Voyager avec un enfant : ils l’ont fait ; pourquoi pas vous ?
En 2013, Arnaud et Vanessa, respectivement âgés de 34 et 33 ans, partaient pour un long voyage en Asie, en Océanie et en Amérique du Sud accompagnés de... leur fillette âgée de seulement 2 ans et demi au départ. Objectifs annoncés : « 1 Mettre en lumière des associations dédiées aux enfants. 2 Recueillir, valoriser et transmettre la parole des enfants. 3 Réaliser des reportages variés, partager, échanger ». De retour, nous les avons interrogés sur les enchantements et les difficultés qui existent pour un tel type de voyage. Ils exposent leur expérience et leur « bilan » après ce long voyage.
De bonnes économies sont-elles indispensables pour un voyage en famille ?
Arnaud : Oui, beaucoup plus qu’en couple seulement. Entre adultes voyageurs on s’accommode plus facilement de la difficulté. Avec un enfant, on augmente un peu ses exigences en terme de confort, d’hygiène et de sécurité.
Vanessa : Voyager a un coût, mais moindre que si nous étions restés un an à la maison sans travailler. La petite ne prend pas de place dans les hôtels ni les bus quand nous la prenions sur les genoux et ne mangeait pas encore de plats entiers à elle toute seule. Du coup on pouvait encore la considérer comme « une demi part ». Nous avons tout de même dépassé notre budget global de 5500€ supplémentaire par rapport au 30 000€ prévue à la base pour 10 mois. Nous avons publié sur notre blog un article avec tous nos chiffres sur tous les postes de dépenses avec des graphiques et des tableaux afin d’aider les autres futurs voyageurs.
A première vue, le voyage semble très cadré et contraint par les dates de billets d'avion. Malgré cette "contrainte", comment ménagez-vous une souplesse dans votre programme, comment laissez-vous sa place à l'improvisation ?
Arnaud : Effectivement, les billets tour du monde vous obligent à cadrer dans les grandes lignes votre itinéraire. Cependant, il était hors de question de ne pas laisser libre court à l’improvisation qui était avant Louanne notre mode de fonctionnement. Avec la rencontre d’autres voyageurs tout au long de notre périple, nous avons modifié plein de fois nos itinéraires et nos envies. Cela donne un vrai goût de liberté.
Vanessa : C’est vrai, nous ne devions respecter que les dates des avions. Au milieu nous étions libres de nos déplacements et de modifier notre itinéraire comme bon nous semblait. Par exemple en octobre dernier, l’avion nous a déposés à Bangkok et nous ne l’avons repris qu’en janvier ; entre-temps nous avons découvert la Thaïlande, le Cambodge et la Birmanie. Au départ nous avions prévu d’aller au Laos mais pour éviter de courir nous avons annulé la découverte de ce pays afin de nous laisser le temps de savourer les autres.
Quels sont les divers imprévus qui vous sont advenus, positifs comme négatifs ?
Vanessa : Nous avons loupés des trains, nous forçant à modifier notre itinéraire, nous avons tous attrapé une conjonctivite au Cambodge, ce qui nous a empêché de faire un trek dans la chaîne des Cardamomes, nous avons découvert le kitesurf au Pérou, ce qui nous a incité à rester plus longtemps à Paracas au lieu de visiter Lima. Et c’est ce même plaisir du kitesurf qui nous a fait découvrir la région du Lago Calima en Colombie alors que nous n’avions pas prévu d’y aller.
Arnaud : Heureusement, ces quelques imprévus ont été globalement plus positifs que négatifs. Par exemple, avec le projet sur les ONG, une femme qui « marrainait » un enfant des Galopins de Calcutta et qui avait été touchée par notre action nous a invitée chez elle en Australie pendant 10 jours alors que pour des raisons budgétaires nous pensions n'y rester que 3 ou 4 jours… Vraiment adorable de sa part, surtout que nous ne l’avions pas rencontrée physiquement avant et qu’après 2 jours seulement passé avec sa famille, elle nous a laissé sa maison et sa voiture pendant qu’elle partait en vacances en Nouvelle-Zélande. Incroyable de générosité !
Notre pire problème vécu durant notre voyage a été de gérer à l’autre bout du monde le non-respect de l’engagement de nos locataires qui sont partis de chez nous 3 mois après notre départ. Pour le coup, cela à impacté fortement la suite du voyage et notre budget. Par conséquent, nous avons dû assumer le manque à gagner, ce qui nous a obligé à raccourcir notre traversé de la Patagonie qui était trop onéreuse et cela nous à inciter également à annuler nos 3 semaines au Brésil. Un conseil : si vous devez louer votre maison ou votre appartement, trouvez des gens honnêtes avec une vraie parole !
Quelle intimité pour le couple dans un voyage avec bébé ?
Vanessa : Déjà qu’en voyage on n’est pas vraiment à son avantage avec les chaussures de marche, le look de voyageur, mais avec un enfant, en effet, cela n’arrange rien. De plus, n’ayant pas un gros budget, cela limite un peu le confort. Mais bon, nous nous sommes fait quand même plaisir.
Arnaud : Un bébé, c’est sûr, ça ne facilite pas les choses, mais en étant un peu créatif on s’adapte et on saute sur tous les petits moments de tranquillité pour se retrouver !
Quelle place a occupé la question de la sécurité dans la préparation de l'itinéraire ?
Vanessa : C’est une des premières questions qu’on se pose en préparant un itinéraire aussi long avec un enfant. Globalement, nous n’avons pas choisi de pays trop risqués. Nous n’avons pas été dans des régions ou des pays dits sensibles. L’Asie et l’Océanie, sont plutôt rassurantes ; seules l’Amérique du Sud ou l’Inde pouvaient nous faire craindre d’avoir des problèmes. Cependant, tout s’est bien passé et aucun incident n’a été à déplorer. Après, il suffit d’être un peu plus vigilant que chez soi, mais je pars du principe que les accidents peuvent arriver où qu’on soit…
Arnaud : Durant le voyage, lors de nos échanges avec beaucoup d’autres voyageurs voyageant seul ou en couple ayant eu des problèmes (vol, agressions physiques…etc), nous avons constaté que lorsqu’on voyage en famille, avec un ou des enfants, c’est comme si nous étions un peu « protégés ». Nous avons bien entendu fait très attention, mais nous pensons que les « sales types » susceptibles de nous agresser évitent malgré tout de s’attaquer à des familles ou de mal agir face à des enfants. Ceci dit, étant un peu parano, j’avais tout de même prévu, pour les pays qui me paraissaient « sensibles », une sorte de bombe à poivre/lacrymo compact très puissante que je gardais toujours à portée de main et un couteau de sécurité en poche. Heureusement, je n’ai jamais dû les utiliser.
Quid de l'hygiène ? Ne vire-t-on pas parano dans un pays comme l'Inde, par ex ? Avez-vous déjà fait face à des problèmes de santé ?
Vanessa : L’Inde étant le premier pays que nous avons visité, ça nous a mis tout de suite dans l’ambiance. On n’est pas devenu parano, même si j’avais le paquet de lingettes collé dans la main. L’Inde a des cotés magiques : c’est magnifique... mais c’est aussi très sale. La seule chose qui nous a vraiment embêtés, c’est qu’en partant de France, Louanne venait juste d’acquérir les réflexes de propreté. Une fois arrivés là-bas, à la vue de l’hygiène très basique des toilettes Indiennes, elle a fait un blocage et ne voulait plus y aller ni même faire dans la rue. Nous avons été obligés de lui remettre des couches.
Nous avons toutefois eu de la chance car hormis quelques problèmes de digestion classique pour nous et une salmonelle pour la puce avec une poussée de fièvre à 40°, nous n’avons pas eu besoin de faire beaucoup marcher notre assurance voyage.
Pour poursuivre : lire le blog d'Arnaud et Vanessa, "Le Tour du Monde à 80 cm".
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