Les canaux les plus courts sont toujours les plus biefs
Un marinier peut-il vivre heureux près de sa bonde.
Syndicat priez pour moi...
Il était une fois une troupe marinière qui se prit de l'envie folle de naviguer sur un canal qui semble désormais chasse gardée d'un syndicat sourcilleux. Dans notre pays, dès que des élus veulent se mettre quelques menues monnaies dans la poche, ils créent un « Syndicat » pour toucher subsides discrets et rémunérateurs.
Il y aurait tant à dire sur le sujet et un comité citoyen devrait se pencher sur cette prévarication officielle si nous vivions dans une véritable démocratie. Mais hélas, le pouvoir donne des droits assez semblables à ceux de l'ancien régime, le cochon de payant n'a qu'à se taire et payer la dîme la tête basse et la langue nouée. La faute, je dois à la vérité de le dire, n'incombe pas à ces braves profiteurs qui ne font que succomber à la tentation mais au système lui-même bâti sur la confiscation du pouvoir de contrôle.
Mais revenons à ce Canal qui, comme les ruisseaux, est de ceux qui font des grandes rivières financières pour ceux qui s'en arrogent la charge. Monsieur Criquet dirige de main de maître un domaine à l'abandon. Voilà un titre de noblesse qui valut en d'autres temps à Philippe égalité de se voir trancher la tête, en une période de moindre mansuétude pour les fripons.
Quand nos mariniers en goguette lui demandèrent l'autorisation, bien fantaisiste il est vrai, de vouloir naviguer sur une portion de son si précieux canal, l'homme fit la sourde oreille. Il est vrai que dans la profession, on a les doigts crochus et l'oreille un peu dure. Le métier est si difficile qu'il use son homme sans que celui-ci pour autant ne veuille le quitter. Le sens du devoir en quelque sorte !
Son canal ne doit pas se laisser naviguer. Voilà une posture qui eût dû interpeler les promoteurs de cette belle réalisation d'autrefois. Mais les temps ont bien changé et la logique des choses se perd souvent désormais dans les arcanes d'un pouvoir autoritaire et tatillon. L'autorisation semblait le chagriner tant que monsieur Criquet joua la montre à gousset pour que ses impudents quémandeurs finissent par se lasser.
Pour mesquin et retors qu'il peut être, notre homme n'aime pas devoir dit « Non » Le courage n'est pas la qualité première qu'on exige de nos élus, sinon, il y a belle lurette qu'ils auraient tous démissionné devant la maigreur de leurs résultats. Mais voilà bien une profession qui ne s'applique pas à elle-même les règles du management qu'elle veut imposer à toutes les autres corporations !
Monsieur Criquet avait oublié ou feignait de ne pas connaître l'opiniâtreté marinière. Ceux qui ne quémandaient rien d'autre qu'un papier signé sans la moindre subvention, n'avaient rien à perdre à faire pression sur ce vilain mal-entendant. Ils sollicitèrent des gens plus aimables qui s'étonnèrent du silence de leur collègue. De guerre lasse, le Criquet rendit les armes et signa le blanc-seing pour naviguer sur son canal.
Il faut pourtant se méfier du chafouin contrarié. Il a encore vilains tours dans sa besace et mesures vexatoires pour mettre des bâtons dans les roues à ceux qui prétendent ne pas vouloir user de cette si belle invention. Puisque les mariniers ont eu leur balade sur le canal par une dérogation exceptionnelle et provisoire, il leur faudra supporter quelques mesures punitives.
Il leur sera interdit de bivouaquer près de leurs chers bateaux. Voilà qui les contraindra à transbahuter tout leur barda à la nuit tombante pour laisser des bateaux sans surveillance. Avec un peu de chance, quelques vandales feront le travail et monsieur Criquet n'aura plus qu'à se frotter les ailes de cette vilaine manœuvre de pendard !
Il alla encore à ne pas autoriser la réunion de nos bateliers pour prendre ensemble un repas autour d'un barbecue. Mais il y a des choses qui ne peuvent s'interdire en notre bon pays ! Retirer le pain et la viande de la bouche d'un honnête électeur, c'est aller sur les sentiers aventureux de l'abus de pouvoir. Les mariniers, voulant éviter cette forfaiture honteuse à leur Criquet préféré, firent à leur tour la sourde oreille.
De guerre lasse et pour punir ces insupportables braillards, notre tout puissant Président du syndicat du Bief le plus court, commanda aux cieux de doucher les ardeurs de ces vauriens. S'ils sont incapables sur terre de régler la situation dans laquelle ils nous ont mis, nos chers élus, ça va de soi, ont avec le ciel des accointances secrètes.
La pluie punit comme il se doit ces impudents qui voulurent s'opposer à la légitimité publique. Ils retiendront la leçon et jamais plus ils ne viendront importuner ce brave important qui ne préside à rien ! Voila un homme digne d'être président : Monter sur ces grands chenaux, c'est bien la seule chose qu'il sache faire !
Syndicalement sien !
Photographies de mes amis de Loire :
Christian B - Arnaud R - Bertrand D - Patrick L
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