La notion du temps au Népal, où j’apprends que le « pas très long » est très relatif (1/2)
« Les occidentaux ont la montre, les autres ont le temps » En quelques jours de moto j’apprendrai que C’EST la clef de l’Asie, prendre son temps ouvre les portes de ce qui n’apparaitra jamais à un touriste en short et chaussette, l’énorme canon autour du cou, qui doit retourner dans le bus dans 5mn. Tant mieux, car « l’authentique » est fragile au point que je ne souhaite pas le partager. Ainsi, un peu de piste à moto se transformera en deux journées de calvaire qui m’offriront l’un de mes meilleurs souvenir de Népal.
Je suis rapidement à bout de forces, la piste ondule devant nous sur le flanc d’une petite chaine montagneuse, le plus haut sommet est à 2200m mais je n’arrive pas à regarder le paysage, j’ai les yeux posés 40cm devant ma roue avant. Nous traversons plusieurs rivières, je met souvent pied à terre. Quand Raju commence à me donner des cours de conduite je m’énerve, je ne dis rien mais il le voit et se tait. Il nous faut un peu plus de deux pénibles heures pour atteindre le col, après ces 10km éreintants je suis lessivé et je ne sent plus mes bras. Un petit bourg est perché là, sur la crête, chargé d’échoppes qui approvisionnent les villages environnants non desservit par quoi que ce soit de carrossable. La piste que nous avons suivit est l’ancienne route qui rejoignait Tansen à Baglung, elle n’a jamais connu le goudron, et quand la route fut construite par le détour de Pokhara celle-ci perdu son importance.
Raju achète 25kg de riz et quelques autres denrées pour sa mère. Nous laissons la moto là, confiée à un commerçant qui nous sert des noodles accompagnés d’une bonne bière rafraichissante qui me redonne des forces et du baume au cœur. Nous partons enfin sur un petit sentier en direction du sud, il a chargé le riz, comme tous à l’aide d’une sangle posée sur sont front. Pour ma part, mon sac à dos est juste lesté de deux kg de sucres et de quelques condiments. Sur le chemin nous rencontrons la sœur de Raju qui parcours les 4km quotidiens pour rentrer de l’école, le paysage est superbe. Quel magnifique chemin buissonnier qui leur paraît si banal et qui moi me transporte. La sœur de Raju lui prend sa charge et entame la route, elle n’a pourtant pas 15 ans, lui se retrouve à porter le casque ! Le décor est somptueux, la gorge encaissée. Les champs en terrasse sculptent les flancs de la montagne, les petits villages s’accrochent, les terrasses dans le vide. Ces villages se composent de quelques maisons à l’ombre de rares arbres. Des bois poussent dans les plis de la montagne mais les rivières y sont dangereuses pour installer une maison. Elles sont construites de boue séchée, rondes, avec un toit de chaume.
Nous sommes arrivés chez Raju et sa famille, nous nous arrêtons pour prendre notre souffle sur le seuil de bouse séchée d’une maison. Un petit garçon et sa mère, âgée en sorte, c’est le frère et la mère de mon compagnon. Ils se retrouve et nous parlons longuement, moi avec mes quelques phrases népalaises puisque bien sur personne sauf Raju et moi ne parle anglais. Puis Raju m’entraine vers une maison derrière celle de sa mère, très jolie mais semblable aux autres. C’est la sienne, quand il reviendra avec une femme il pourra s’y installer. Celle-ci est vide mais sera parfaite pour nos deux nuits dans ce village. Même si j’aime la proximité de vie dans la maison familiale, j’apprécie ma tranquillité, je suis donc heureux d’avoir une maison pour dormir et une autre pour vivre et manger avec sa famille. Certes les maisons sont minuscules, mais elles sont magnifiques et leurs terrasses s’ouvrent sur le vide de la vallée sans aucun vis à vis !
suite au prochain épisode…
source : LGV
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON