Visite d’un empire en ruine
Si on en croit les médias, nous vivons l’âge de la globalisation. Bientôt un gouvernement mondial unifiera tous les continents. Les PIB des principales nations industrialisées n’ont jamais été aussi élevés. La crise de 2008 a vite été oubliée et les grandes banques n’ont jamais connu de bilans aussi flatteurs. Les leaders de l’industrie virtuelle sortent mois après moi des devices révolutionnaires qui vont changer la face du monde.
Principe de réalité.
Mais le monde réel, lui donne à voir une face bien différente, celle de l’empire global en ruine, laissant à leur sort des milliards de pauvres qui refont lentement et à l’envers la migration des campagnes vers les usines qui avaient attiré à partir du XIX° siècle leurs aïeux dans une promesse vaine d’un avenir meilleur.
Les média nous parlent pas de ces gens simples pour qui le pic pétrolier est un concept inconnu mais qui vivent déjà leur vie quotidienne dans un monde de l’après pétrole.
Ils sont en Afrique et aux USA, en Asie et en Europe. Personne ne va recueillir leurs voix. Jusqu’au jour où, entonnant un cri à l’unisson, place Tarir, Omonia ou Puerta del Sol, certaines de ces voix se mettent à résonner à l’unisson et retentissent jusqu’au cœur douillet des intérieurs grand-bourgeois.
Voyage romantique dans les ruines de l'empire hydrocarbure
Je vous invite donc à un petit voyage, de Detroit à Dakar, visiter les ruines de l’empire.
Detroit était le cœur du mythe américain. C’est ici que se trouvaient les usines de tous les grands fabricants d’automobile américains, c’est là que se construisait l’American Way pavé d’asphalte et sentant les valeurs de gazoline...
Aujourd’hui, Detroit est en grande partie une ville fantôme.
La grande gare centrale est fermée depuis 1988. Ce bâtiment néoclassique imposant se dresse au cœur de la ville avec la majesté d’une ruine antique, improbable Sainte Sophie en terre Algonquienne.
Cliquez là pour une édifiante visite en 3D :
http://www.photojpl.com/-/DDr7GdzQZ7/
Dans certains quartiers on peut y acheter une maison pour un dollar et pour les habitants qui restent le meilleur usage de ce dollar est souvent de détruire la maison pour cultiver un champ sur la place ainsi libérée.
Ce phénomène est si répandu que des quartiers entiers sont devenus des zones agricoles. Detroit est peut-être le modèle d’un nouveau type de mode de vie américain, celui des fermes urbaines, un aboutissement imprévu à la plaisanterie d’Alphonse Allay qui proposait qu’on construise les villes à la campagne. Mais contrairement aux années 70, ce ne sont plus les citadins qui retournent à la nature mais la nature qui revient s’installer en ville.
En Afrique, la crise énergétique prend un autre aspect : Au Sénégal comme au Togo, du Bénin à la Cote d’Ivoire un grand nombre de pays d’Afrique noire connaissent au quotidien des délestages des réseau d’électricité. Ici on n’en est plus à débattre sur le développement les énergies durables. Ceux qui le peuvent s’achètent des groupes électrogènes, les autres se contentent de la fourniture intermittente de compagnies électriques asphyxiées par le cout de l’énergie, la baisse de l’eau dans les barrages hydrauliques ou le cout d’entretien des réseaux.
La fourniture continue d’électricité étant de l’histoire ancienne, les particuliers comme les entreprises s’adaptent. On s’équipe d’appareil sur batterie (ordinateurs, lampes). Ou alors on se révolte comme à Dakar où des émeutes ont éclaté.
Une situation qui n’est plus réservée à l’Afrique, la Californie, la Floride, le Brésil et maintenant le Japon ayant connu une multiplication de blackouts depuis 2008.
Nous n’avons pas encore de problèmes d’énergie majeurs en Europe, sauf quand des mouvements sociaux bloquent l’approvisionnement. Mais pour de nombreux foyers, la note de chauffage ou d’essence augmente, représentant déjà une part importante dans leur budget. Les hausses qui se profilent vont progressivement transformer l’énergie en un produit de luxe difficile d’accès pour les plus défavorisés et pour qui les discours écolo sur le développement durable ne sont pas en prise avec les réalités.
Des réalités qui ressembleront plus à Detroit et Dakar en espérant que ce ne sera pas Fukushima, qu’aux villes paléo-futures que nous promettaient les visionnaires qui anticipaient de l’énergie abondante et propre pour tous.
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