Algérie : législatives
Donnons une suite à l’article précédent où j’avais évoqué, brièvement, le déroulement monotone de la campagne électorale des législatives en Algérie. Il est vrai que nos législatives « n’intéressent pas grand monde » ici, c’est-à-dire de l’autre côté de Méditerranée, comme vient de me le faire remarquer, non sans ironie, un internaute d’Agoravox du nom de Calmos. J’en suis conscient. N’empêche, il y a des lecteurs dans d’autres contrées de la terre qui n’ont pas encore perdu leur « algérianité » et qui ne demandent qu’à être informés de ce qui se passe ici. Et, cette fois-ci, par « ici » j’entends ce vaste territoire qui s’étend de la rive sud de la méditerranée jusqu’au fin fond du Sahara et qu’on appelle ALGERIE.

Il ne reste plus que quelques jours avant le jour J. Et, après un démarrage qu’on ne peut pas, malheureusement, qualifier de démarrage sur les chapeaux de roue, la campagne électorale semble avoir atteint sa vitesse de croisière. On redouble de férocité. Les uns envers les autres. C’est ainsi que "Ouyahia critique les ministres du FLN qui usent et abusent des moyens de l’état pour la campagne électorale" et que Saïd Saadi du RCD " prévoit la fin du régime que sa formation compte accompagner en offrant une alternative".
Malheureusement, pour ce dernier, on a, pour le décrédibiliser aux yeux de la majorité des algériens, affublé son parti, le RCD, d’un sobriquet qui ne tient pas du tout la route, à savoir "parti régionaliste". (2) On l’a enfermé dans une espèce de ghetto kabyle dont les frontières ne s’étendent que des "Babor" (3) jusqu’aux Issers, autrement dit une portion insignifiante de l’Algérie. Mais, sachez quand même que son parti est ouvert à tous les Algériens et Algériennes qui se reconnaissent dans sa "ligne éditoriale", malgré cette étiquette qui lui colle à la peau comme un tatouage indélébile. Et, c’est ce qui explique peut-être que l’un de ses dauphins, Ait Hamouda pour ne pas le nommer, s’est adressé aux citoyens venus nombreux l’écouter, en des termes très virulents, lors d’un meeting à Bouzeguène en Kabylie : " Autant je suis profondément algérien, autant je refuse à ce qu’on me refuse ma kabylité". Plus loin encore, il ajoute, à l’encontre de Ouyahia, patron du RND (qui, lui aussi, ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il s’agit de défendre son parti et ses idées), ceci "...qui n’a pas trouvé mieux que de ramener la loi sur la généralisation de la langue arabe". Ainsi donc les débats ne concernent pas uniquement ce qu’il y a lieu de faire sur le plan économique pour sortir l’Algérie de son sous-développement chronique, comme on a tendance à le faire croire, mais ça concerne aussi l’une des composantes principales de notre personnalité à savoir l’utilisation, dans nos rapports quotidiens de travail et de communication et dans l’enseignement de nos enfants, de la langue Amazigh. A moins que je n’aie pas bien saisi le sens de cette intervention de Ait Hamoud ou que la presse l’ait mal rapportée. En tout cas, personnellement, je crois que ces élections législatives sont une occasion pour mettre "la question" sur la table et d’en débattre sereinement. La Kabylie a assez souffert des incohérences des uns et des autres et des interventions intempestives (pour ne pas dire autre chose) de nos pouvoirs publics.
Avouez qu’avec de tels propos, les débats ne peuvent être que passionnants et on aimerait bien que ça se prolonge. Malheureusement que, comme chaque chose a une fin, c’est presque la fin de cette campagne électorale et si pour les uns les carottes sont déjà cuites c’est aussi, à coups sûrs, la fin des haricots pour tant d’autres : les micro partis et les "indépendants".
(1) Programme du RND.
(2) Ce qui arrange et le pouvoir et certains partis politiques dits démocratiques.
A commencer par son frère ennemi, le FFS qui a, lui aussi, pignon sur rue dans cette région de Kabylie. Mais, ce dernier, du fait de sa politique systématique de boycott, a déjà perdu pas mal de sympathisants et même ses responsables doutent sérieusement de la capacité de leur parti à remobiliser les foules au cas où son leader reviendrait à de meilleurs sentiments et accepterait de participer à d’autres échéances électorales. La politique de la chaise vide toujours prônée par le leader charismatique du FFS a sérieusement ébranlé les convictions des uns et des autres au sein de cette formation politique. On n’en est pas loin de la dissidence d’ailleurs !
(3) Chaîne de montagnes de la petite Kabylie.
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