoup d’autres pays nous envient. Je veux parler de notre littoral. Et parce qu’il est précieux, fragile et irremplaçable, sa gestion ne doit souffrir aucun amateurisme ni complaisance.

 S’étendant sur 1200 km, il est l’un des mieux préservés en méditerranée, et ce, malgré l’absence pendant de nombreuses années de politique claire en matière d’aménagement, de mise en valeur et de protection du littoral. La dernière décennie a vu le menu législatif relatif à la protection du littoral se mettre en place et s’enrichir année après année. Parallèlement, l’état a mis fin à la multiplicité et à la dispersion des structures ayant en charge le littoral en créant en 1995 l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL).
 
Malheureusement, malgré l’existence de ce cadre institutionnel et juridique, malgré l’élargissement des prérogatives de l’APAL et malgré les moyens financiers et humains dont elle dispose, nous sommes forcés de constater, qu’au moins sur un point, les actions de l’APAL sont restées bien timides et en deçà des attentes du public. Il s’agit de la préservation de la vocation publique du littoral national.
En effet, sur ce registre, la liste des infractions que nous avons constatées à Hammamet est bien longue. Certaines sont antérieures à la création de l’APAL , mais d’autres sont plus récentes. Le propos ici n’est pas de les énumérer mais de dire notre étonnement devant l’indifférence des services administratifs concernés et le peu de cas fait des doléances des usagers.
 
Aujourd’hui, pour accéder à ce qu’il reste de langue de sable côtier à Hammamet, il vous faut contourner les luxueux hôtels construits les pieds dans l’eau. Sur les 17 km de côtes, le public ne dispose que de huit accès à la mer aménagés. De nombreux habitants empruntent les oueds pour rejoindre le rivage. Il arrive fréquemment que des citoyens aient maille à partir avec des propriétaires qui se sont autorisés à "privatiser" une plage. D’autres se sont purement et simplement appropriés des accès publics à la mer. Cela fait plusieurs années que d’énormes blocs de pierre ont été entreposés sur le domaine public maritime (DPM) à hauteur de l’Hôtel Phénicia, entre celui-ci et l’oued Baten. L’ouvrage constitue un obstacle artificiel étendu sur toute la largeur de la plage, entravant la libre circulation le long du littoral et de surcroît dangereux pour les promeneurs. Mais là encore personne ne bouge.
 
Au total, à Hammamet, il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte, qu’années après années, les plages publiques rétrécissent comme une peau de chagrin. Et nous sommes en droit de nous poser la question suivante : Que restera-t-il de nos plages publiques si les autorisations d’occupation du DPM continuent à être généreusement délivrées aux promoteurs touristiques ?
 
Les pressions sur le littoral hammamétois sont tellement intenses que, si nous n’y prenons garde, il ne restera pratiquement plus un pouce de rivage qui ne soit loti, bétonné ou doté d’équipements divers.
 
Nous sommes bien sûr convaincus de l’importance du secteur touristique dans l’économie du pays. Nous sommes conscients qu’il constitue un acquis national qu’il faut sauvegarder, promouvoir et auquel il faut garantir toutes les conditions d’un développement durable. Toutefois, nous refusons que ce secteur accapare les dernières plages publiques qui restent à Hammamet, et sollicitons l’intervention de l’APAL afin de veiller au respect des principes du libre accès au rivage et de la libre circulation le long du littoral. Ce faisant, ce ne sera que justice rendue à des citoyens qui ne sont pas tous nés les pieds dans l’eau.
 

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5 réactions à cet article    


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 19 octobre 2009 13:34

    Bonjour,

    " Aujourd’hui, pour accéder à ce qu’il reste de langue de sable côtier à Hammamet, il vous faut contourner les luxueux hôtels construits les pieds dans l’eau. Sur les 17 km de côtes, "

    Si sur 1200 km de côtes, 17 sont sur bétonnés pour les gogos touristes, cela en laisse 1183 pour les puristes. Il faut se faire une raison. Vous avez bien plus de chance que toute la côte espagnole entièrement ravagée par le béton, la mafia des casinos, la prostitution de masse et toute la cohorte d’obsédés sexuels qui viennent s’y affaler. Que ceux ci se concentrent sur 17 km chez vous, c’est une aubaine.


    • Traroth Traroth 20 octobre 2009 11:47

      Non, il ne faut surtout pas se faire une raison. En gros, ce que vous dites, c’est : les Tunisiens n’ont qu’à aller ailleurs, là où ça ne dérange pas les touristes. C’est inacceptable.

      Et par charité, je préfère passer sur le raisonnement simpliste « 1200 km de plage, 17 km bétonné, reste 1183 km ». Les gens veulent aller à la plage près de chez eux, vouloir leur faire faire des dizaines de kilomètres alors qu’ils habitent près de la mer est ridicule.


    • Hortus 19 octobre 2009 21:03

      Certains ambitionnent certainement de transformer la Tunisie en Costa Brava bis. Cela a commencé autour de Tunis comme à Hammamet ou ailleurs. Si seulement comme le souhaite l’auteur de l’article les tunisiens pouvaient faire preuve d’autant de clairvoyance qu’ils en ont eu pour leur libération.
      Mais peut être qu’il faudrait un grand changement politique à la tête de ce pays.


      • Markoff 19 octobre 2009 21:37

        Bonsoir,
         J’ai vécu 2 ans ( 57 - 58 ) dans ce beau pays si attachant. Le tourisme n’était pas encore trés développé. J’ y suis retourné en 75 pour quelques jours, Hammamet n’était pas envahi comme aujourd’hui par le béton, victime de son succés.

        Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, il faut arrêter le massacre. On peut développer le tourisme tout en respectant le littoral. Ce n’est qu’une question de volonté politique et de réglementation. Les grands hôtels ne sont pas obligés d’avoir les pieds dans l’eau !
        Et celà suppose de l’intégrité de la part de certains fonctionnaires sensibles aux dessous de tables... 
        Mais c’est peut-être beaucoup demander au gouvernement actuel ...


        • Henri François 20 octobre 2009 08:56

          Toutes les plages du Cap Bon, dernier refuge en Tunisie de côtes sauvages où rochers et sable blanc sont bordés par une mer turquoise, sont menacées. Pour cette région à vocation agricole depuis toujours, plusieurs projets dits « d’aménagement »’, initiés, dit-on, par des groupes financiers très influents, auraient vu le jour, confortés, hélas, par la spéculation foncière qui a commencé à s’infiltrer sur les terres d’un littoral qui peu à peu perd ses protections administratives. 

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