Le Pont Canal de Briare
Embarquement immédiat
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La magie d’un moment
Il est parfois des instants surgis de nulle part. Un message sur la toile, une demande incertaine auprès d’une dame que je connais à peine. Elle est capitaine du port de Briare : ce lieu magique en bord de Loire où se rejoignent canal latéral et canal de Briare. Je l’avertis que je vais servir de guide à deux dames qui arrivent du Tarn-et-Garonne pour découvrir notre région et la batellerie.
Sans hésiter, la Capitaine me propose de nous faire partager un moment de bonheur à bord de « La Belle Poule ! » sa pénichette, sa maison d’habitation et son bateau qui va sur l’eau. L’occasion était trop belle pour refuser d’être larron. Je chamboulai le programme et l’organisation prévue pour saisir au bond cette merveilleuse proposition.
C’était une fin de soirée magnifique comme nous en propose parfois le printemps qui servit de cadre à ce petit voyage bucolique. Le ciel de Loire avait décidé de jouer les vedettes : il était paré de toutes les nuances qu’il aime à distiller devant nos regards admiratifs. Le soleil allait tirer sa révérence ; il se fit rouge pour illuminer le paysage et enchanter nos cœurs.
« La Belle Poule » sortait de ses quartiers d’hiver. La Capitaine n’avait pas encore libéré son navire après de longs mois d’hibernation. Il lui fallut quelque temps pour que le fier vaisseau retrouve ses jambes et s’ébroue en pleine liberté. Quand il décolla de son ponton, nous comprîmes alors que nous allions vivre des moments magiques.
La douceur du soir, les lumières d’un ciel chamarré, le petit vin blanc du coteau du Giennois, les quais et le canal déserts nous plaçaient dans une ambiance à faire pâlir les jaloux. Je mesurais le cadeau que nous faisait notre chère Hollandaise et me demandais si mes visiteuses percevaient vraiment la chance qui était nôtre en ces instants.
Je constatai bien vite qu’elles aussi étaient tombées sous le charme de la douceur ligérienne. Elles s'extasiaient au passage du pont-canal de Briare, sans doute le plus beau de France. Qui n’a jamais vu cette merveille de grâce et d’élégance, d’ingéniosité et de robustesse discrète, doit se précipiter dans cette charmante ville du Loiret.
La Loire coulait en dessous de nous, grosse, chargée, belle quand elle est ainsi puissante et gonflée. Vraiment, le spectacle était sublime , tout imprégné d’un parfum de quiétude et de beauté qui nous laissaient sans voix. Il faut parfois se taire et admirer le spectacle que la nature nous accorde. Celui-ci était des plus grandioses.
Nous fîmes demi-tour pour jouir à nouveau de ce passage sublime avant que de nous aventurer un peu plus loin sur le canal de Briare. Les berges venaient de subir les assauts des bûcherons ; le dénuement de ces rives étêtées contrastait avec les instants précédents si riches . Il fallait bien entretenir le canal et ses abords, nous expliquait la Capitaine, d'autant que le fret commercial revenant cette année, allait contribuer à sauver le canal.
Une quinzaine de péniches faisaient désormais des navettes pour emporter sable, gravier et terre plus au Nord. Au moment où notre Capitaine nous faisait remarquer que la présence de ces professionnels mettait en évidence le manque d’entretien du canal et la nécessité de le curer davantage, nous croisâmes un de ces monstres qui libèrent nos routes de camions bien plus désagréables.
Le croisement se fit au moment où le soleil tirait sa révérence au loin. Un moment qu’il ne fallait pas manquer. Mes visiteuses sortirent leurs appareils pour immortaliser cet instant. Le loisir cédait le passage au commerce sous la présence tutélaire de Lug, notre Dieu des lumières. L’espoir pouvait renaître : les industriels retrouvaient un peu de sagesse en confiant aux voies d’eau ce qui n’a vraiment rien à faire sur nos routes.
La soirée s’achevait de fort belle manière. Je garderai pour moi ce moment de partage qui est de ceux qu’on n’oublie jamais. Le port de Briare avait séduit mes visiteuses. Le lendemain nous y revînmes pour visiter son musée des deux marines. J’avoue ma surprise et mon enthousiasme. Il est d’une rare qualité : il donne parfaitement à comprendre la vie quotidienne du temps de la marine de Loire et de la batellerie du canal. Je me promets d’y revenir pour en parler en détails et plus longuement .
Pontcanalement vôtre
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