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Accueil du site > Culture & Loisirs > Voyages > Le Michel-Ange méconnu d’Aricagua

Le Michel-Ange méconnu d’Aricagua

Vous connaissez Aricagua ? C’est l’un des Pueblos del Sur de l’État de Mérida, au Venezuela. L’un des villages les plus isolés. Pour parcourir les 85 km qui le séparent de la ville, il faut compter un minimum de quatre heures sur une route des plus spectaculaires, mais aussi des plus risquées.

Au bout du chemin, une belle découverte m’attendait...

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L’église d’Aricagua
 
J’étais à Aricagua récemment. Comme souvent lorsque je visite un village, je suis rentré dans l’église, non en raison d’une spéciale dévotion, mais parce que c’est généralement le bâtiment le plus remarquable du lieu. Et là, illumination ! L’église d’Aricagua ne ressemble à aucune autre dans la région. Elle est décorée de fond en comble de couleurs particuièrement lumineuses et arbore d’immenses fresques sur le plafond. Il s’en dégage une atmosphère sans pareille, bien différente des petites églises sombres et dépouillées de la plupart des villages andins.
 
Splendeur inattendue 
 
La personne à l’origine de cette splendeur inattendue ? Un homme, un peintre. Il s’appelle Dioban Márquez Carrillo. C’est lui qui, depuis mai 2008, a repeint de haut en bas, de bas en haut, l’église d’Aricagua. Le prêtre de l’endroit l’a engagé pour cette tâche immense il y a quatorze mois déjà. Il s’est promis de terminer le travail pour le 6 août prochain, fête de la paroisse. Un travail de titan.
 
Par chance, Dioban se trouvait à l’œuvre au moment où je visitais les lieux. J’ai donc pu en savoir plus sur ce personnage singulier qui n’a pas hésité à abandonner durant de longs mois son lieu de résidence pour se lancer dans cette folle aventure au fin fond des Andes.
 
Dioban Márquez Carrillo a étudié à l’école d’art de l’Université des Andes, à Mérida. Fervent admirateur des peintures murales que l’artiste ukrainien Ivan Belski a réalisées dans la cathédrale de Mérida, il a toujours eu un goût particulier pour la peinture religieuse, qui est ainsi devenue sa spécialité.
 
Pinceau créatif
 
À Aricagua, Dioban ne s’est pas contenté de peindre sur le plafond des scènes inspirées de la vie du Christ. Il a aussi décoré la coupole, y alternant scènes religieuses et anges décoratifs. Mais encore, il a peint tous les murs, tous les plafonds, toutes les colonnes de l’église, leur conférant des textures de marbre, de pierre ou même de ciment ou les décorant de motifs géométriques qui simulent des moulures en trois dimensions. Pas un centimètre carré n’a échappé à son pinceau créatif et appliqué.
 
Les nièces du curé
 
Les fresques du plafond apparaissent évidemment comme les œuvres les plus ambitieuses et les plus achevées de ce grand ensemble pictural. Pour les réaliser, il a d’abord travaillé sur papier, avec des modèles vivants à qui il demandait de poser. Ainsi, ce sont des nièces du curé qui ont posé pour représenter la Vierge Marie et Marie-Madeleine ! Pour simuler une tombe sur laquelle quelqu’un était en pleurs, un simple casier de bière a fait l’affaire !
 
Ensuite, monté sur un échafaudage, à une dizaine de mètres de hauteur, il a transposé les scènes ainsi ébauchées sur l’immense surface du plafond. Il travaillait non pas couché, mais assis, la tête vers le haut. Une position pas vraiment confortable.
 
Une belle réussite
 
L’entreprise est une belle réussite. Aricagua possède maintenant l’une des églises les plus lumineuses de la région. Ses vitraux se marient parfaitement avec les tons pastels choisis par Dioban pour donner vie au lieu. Véritable Michel-Ange des Andes, l’inlassable Dioban aura laissé à Aricagua une œuvre digne, toutes proportions gardées, du grand maître italien.
 
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Dioban Márquez Carrillo
 
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La coupole

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5 réactions à cet article    


  • Tony Pirard 3 août 2009 14:28

    Bravo !bravo !Finalement les Europeus réussent découvrir des beautés de l`Amérique Latine sans regarder seul le point de son stomac.Ils ne connaissent géographie.


    • TSS 3 août 2009 17:38


      ce texte est ecrit en quelle langue,svp ?


    • eugène wermelinger eugène wermelinger 9 août 2009 16:22

      TSSCet auteur n’a pas encore renseigné sa description

      Peut-être ne maîtrise-t-il pas non plus assez la langue ? 

      BRAVO pour cet article qui nous a fait voyager dans le BEAU.

    • Stalker 3 août 2009 23:58

      Merci pour l’article, les couleurs vives et la composition m’évoquent quelque peu les fresquistes mexicains comme Diego Rivera (sur les figures humaines), et l’art des églises de la colonisation (notamment le type de bleu utilisé, qui me fait penser à l’Apocalypse de Tecamachalco), sur lesquelles je possède un bel ouvrage, « L’aigle et la Sibylle »


      • Stalker 4 août 2009 00:06

        La dernière photo me fait penser à Guido Reni et à quelques détails chez Rubens (sur le traitement des bandes nuageuses).

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