Poursuite d’une vocation photographique née de pérégrinations sibériennes
Le deuxième épisode, "Le voyage au service de l'appareil photo", est ce que nous allons raconter ici.
Comment l'appareil photo a-t-il pris le pouvoir ?
Deuxième épisode : le voyage au service de l'appareil photo
Dès lors, je pensais mes voyages en fonction de ce que je pouvais y photographier. C'est bien ainsi que j'ai organisé un déplacement en Argentine au cours de l'été 2009 (hiver austral) : Buenos Aires, Patagonie, chutes d'Iguazu, Quebrada de Humahuca et Colonia del Sacramento (Uruguay). Je ne sélectionnais les sites que pour leur caractère photogénique. De plus, je commençais, à être hanté par la lumière afin de tendre vers un meilleur résultat. La photographie n’était plus un accessoire. Elle était devenue un but - deuxième évolution.
Argentine : El Cerro de los ciete colores, Pumamarca, Quebrada de Humahuca Peninsule de Valdes, Patagonie | Iguazu |
Pourquoi photographier en fin de journée
Quel est le problème de la photo de nuit ?
Habituellement, les vraies photos de nuit ne sont pas, à mon sens, extraordinaires. Le ciel et les toits sont noirs, voire oranges, quand les lumières de la ville se reflètent dans les nuages. De larges zones sombres sont totalement « bouchées », d'autres d'une couleur marron, d'autres "cramées".
J'ai connu une exception, c'était au cours de ma première soirée à Venise pendant la « aqua alta », une nuit d'hiver, entre 23 heures et 1 heure. Je déambulais dans la cité des Doges. La place St Marc était progressivement sous l'eau. On se déplaçait sur des passerelles de planches et de tréteaux. Le spectacle était envoûtant. A cette époque je n'avais pas de prévention contre la photo de nuit. Je ne l'avais guère pratiquée. Je ne sais pas si, avec l'expérience que j'ai acquise aujourd’hui, je me serais lancé dans cette sortie, dont l'issue aurait dû être sans grandes espérances. D'autant que j'ai dû l'achever pieds nus, pantalon retroussé, fin février, pour pouvoir regagner mon hôtel, dans une rue noyée.
Venise, la "aqua alta", nuit du 27 au 28 février 2010 |
J'aurais eu tort de ne rien tenter. En effet, plus tard, en convertissant mes photos en noir et blanc, le résultat n'était pas désespérant. J'en ai recherché la raison. A Venise, les façades sont trop hautes et les maisons trop resserrées pour que l'on voit le ciel. L'eau des canaux et la "aqua alta" renvoyaient la lumière, au lieu d'être une simple sombre chaussée ou place. Au final, c'est ainsi que j'ai fait la première photo que j'ai vendue, via Getty Images, au parfumeur Lubin. Celui-ci en a fait l’emblème de son eau de toilette "Figaro".
Quand il ne reste plus que l'heure bleue
Françoise Hardy :
C'est l'heure que je préfère,
On l'appelle l'heure bleue
Où tout devient plus beau, plus doux, plus lumineux
C'est comme un voile de rêve
Qu'elle mettrait devant les yeux
Cette heure bien trop brève
Et qui s'appelle l'heure bleue
C'est une heure incertaine, c'est une heure entre deux
Où le ciel n'est pas gris même quand le ciel pleut
Je n'aime pas bien le jour :
Le jour s'évanouit peu à peu
La nuit attend son tour
Cela s'appelle l'heure bleue..
Argentine : Puerto Madero, Buenos Aires |
Venise a été une circonstance spéciale. Par la suite, j'ai eu l'occasion de faire des photos, plus tôt dans la soirée, à l'heure où s'allume l'éclairage public. J'en ai apprécié les résultats. J'ai appris que cette période, de quelques minutes, est connue. On l'appelle l'heure bleue. J'ai mis au point différentes techniques pour tirer partie de ce type de photographie. Je les détaillerai dans un autre article C'est une occupation tout à fait compatible avec mon activité principale. Même par temps maussade, en hiver, on peut souvent capturer l'heure bleue, alors que la journée n'a présenté aucun intérêt. Aujourd'hui, j'ai un portfolio conséquent de nombreuses villes historiques, principalement européennes, dans cette lumière si particulière.
Regensburg (Ratisbonne, Allemagne) - Brême (Allemagne), Avignon (France), Palma de Mallorca (Isles Baléares) |
Pourtant, il s'agit d'une événement éphémère. On ne peut réussir, généralement, qu'une seule photo durant l'heure bleue. En effet, la même prise de vue sera tentée à différents moments pour obtenir la meilleure exposition et la meilleure couleur. Si l'on a beaucoup de chance et beaucoup de sujets regroupés, on peut aller, au maximum, jusqu'à trois photos. Souvent, à « l'instant décisif », pour citer Henri Cartier-Bresson, il devient clair que l'on est placé au mauvais endroit. Le « chasseur de l'heure bleue » rentre bredouille.
Grenoble (France) | Florence (Italie) Suisse : Zurich - Zermatt |
"Chasseur de l'heure bleue" vous rapportez, en règle générale, une image par sortie. On est dans un tout autre registre que la photographie de jour laquelle autorise des dizaines de clichés différents. Cela fait la rareté des productions de l'heure bleue et la valeur d'une telle collection.
France : Le Créac'h (Ouessant) - Callelongue (Marseille), Espagne : Formentera (Isles Baléares) |
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Egypte : temple de Louxor |
Toutes images © Bernard Grua
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